consommateur <strong>de</strong> discours. Le public <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus dévoreur d’informations, qu’elles soient <strong>de</strong> nature télévisuelle, radiophonique ou encore télématique avec l’omniprésence d’intern<strong>et</strong> dans les pratiques quotidiennes. A mesure que se développent les médias, être tenu « au courant » <strong>de</strong>vient une obsession. Depuis sa massification, l’individualisme s’est désinvesti <strong>de</strong> ses valeurs subversives <strong>et</strong> émancipatrices – telles que les concevaient les humanistes <strong>de</strong> la Renaissance <strong>et</strong> les philosophes <strong>de</strong>s Lumières – <strong>et</strong> s’est installé dans le conformisme passif. L’univers <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s, <strong>de</strong> l’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’hédonisme parachève l’égalité <strong>de</strong>s conditions, élève le niveau <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> cultive les masses, émancipe […] les minorités sexuelles, unifie les âges avec l’impératif <strong>de</strong> jeunesse, banalise l’originalité, m<strong>et</strong> sur le même plan le best-seller <strong>et</strong> le prix Nobel […] : les dissemblances hiérarchiques ne cessent <strong>de</strong> reculer au bénéfice du règne indifférent <strong>de</strong> l’égalité. 1 Il n’y a plus <strong>de</strong> liberté à conquérir, <strong>de</strong> structure à dynamiter, <strong>de</strong> père contre lequel se rebeller. Face à l’hypertrophie du communicationnel, l’homme est désormais condamné à choisir, à se singulariser en surface mais ne sait plus comment se comporter, quelle posture adopter, qui suivre dans c<strong>et</strong>te masse <strong>de</strong> moi. L’homme est en perpétuelle recherche <strong>de</strong> repères, <strong>de</strong> structures pour se stabiliser. Même si la postmo<strong>de</strong>rnité promeut une attitu<strong>de</strong> décontractée, l’individu n’est pas serein. Lorsqu’on écoute le discours <strong>de</strong> lycéens, d’étudiants en fin <strong>de</strong> cycle ou <strong>de</strong> travailleurs en cours <strong>de</strong> carrière, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sont les mêmes : tous désirent plus <strong>de</strong> sécurité, être mieux encadrés <strong>et</strong> semblent regr<strong>et</strong>ter un État qui ne soit plus présent, qui intervienne auprès <strong>de</strong> chacun dans la crise 2 . Paradoxal r<strong>et</strong>our à une liberté sous contrôle. On voit aujourd’hui, particulièrement dans le domaine du social, se diffuser <strong>de</strong> nouvelles formes d’actions publiques dont le ressort n’est pas le conflit mais le partenariat <strong>et</strong> la médiation. Le conflit n’est plus visible, il est à construire, à situer. Alain Erhenberg souligne que l’objectif est désormais <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre aux gens <strong>de</strong> résoudre par eux-mêmes leurs propres problèmes, <strong>et</strong> ce, en les accompagnant <strong>de</strong> manière multiple dans leur parcours. « L’action politique consiste moins souvent à résoudre <strong>de</strong>s conflits entre
1 LIPOVETSKY (Gilles), L’ère du vi<strong>de</strong>. Essais sur l’individualisme contemporain, Paris, Gallimard, coll. « folio essais », 1993, p. 54. 2 Pas étonnant <strong>de</strong> relever aujourd’hui dans le discours <strong>de</strong>s politiciens français – dont celui <strong>de</strong> Ségolène Royal –, les métaphores bibliques du Sauveur, reprenant le peuple par la main <strong>et</strong> le guidant dans un mon<strong>de</strong> proche <strong>de</strong>s ténèbres <strong>de</strong> l’Apocalypse. 24
adversaires qu’à faciliter collectivement l’action individuelle. Elle tend plus à fabriquer <strong>de</strong> l’autonomie, qu’à résoudre les conflits. » 1 Voire même à dissimuler le conflit. Bien que connoté péjorativement, ce <strong>de</strong>rnier est d’une importance capitale pour le bien-être <strong>de</strong> l’individu : d’une part, pour sa qualité dichotomique structurante, d’autre part en ce qu’il perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> se poser <strong>de</strong>s limites. Dans la partie qui va suivre, nous allons voir comment ces considérations s’actualisent dans les romans <strong>de</strong> notre corpus.
1 ERHENBERG (Alain), La fatigue d’être soi, Dépression <strong>et</strong> société, Paris, Odile Jacob, 1998, p.184. 25
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écupérer quelques affaires laiss
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accompagné de son collègue Rapha
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Daniel1. La narration est entrecoup