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Le mixage d’un film : la dernière étape et la plus
méconnue
Conférence de Dominique Hennequin
Ma carrière a débuté en 1972, et je viens d’arrêter il y a 9 mois. J’ai consacré ma vie entière
à ce travail, mais il n’y a aucune nostalgie dans le témoignage que je vous apporterai. Je
suis plus un homme de terrain qu’un universitaire et le métier de mixeur est plus pour
moi une passion qu’un métier. D’une manière générale, tous les techniciens, les gens de
cinéma, même si l’audiovisuel est très à la mode aujourd’hui, ne se lancent pas en se disant
« et si je faisais du cinéma », mais sont d’abord des passionnés.
Je suis violemment contre l’idée que le son est une question de spécialiste. Il n’y a pas
de spécialiste du son, ce serait presque une insulte parce que le son pourrait apparaître
comme à part du cinéma. Or, il n’en est rien, je pense que l’on fait du son au cinéma parce
qu’on aime le cinéma, parce qu’on aime les acteurs, que l’on comprend leurs problèmes,
leur enthousiasme !
1. En quoi consiste le mixage ?
D’un point de vue strictement technique, le mixage consiste à mélanger trois groupes de
choses :
- les paroles et les bruitages,
- la musique,
- les ambiances et les effets.
• Les paroles
Les paroles, en son direct, sont ensuite traitées (j’y accorde beaucoup d’importance), pour
optimiser les "couleurs", enlever les scories et notamment raccorder les plans. Le "grand
chic" pour le mixeur consiste à préserver toutes les qualités du son direct, à en conserver
la vie, à "ne pas l’assassiner". Car il est très facile d’assassiner du son direct au mixage par
des traitements trop radicaux.
Les paroles du son direct, sont parfois remplacées par le "doublage" ou "post-synchro",
réalisé en studio, comme nous l’avons évoqué avec Daniel Deshay. Le public est persuadé
que la totalité des paroles d’un film parlé en français proviennent du tournage lui-même,
or ce n’est souvent pas le cas. Première raison, quand la prise de son était impossible
(en raison de conditions polluantes épouvantables). Et la seconde, moins connue : quand
l’acteur a été mauvais, que ce n’était pas son jour et que la scène ne plait pas au metteur
en scène. On peut alors changer une phrase, une syllabe, ou même une scène entière - Le
travail consistant bien sûr à ce que cela ne s’entende pas !
Il faut que les parties rapportées "raccordent" avec le son direct, de façon à ce que le public
ait l’illusion du direct. Ce travail sur le doublage a un côté passionnant.
• Les bruitages
Certains bruitages sont faits en "son seul", au moment du tournage ou postérieurement.
Mais pour tout ce qui est bruitage courant, utilitaire, on fait appel à un bruiteur qui exerce
dans un auditorium. Il voit défiler le film et, avec des objets, simule tout ce qui est du
domaine de la vie courante. Cela permettra au metteur en scène de renforcer le direct.
Cela permettra aussi de faire la "version internationale du film" : les paroles retirées, il
restera la bande-son (bruitages, musique, ambiances, effets) prête à être doublée en langue
étrangère.
Les enfants de cinéma - Actes de la Rencontre Nationale École et cinéma - Octobre 2009 71 n