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n 58<br />

Débat<br />

Xavier Kawa-Topor<br />

Une question <strong>à</strong> tous pour ouvrir la discussion. Quand on regar<strong>de</strong> les films d’animation<br />

qui sortent au <strong>cinéma</strong>, on aperçoit un clivage très important, <strong>de</strong> plus en plus systématique<br />

et prégnant : d’un côté, la production <strong>de</strong> grosses machines, résultant davantage <strong>de</strong><br />

l’industrie du loisir, très soutenues <strong>à</strong> l’international et très stéréotypées ; par ailleurs, on<br />

voit exister sur les écrans <strong>de</strong> l’animation d’auteur, française bien sûr, mais aussi étrangère<br />

(japonaise…). Ce clivage va-t-il dans le sens que vous défen<strong>de</strong>z ? Existe-t-il une place<br />

réelle pour l’animation d’auteurs sur les écrans ?<br />

Christophe Jankovic<br />

Je suis moyennement optimiste. À la fois, j’ai tort <strong>de</strong> dire cela car vous participez au plus<br />

positif <strong>de</strong> l’élan. Chez Prima Linea, nous ne faisons aucune différence entre le <strong>cinéma</strong> et<br />

l’animation. On défend toujours l’idée que le <strong>cinéma</strong> d’animation n’est pas un genre en soi<br />

mais un moyen d’expression, avec ses techniques propres. La meilleure preuve est que l’on<br />

peut abor<strong>de</strong>r tous les genres dans le <strong>cinéma</strong> d’animation. Ce <strong>de</strong>rnier n’étant pas <strong>à</strong> part, il n’a<br />

pas <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> vive autre chose que ce que vit le <strong>cinéma</strong>. Or, le <strong>cinéma</strong> subit, aujourd’hui<br />

en France, le caractère <strong>de</strong> plus en plus puissant <strong>de</strong>s grosses machines <strong>de</strong> l’industrie du<br />

loisir et la difficulté grandissante du <strong>cinéma</strong> d’auteur pour exister, quel qu’il soit. Dans la<br />

production d’animation, un moment d’euphorie s’est produit ces <strong>de</strong>rnières années grâce <strong>à</strong><br />

l’écroulement <strong>de</strong> la muraille <strong>de</strong> chine produit par <strong>de</strong> nouveaux succès tels que Kirikou et<br />

la sorcière face la dominance <strong>de</strong> Disney dans le mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies.<br />

Nous avons été nombreux <strong>à</strong> nous engouffrer dans cette porte ouverte, en Europe mais<br />

aussi aux États-Unis : certains grands studios américains ont joué magnifiquement sur<br />

les <strong>de</strong>ux tableaux (artistique et économique), comme Pixar par exemple. Chez Prima<br />

Linea, nous sommes <strong>de</strong>s artisans, nous avons la chance <strong>de</strong> pouvoir faire exister le <strong>cinéma</strong><br />

d’auteur, car nous avons un <strong>cinéma</strong> riche et varié, <strong>de</strong>s auteurs, et un public curieux en<br />

France (beaucoup plus que dans d’autres pays d’Europe), grâce au système <strong>de</strong> gestion<br />

très encadré du <strong>cinéma</strong>, aux règles d’exceptions culturelles, aux politiques du CNC en<br />

général, encore plus qu’aux seules subventions. Mais ce public me donne aujourd’hui un<br />

peu l’impression d’être moins l<strong>à</strong>, ou peut-être moins curieux…<br />

Le créneau du film d’auteur est ce qui nous intéresse le plus par goût mais c’est aussi<br />

l’espace économique dans lequel nous savons opérer le mieux, même si c’est avec plus<br />

<strong>de</strong> difficultés. Nos difficultés viennent du public ou plus exactement <strong>de</strong>s gens qui font les<br />

menus pour le public, et qui évaluent la capacité du public <strong>à</strong> accepter telle ou telle chose.<br />

Un exemple : on a <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> mal <strong>à</strong> vendre <strong>de</strong>s films d’animation aux chaînes<br />

<strong>de</strong> télévision. On ne parle pas <strong>de</strong> TF1 qui ne s’intéresse pas beaucoup au long-métrage<br />

d’animation, <strong>à</strong> peine <strong>de</strong> M6, ni d’Arte qui ne fait <strong>à</strong> peu <strong>de</strong> chose près que dans le courtmétrage.<br />

Il reste France Télévision et Canal +. Mais tous nous disent : « l’animation ne<br />

fait pas d’audience et ne passe pas en prime time ». Or, ils n’ont jamais, ou quasi, tenté <strong>de</strong><br />

passer en prime time <strong>de</strong>s films d’animation, et <strong>de</strong> toutes façons, apparemment, les <strong>enfants</strong><br />

ne sont pas comptabilisés dans ces audiences <strong>de</strong> prime time… !<br />

Ivan Rouveure<br />

Pour exister, pour la prise <strong>de</strong> vue réelle comme pour l’animation, le problème est<br />

marketing : les films qui marchent bénéficient souvent d’un gros marketing. En France, il<br />

est compliqué d’avoir déj<strong>à</strong> les moyens <strong>de</strong> financer le film, alors il paraît difficile d’avoir les<br />

moyens pour être <strong>à</strong> la hauteur <strong>de</strong> ce que font les Américains sur ce plan. En tant que public,<br />

nous sommes sensibles au matraquage <strong>de</strong>s films. On connait déj<strong>à</strong> ce que va sortir Pixar sur<br />

les 12 mois <strong>à</strong> venir, mais aussi le line up <strong>de</strong> Disney. Nous avons déj<strong>à</strong> les ban<strong>de</strong>s-annonces.<br />

Ils ont un savoir-faire marketing pour nous préparer, pour que le film existe déj<strong>à</strong> dans nos<br />

esprits bien avant que le film ne soit disponible sur les écrans.<br />

Un spectateur<br />

Est-ce qu’un nouveau Kirikou et la sorcière est possible 10 ans après ? Un succès dégagé<br />

<strong>de</strong> toute stratégie marketing, qui a fonctionné par une chose humaine, lié au <strong>cinéma</strong><br />

d’auteur : le bouche <strong>à</strong> oreille, une autre échelle que le marché ou la publicité ? De mon<br />

point <strong>de</strong> vue, c’est encore possible car cela ne vieillit pas.<br />

Angoulême : <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée au <strong>cinéma</strong> d'animation

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