fichier PDF à télécharger - Les enfants de cinéma

n 46
supplément dominical d’un
quotidien parisien. Saint-
Ogan a l’obsession de la
lisibilité. Influencé par
l’esthétique de l’art déco, il
travaille sur des couleurs en
aplat, des traits de contours
les plus simples possibles. Il
a beaucoup d’influence sur
un jeune dessinateur belge,
Georges Remi, qui signe
Hergé.
Tout le monde connaît Hergé
et son personnage Tintin,
créé en 1929. Il va être celui
qui met dans ses créations
une exigence d’"artiste",
d’"auteur", alors que les dessinateurs de bande dessinée se vivent au mieux comme des
artisans. Partant de l’esthétique de Saint-Ogan, de l’américain McManus, créateur de
Bringing Up Father, Hergé met au point une esthétique qu’on appelle maintenant "la ligne
claire", mais je n’insiste pas, tout le monde connaît Hergé, n’est-ce pas ?
• Des funnies aux comics
Pendant qu’en France et en Belgique Tintin et la bande dessinée pour enfants se développent
dans la presse, aux États-Unis, nous passons des "funnies" aux "comics". Les termes
l’indiquent, on reste dans le registre de l’humour. La période qui va de la fin des années 20
à la fin des années 30 est l’époque de "l’âge d’or" qui correspond à l’arrivée sur le marché
américain d’une nouvelle génération d’auteurs et d’un nouveau type de bandes dessinées
qui recyclent tous les genres de la littérature populaire, c’est-à-dire la science fiction, le
fantastique, le roman policier, l’histoire… Cette irruption de ces genres d’aventures est
due à deux éléments : d’abord au cinéma le développement d’un nouveau type de films
appelés les serials, ces films à épisodes qu’on retrouve toutes les semaines, sur le principe
du feuilleton. Ensuite, l’essor des feuilletons radio, les soap operas : chaque jour, des
feuilletons passaient à la radio, exploitant les mêmes genres populaires. Les éditeurs de
journaux se rendent compte qu’il existe là un filon : ils font appel à une nouvelle génération
d’auteurs qui s’appellent Alex Raymond, Hal Foster, Phil Davis… pour leur faire dessiner
des histoires dont le ressort essentiel est l’aventure, pas le comique. Les grands classiques
sont connus : Flash Gordon, Prince Valiant Mandrake, The Phantom… Ces auteurs
travaillent dans le registre du dessin classique hérité de la Renaissance. De ce point de
vue Burne Hogarth, qui a dessiné Tarzan d’après Edgar Rice Burroughs a poussé très loin
le souci d’une certaine esthétique classique : le personnage est toujours en extension, le
moindre muscle parfaitement dessiné.
1939 : nouveau support, nouveaux personnages
Restons encore un moment aux États-Unis. 1938 est une date marquante car c’est à la fois
la naissance d’un support et la naissance d’un nouveau type de héros. Nous avons évoqué
jusqu’à maintenant pour la presse américaine le supplément du dimanche. Quelqu’un a
l’idée dans le cours des années 20 de prendre ces suppléments, de les plier en deux, de les
agrafer et de les recouper : cela donne des petits livrets dans lesquels on réédite des bandes
dessinées déjà parues dans la presse et qu’on peut glisser, pour de la publicité, dans des
boîtes de lessive et des produits de ce type. L’idée surgit bientôt de mettre du matériel inédit
dans ces fascicules. Le premier "comic book" qui remporte un succès colossal s’appelle
Action Comics. C’est là qu’apparaît Superman, The Man of Steel, l’homme d’acier. Il
possède quelques particularités par rapport à tous les héros vus jusqu’alors. A posteriori,
on leur a donné un nom : ce sont les "super-héros". Trois caractéristiques définissent le
super-héros : il a des super pouvoirs, c'est-à-dire qu'il est surhumain ; il a un costume
(Superman est le premier à avoir imposé la mode su slip sur les collants) ; enfin, le super-
Angoulême : de la bande dessinée au cinéma d'animation