Christina Dechamps* LES VARIATIONS SYNTAXIQUES EN ...
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D’ailleurs, serait-ce un hasard si les meilleurs grammairiens de la<br />
langue française sont belges? Comme diraient Michel TROUSSON et<br />
Michel BERRÉ (BLAMPAIN et alii, 1997:354-355), les Belges souffrent<br />
d’une crise de confiance chronique […] en une langue qu’ils ne<br />
parviennent pas à s’approprier.<br />
Si, à présent, nous examinons de plus près ces belgicismes, nous<br />
remarquons qu’ils sont de différents types et qu’il n’est pas toujours<br />
possible d’établir un classement. Ceci dit, les grammairiens ont pris<br />
l’habitude de les classer en trois catégories:<br />
1) particularités lexicales<br />
2) particularités morphologiques<br />
3) particularités syntaxiques<br />
La première catégorie est sans conteste la plus représentée alors<br />
que les particularités syntaxiques sont relativement peu nombreuses.<br />
Un rapide survol d’un ouvrage comme celui de Marc Van<br />
Campenhoudt (1993) nous montre que la plupart des belgicismes<br />
consistent en:<br />
1) des périphrases verbales (ex. avoir difficile pour éprouver des<br />
difficultés);<br />
2) des utilisations absolues de verbes transitifs (ex. courtiser);<br />
3) des utilisations de régimes indirects au lieu de régimes directs (ex.<br />
demander après qqn);<br />
4) des utilisations de régimes directs au lieu de régimes indirects (ex.<br />
délibérer qqch);<br />
5) des emplois particuliers de pronoms (ex. vous me ferez savoir<br />
quoi pour savoir ce qu’il en est);<br />
6) des emplois particuliers de prépositions (ex. sur le bus pour dans<br />
le bus ou l’invention de endéans pour dans le délai de);<br />
7) des conjonctions (ex. ça fait que pour si bien que);<br />
8) des adverbes (ex. aussi vite pour aussitôt);<br />
9) des redondances (ex. au plus… au plus… pour plus… plus…);<br />
10) des inversions (ex. avoir de l’argent assez pour avoir assez d’argent);<br />
11) des commutations (ex. fort petit pour très petit);<br />
12) et des locutions idiomatiques (ex. additionner des pommes et des<br />
poires pour mélanger les torchons et les serviettes).<br />
Les origines des belgicismes sont diverses et les deux plus<br />
importantes sont certainement l’archaï sme et l’influence régionale. En<br />
fait, énormément de particularités en Belgique sont des archaï smes de<br />
la langue française ayant survécu en province (c’est la cas notamment<br />
employées journellement en Belgiques de J. ROUCHET publié en 1845. La<br />
prise de conscience de la richesse des français de Belgique est relativement<br />
récente.