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fichier PDF à télécharger - Les enfants de cinéma

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sur le plateau avaient <strong>de</strong>s idées<br />

et je me disais que c’était <strong>à</strong><br />

moi d’avoir ces idées, parce que<br />

j’étais la cinéaste. Faire <strong>de</strong>s films<br />

et vieillir m’apportent une chose<br />

agréable <strong>à</strong> vivre : plus les gens<br />

amènent <strong>de</strong>s idées et plus je<br />

suis heureuse. Évi<strong>de</strong>mment, le<br />

réalisateur se doit <strong>de</strong> mener le<br />

bateau - ou plutôt en ce qui<br />

me concerne la barque - mais<br />

il ne sait pas toujours où il va,<br />

<strong>à</strong> chaque minute. Je n’ai pas<br />

toujours travaillé avec la même<br />

équipe au son, car je tourne<br />

souvent <strong>de</strong>s films <strong>à</strong> l’étranger.<br />

Le <strong>de</strong>rnier que j’ai fait, Back Soon, est tourné en Islan<strong>de</strong>, je ne connaissais personne<br />

dans l’équipe. Au départ, j’étais effrayée, et puis ça s’est vraiment bien passé, bien plus<br />

que j’aurais pu l’imaginer. En Nouvelle-Calédonie, pour Louise Michel la Rebelle j’avais<br />

amené mes chefs <strong>de</strong> poste, mais le reste <strong>de</strong> l’équipe était <strong>de</strong> l<strong>à</strong>-bas. Mais je trouve agréable<br />

<strong>de</strong> rencontrer d’autres gens, d’autres manières <strong>de</strong> travailler.<br />

Licia Eminenti<br />

Si on reprend l’exemple <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière séquence <strong>de</strong> mon film Intimisto, la pluie est née<br />

d'un acci<strong>de</strong>nt technique. Laurent Lafran, l’ingénieur du son <strong>de</strong> ce film, a décroché pendant<br />

la prise. Cela ne remet en rien en cause ses gran<strong>de</strong>s qualités professionnelles, cela peut<br />

arriver. Mais malheureusement dans la meilleure prise, il n’y avait pas <strong>de</strong> son, et dans les<br />

prises précé<strong>de</strong>ntes, moins bonnes <strong>à</strong> l’image, le son n’était pas intéressant (au niveau du<br />

jeu). Donc je me suis trouvée <strong>de</strong>vant une scène impossible <strong>à</strong> monter au niveau du son, mais<br />

qui était pourtant centrale dans le film. J’ai alors inventé : je me suis <strong>de</strong>mandée ce que<br />

j’entendais <strong>à</strong> ce moment-l<strong>à</strong>, et c’était une pluie <strong>de</strong> larme. J’avais filmé une scène précé<strong>de</strong>nte<br />

avec <strong>de</strong> la pluie <strong>à</strong> la fenêtre : l’actrice la voyait, mais elle n’arrivait pas <strong>à</strong> pleurer. Elle a<br />

retenu ses larmes jusqu’<strong>à</strong> cette <strong>de</strong>rnière scène dans le métro. Donc j’ai voulu entendre la<br />

pluie <strong>à</strong> ce moment-l<strong>à</strong>. J’ai fait damner le mixeur, Emmanuel Croset (un très bon mixeur,<br />

élève d’ailleurs <strong>de</strong> Dominique Hennequin), jusqu’<strong>à</strong> ce qu’on enlève le feu <strong>de</strong> la pluie. Car<br />

la pluie crépite un peu comme le feu. Il fallait que ça goutte et non pas que ça crépite.<br />

<strong>Les</strong> qualités et les compétences <strong>de</strong>s techniciens sont importantes et indispensables, mais<br />

le point <strong>de</strong> vue du réalisateur est nécessaire, quelqu’un qui a un regard sur ce qu’il fait du<br />

début <strong>à</strong> la fin. L’auteur ne s’embarrasse pas <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts, il fait avec ce qu’il a. Il joue aussi<br />

avec le hors champ : dans la scène du métro, on voit tout, même ce qui n’est pas <strong>à</strong> l’image,<br />

parce qu’on entend les portes qui claquent, le bruit <strong>de</strong>s corps, le signaux sonores... Cette<br />

dimension magnifique est amenée par le son. Il est donc important <strong>de</strong> travailler avec <strong>de</strong>s<br />

techniciens qui ont une sensibilité artistique et capables <strong>de</strong> comprendre un vrai point <strong>de</strong><br />

vue. Mais il ne faut pas être fusionnel avec la technique d’enregistrement, car cela pour<br />

moi limite l’espace <strong>de</strong> l’image, du son et du hors champ. Au contraire il faut une distance<br />

avec l’outil pour faire naître le film et laisser une place au travail du symbolisation qui<br />

doit se faire chez le spectateur. Il faut faire tiers, la scène <strong>à</strong> filmer, la caméra (c’est-<strong>à</strong>-dire<br />

l’enregistrement) et le réalisateur, il faut toujours qu’il y ait trois, même si dans un seul<br />

univers, et jamais <strong>de</strong>ux. Si on est dans cette distance, c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>à</strong> la bonne place, alors<br />

le <strong>cinéma</strong> est sauf, au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong>de</strong> toute nouvelle technique.<br />

3. La pério<strong>de</strong> du mixage<br />

Dominique Hennequin<br />

Sur le tournage <strong>de</strong> Louise Michel la Rebelle<br />

© Charlotte Schousboe<br />

En général, le mixeur fait un "pré-mix parole" : on ne met ni les musiques, ni les effets,<br />

ni les ambiances "signifiantes" artistiquement. On ne s’occupe que du groupe « parole »<br />

car c’est le plus difficile techniquement <strong>à</strong> manier. Une fois cela fait, on se consacre plus <strong>à</strong><br />

l’intention et <strong>à</strong> la créativité; la ban<strong>de</strong> son se concrétise.<br />

<strong>Les</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> <strong>cinéma</strong> - Actes <strong>de</strong> la Rencontre Nationale École et <strong>cinéma</strong> - Octobre 2009 81 n

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