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Christina Dechamps* LES VARIATIONS SYNTAXIQUES EN ...

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Cette diversité est dépendante principalement de trois facteurs:<br />

1) le facteur temps (diachronie)<br />

2) le facteur social (diastratique)<br />

3) le facteur lieu (diatopie) qui sera le plus étudié dans ce travail<br />

même si nous ne pouvons pas écarter absolument les deux autres.<br />

Cependant, pour qu’il y ait diversité, il faut qu’il y ait une référence,<br />

une norme. Pour le français, cette norme est le français utilisé dans les<br />

milieux cultivés de Paris et diffusé par la presse, la radio, la télévision<br />

et l’enseignement.<br />

Dans cet article, nous allons surtout nous concentrer sur les<br />

particularités des français de Belgique que l’on appelle couramment<br />

belgicismes. 1<br />

En Belgique, comme dans d’autres aires francophones, certaines<br />

particularités du français ont été institutionnalisées, créant ainsi une<br />

homogénéité différente de la française, suisse ou québecoise et relayée<br />

par les média locales et l’école. Cependant, malgré cette officialisation,<br />

beaucoup de particularités demeurent propres à des régions bien<br />

circonscrites et entretiennent la diversité linguistique au sein d’un<br />

même pays. C’est comme cela que nous ne pouvons pas parler du<br />

français de Belgique mais des français de Belgique.<br />

Pendant longtemps, le belgicisme a été une maladie culpabilisante.<br />

Beaucoup de générations ont souffert d’insécurité linguistique face à la<br />

France et aux Français, malheureusement souvent peu sensibles à<br />

l’altérité et nourris d’une vision monolithique et immuable de la langue<br />

française. De cette manière, les Belges ont gommé les particularités<br />

qui font l’originalité de leur langue sous l’influence de manuels destinés<br />

à la chasse aux belgicismes. «Ne dites pas… mais dites…». 2<br />

1 L’utilisation de cette appellation est sujette à caution et devrait dans<br />

certains cas être évitée. Il faut savoir que certaines particularités que nous<br />

appelons belgicismes sont présentes dans des français autres que ceux de<br />

Belgique. Un exemple bien classique est celui de septante et nonante. Il<br />

s’agit de belgicismes, bien sûr, mais aussi d’helvétismes et de<br />

québequismes. Même des auteurs bien français comme Mauriac, Péguy,<br />

Nerval ou Renard les emploient dans leurs écrits (Grevisse, 1991, §573).<br />

2 Le premier témoin de cette insécurité linguistique est un ouvrage<br />

grammatical de 1806 de Antoine-Fidèle POYART, Flandrismes, wallonismes<br />

et expressions impropres dans le langage français, publié à Bruxelles.<br />

C’est d’ailleurs dans ce livre que se trouve la première occurrence de<br />

belgicisme. Le malaise linguistique amplifiera lors de l’indépendance du<br />

pays en 1830 même s’il existe certains courants de pensée cherchant pour<br />

le jeune pays une identité propre à défendre face à la présence française<br />

dominante et de là, une langue propre et originale. De nombreux ouvrages<br />

de ce type seront publiés par la suite et jusqu’à nos jours. Le titre du livre<br />

suivant est assez évocateur: Le mauvais langage corrigé ou vocabulaire<br />

des locutions vicieuses les plus répandues (…) dont environ 500

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