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Dominique Hennequin<br />

Quand un film est terminé dans sa langue d’origine, on fabrique ce qui s’appelle une "VI",<br />

la "version internationale" qui comprend tout ce qui reste quand vous enlevez le texte ou<br />

le direct. Souvent un re-mixe <strong>de</strong>s ambiances, une version prête <strong>à</strong> ce que les comédiens<br />

étrangers rejouent les textes. Le problème vient <strong>de</strong> l’attention accordée <strong>à</strong> la réalisation <strong>de</strong><br />

cette version. Il existe <strong>de</strong>s versions étrangères vraiment remarquables comme le Barry<br />

Lyndon <strong>de</strong> Kubrick. Je l’ai revu pour une énième fois <strong>à</strong> la télévision et me suis surpris <strong>à</strong><br />

l’écouter en français, sans m’en être rendu compte : « Mais c’est un film en anglais » et j’ai<br />

changé <strong>de</strong> canal. Je ne m’en suis aperçu qu’au bout <strong>de</strong> 10 minutes, parce que le tournage<br />

<strong>de</strong> la version française avait été dirigé par Patrice Chéreau, avec un résultat en termes <strong>de</strong><br />

direction d’acteur absolument remarquable. C’est donc une question <strong>de</strong> qualité - et donc<br />

d’argent. Car Patrice Chéreau ne l’a pas fait gratuitement, cela a pris <strong>de</strong>s semaines et a<br />

nécessité une équipe, un perchman, un casting d’acteurs et <strong>de</strong>s interprètes qui ne vont<br />

pas singer les acteurs originaux pour leur ressembler mais qui joueront le rôle. Le tout<br />

avec une direction d’acteurs pour un travail qui n’est pas fait <strong>à</strong> la chaîne. Dès lors notre<br />

sentiment <strong>à</strong> la vision <strong>de</strong> la version doublée est bon, la technique a pu en partie rattraper<br />

les choses. Ce qui fait que la version doublée souvent ne nous plait pas, est qu’il manque<br />

la volonté <strong>de</strong> faire bien, l’argent, tout le système.<br />

Et enfin, que les acteurs sont choisis en quelques jours par <strong>de</strong>s boîtes <strong>à</strong> fric. Ce sont en<br />

général <strong>de</strong>s comédiens spécialisés sur le doublage, pris pour leur gran<strong>de</strong> habilité <strong>à</strong> lire la<br />

"ban<strong>de</strong> rythmo" qui défile sous l’écran et <strong>à</strong> être synchrone rapi<strong>de</strong>ment, mais qui ne savent<br />

même pas ce qu’ils vont interpréter. Et le fait que ce ne soit pas toujours réinterprété nous<br />

procure ce sentiment <strong>de</strong> platitu<strong>de</strong>.<br />

Daniel Deshays<br />

On peut refabriquer les choses, et les organiser comme on veut avec la <strong>de</strong>nsité que l’on<br />

veut. On peut faire "du faux", mais si c’est voulu. Grandrieux par exemple, tourne en<br />

parlant aux acteurs comme le faisait Fellini. Il hurle pendant le tournage, donne <strong>de</strong>s<br />

indications, dit aux acteurs ce qu’ils doivent faire, et après, on refait toute la scène pour le<br />

son, puis on recale les choses au montage. Mais le problème <strong>de</strong> la post-synchronisation,<br />

du doublage est que les corps ne sont plus en vie. Lorsque je suis en jeu, je bouge, les<br />

micros bougent, tout bouge. Or il est nécessaire que le corps soit <strong>à</strong> l’épreuve parce que<br />

"le corps <strong>à</strong> l’épreuve", cela s’entend. Ce que j’entends dans la voix, ce n’est pas que du<br />

sens et du texte. Et même si en doublage les interprètes bougent un peu, on est dans <strong>de</strong>s<br />

acoustiques mates, dans <strong>de</strong>s espaces qui ne réagissent pas <strong>à</strong> la diversité <strong>de</strong>s acoustiques.<br />

Si je m’approche du sol, ça sonne différemment que si je suis <strong>de</strong>bout. Il y a l<strong>à</strong> un certain<br />

nombre <strong>de</strong> facteurs qui sont <strong>de</strong>s choses très importantes pour notre perception. Nous ne<br />

sommes pas percepteurs <strong>de</strong> très grosses choses, mais percevons au contraire par <strong>de</strong> très<br />

petits détails. Et c’est même ces petites choses qui nous intéressent. Quand au téléphone<br />

quelqu’un nous ment, on le sait sur <strong>de</strong> très petits détails. L’écoute se constitue avec le très<br />

large, mais aussi avec le très fin.<br />

Delphine Chaix, administratrice <strong>de</strong>s Enfants <strong>de</strong> <strong>cinéma</strong><br />

Est-ce <strong>à</strong> dire que le cinéaste n’assiste jamais <strong>à</strong> la "VI" <strong>de</strong> son film ?<br />

Daniel Deshays<br />

la "VI", c’est avant les voix, tout ce qui n’est pas les voix. Le réalisateur est souvent<br />

l<strong>à</strong>, puisque ça se fait avant le mixage. Mais l’enregistrement <strong>de</strong>s voix après coup, est<br />

effectivement une autre paire <strong>de</strong> manches - et se fait souvent sans lui.<br />

La question <strong>de</strong> la post-synchro et <strong>de</strong> la re-fabrication <strong>de</strong>s sons est un véritable enjeu <strong>de</strong><br />

mise en scène.<br />

<strong>Les</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> <strong>cinéma</strong> - Actes <strong>de</strong> la Rencontre Nationale École et <strong>cinéma</strong> - Octobre 2009 69 n

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