fichier PDF à télécharger - Les enfants de cinéma
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vraiment original, qui ne cherche pas <strong>à</strong> concurrencer les films américains (ils ne jouent<br />
simplement pas sur le même tableau, cela est ni mieux ni moins bien). D’autre part, avec<br />
une vraie i<strong>de</strong>ntité française, ces films ont une raison d’exister : ils rencontrent un public,<br />
ils ont une sensibilité, une âme. Ils reposent davantage sur un travail d’auteur, plutôt que<br />
sur un travail <strong>de</strong> producteur comme on peut l’imaginer dans les productions américaines.<br />
Ce film a été le point <strong>de</strong> départ dans le fait <strong>de</strong> redonner confiance dans la production <strong>de</strong><br />
long métrage d’animation en France. Il existait auparavant une morosité, une timidité. Je<br />
suis arrivé aux Armateurs au moment <strong>de</strong> Kirikou et la sorcière, j’ai donc du mal <strong>à</strong> avoir<br />
une connaissance du secteur avant. Mais je sais que le marché ne le souhaitait pas non<br />
plus : quand Didier Brunner a annoncé son projet, tout le mon<strong>de</strong> l’a regardé avec <strong>de</strong> gros<br />
yeux en disant qu’il était fou <strong>de</strong> vouloir mener ce projet, qu’il n’y arriverait jamais, que<br />
personne n’irait voir ce film. Dans la mesure où Disney était lea<strong>de</strong>r, il fallait leur laisser<br />
faire leur métier et faire autre chose. Ils pensaient qu’il n’existait pas <strong>de</strong> place pour ce<br />
type <strong>de</strong> projet. Il y a eu peu <strong>de</strong> promotion sur le film, mais d’excellents bouche <strong>à</strong> oreille et<br />
retour <strong>de</strong> presse. Kirikou et la sorcière s’est imposé au mon<strong>de</strong> professionnel qui, comme<br />
partout, a ses préjugés concernant ce qui marche ou non. Or, il est important <strong>de</strong> cultiver la<br />
diversité et l’Europe détient <strong>de</strong>s choses <strong>à</strong> dire différentes <strong>de</strong> ce que font les grands studios<br />
américains.<br />
Xavier Kawa-Topor<br />
Christophe Jankovic, Prima Linea, autre société <strong>de</strong> production implantée <strong>à</strong> Angoulême<br />
que tu diriges avec Valérie Schermann, qui a une histoire un peu particulière : il existe au<br />
départ une agence <strong>de</strong> graphistes et l’animation vient dans un second temps.<br />
Christophe Jankovic<br />
C’est effectivement notre spécificité : la production existe <strong>à</strong> partir du travail <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20<br />
ans <strong>de</strong> Valérie Schermann au sein <strong>de</strong> Prima Linea qui est une agence <strong>de</strong> représentations<br />
d’auteurs graphiques. C’est ainsi qu’elle a rencontré Grégoire Solotareff et beaucoup d’autres<br />
<strong>de</strong>ssinateurs importants. Cette proximité avec les auteurs est l’essentielle <strong>de</strong> notre ligne<br />
éditoriale. Je viens <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> vue réelle et je suis arrivé dans l’aventure pour la création<br />
<strong>de</strong> cette production il y a une dizaine d’années. J’insiste sur le mot auteur, en espérant<br />
avoir l’occasion d’y revenir. Ces auteurs sont <strong>de</strong>s artistes qui travaillent dans <strong>de</strong>s secteurs<br />
graphiques assez différents : beaucoup dans la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée, d’autres, comme Grégoire<br />
Solotareff, dans l’édition jeunesse, certains dans <strong>de</strong>s éléments encore plus extrêmes <strong>de</strong><br />
l’image graphique comme la typographie... Nous avons créé la production, <strong>à</strong> cause, avec<br />
et pour eux. Un <strong>de</strong>ssinateur, un auteur par le <strong>de</strong>ssin, a souvent envie <strong>de</strong> se confronter<br />
<strong>à</strong> l’image animée et plus globalement <strong>à</strong> l’audiovisuel, peut-être encore plus aujourd’hui<br />
avec les technologies numériques. Prima Linea Productions a été créée comme outil <strong>de</strong><br />
recherche, pour travailler avec ces auteurs et non pas pour adapter leur <strong>de</strong>ssin en animation<br />
(ce qui n’a pas grand intérêt et qui est un peu réducteur), pour leur donner les outils<br />
pratiques, pour réfléchir, expérimenter même, avec eux, les moyens d’élargir leur champ<br />
créatif : vivre <strong>de</strong> nouvelles aventures, explorer un nouveau territoire, celui <strong>de</strong> l’image en<br />
mouvement <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> leur travail en image fixe. Tous, comme Grégoire Solotareff, disent<br />
qu’un <strong>de</strong>s éléments qui les intéresse le plus est le son. Sur la table <strong>à</strong> <strong>de</strong>ssin, le mouvement<br />
existe, implicitement, mais le son manque. Nombre d’entre eux, qui ont fait l’expérience<br />
du film d’animation, ont parlé du son<br />
presqu’avant le mouvement.<br />
Nous avons commencé avec <strong>de</strong>s formats<br />
très courts, assez expérimentaux,<br />
et du travail <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> qui a<br />
permis <strong>de</strong> faire vivre la société : la<br />
publicité, l’habillage télé, le web...<br />
Ceci nous a permis <strong>de</strong> nous former,<br />
car aucun d’entre nous ne connaissait<br />
véritablement l’animation. Notre envie<br />
commune était d’arriver <strong>à</strong> raconter <strong>de</strong>s<br />
histoires avec l’animation. Grégoire<br />
Solotareff nous a permis d’atteindre cet<br />
objectif, en commençant par Loulou,<br />
Loulou et autres loups<br />
<strong>Les</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> <strong>cinéma</strong> - Actes <strong>de</strong> la Rencontre Nationale École et <strong>cinéma</strong> - Octobre 2009 53 n