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36 mois. Plus les aventures sont longues, plus les enjeux économiques sont importants.
Quand quelqu’un donne une somme à une année n, il faut imaginer que le film sera
terminé à n + 2, n + 3 peut-être si le film met du temps à sortir en salle. Car le film, une
fois fini, ne sort pas forcément très vite : il existe parfois 6 à 8 mois d’attente. Ainsi, cette
personne prend un risque.
Concernant les financements, il existe deux principales sources de financement : en
premier, les subventions. Il en existe un grand nombre, qui ont chacune leur règle, en
France et en Europe. Certaines ne sont pas cumulables, certaines arrivent à l'écriture,
d’autres en production, d’autres encore à l’exploitation ou à la distribution.
Mais les aides ne sont pas particulièrement favorables à l’animation en France, pas plus à
la prise vue réelle qu’à l’animation. En revanche, nous n’avons pas le droit d’avoir plus de
50% de subvention sur le total du financement du projet.
La deuxième source importante de financement doit être au niveau des recettes : le Minimum
Garanti que nous versent les distributeurs qui placent le film chez les exploitants dans les
salles de cinéma, la vente du film à l’international, son édition en DVD… On finance le
film avec une avance sur les recettes à venir. Ils doivent croire suffisamment au film avant
même qu’il existe pour investir de l’argent, des sommes parfois assez conséquentes, qui
permettent de fabriquer le film. C’est un système de prototype : on fabrique sans connaître
le produit final, c’est l’aventure.
C’est ce qui fait le charme de ce métier : on est dépendant du public, on travaille pour le
public. Et je réponds à la question de départ : pourquoi sommes-nous producteurs ? parce
que nous ne sommes pas des artistes, mais que nous pouvons donner la possibilité à ceux
qui savent dessiner et raconter des histoires de pouvoir le faire et d’exister au-delà de leur
intimité. Cela naît, comme le disait Grégoire Solotareff, d’une rencontre humaine. D’où
le nom des Armateurs : produire un film d’animation revient à armer un bateau, tels les
armateurs du XVIIIe siècle pour qui partir en mer était une grande aventure. Pour produire
un film d’animation, il faut être tenace, plus fou que courageux, pour partir au départ.
Xavier Kawa-Topor
Une question pour Olivier Catherin : comment cela se passe pour le court métrage ?
Existe-t-il davantage de liberté, de créativité possible, dans la manière de produire un
court métrage ? Le court métrage peut-il jouer un rôle de laboratoire de recherche pour
l’animation ?
Olivier Catherin
Il existe beaucoup de différences entre un court et un long métrage mais il existe un point
commun : la durée de production. Même pour produire un court métrage, on est embarqué
dans une aventure qui dure, dans le meilleur des cas : 8 à 10 mois, mais parfois un an, un
an et demi, voire beaucoup plus que cela. Pour ce qui est du long-métrage, le budget est
plus important, mobilisé sur davantage de temps, donc un travail sur la durée avec toute
une équipe. Avec le court-métrage, nous sommes confrontés à un problème de durée, sans
être confronté du tout aux mêmes enjeux financiers, la question de la rentabilité n’existant
pas. En effet, le budget donné au départ, est à utiliser, sans enjeu commercial derrière. Le
système de subvention français mis en place par le CNC et par les régions est tel, qu’il
permet d’avoir un budget correct pour financer des films courts, même s’il est parfois
restreint. Les préachats de chaîne de télévision sont également un moyen mais sans enjeu
commercial non plus. Le point fort d’un projet de court-métrage est son ambition et sa
qualité artistiques. La question de sa vente en télévision plus ou moins assurée n’est pas
posée. Les films qui marchent les mieux sont les plus forts. La question est différente pour
les longs-métrages d’animation et les longs-métrages en général, où le public est à prendre
en compte.
Nous choisissons les projets essentiellement en fonction de la rencontre, en passant
beaucoup de temps avec la personne. Les problèmes financiers sont simplement des
problèmes d’organisation de la production, de rapport avec l’équipe… Cela peut également
arriver sur des projets de courts métrages : on a mal préparé le projet, on a mal évalué
les problèmes au départ… Le court métrage a un rôle de laboratoire non seulement
pour le long-métrage mais aussi pour la publicité, pour la série… Nous avons la chance
d’avoir des créateurs d’images et d’histoires absolument extraordinaires. Certains ont des
paris audacieux : le court métrage représente un foisonnement de création qui nourrit
particulièrement l’animation dans toute sa production.
Les enfants de cinéma - Actes de la Rencontre Nationale École et cinéma - Octobre 2009 57 n