06.07.2013 Views

Le refuge de l'ange - Index of

Le refuge de l'ange - Index of

Le refuge de l'ange - Index of

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

tuer. J'ai entendu les flics parler. Je travaillais là <strong>de</strong>puis l'âge <strong>de</strong> seize ans. J'ai grandi chez<br />

Maneo's.<br />

- Vous travaillez <strong>de</strong>puis l'âge <strong>de</strong> seize ans ? Vous <strong>de</strong>viez être une gamine turbulente.<br />

- Ça m'arrivait. Mais je voulais travailler. Je servais à table, je faisais la cuisine pendant<br />

le week-end et pendant les vacances. J'adorais ça.<br />

Elle revoyait la scène comme si elle s'y trouvait encore. <strong>Le</strong> remue-ménage dans la cuisine,<br />

les déflagrations <strong>de</strong>rrière la porte battante, les voix, les o<strong>de</strong>urs.<br />

- C'était ma <strong>de</strong>rnière soirée. Ils avaient organisé une soirée d'adieux en mon honneur.<br />

Ce <strong>de</strong>vait être une surprise, aussi je traînais dans la cuisine pour leur donner le temps <strong>de</strong><br />

tout installer. Tout d'un coup, il y a eu ces cris, ces coups <strong>de</strong> feu, ce vacarme. J'ai dû rester<br />

un moment paralysée, sans rien comprendre <strong>de</strong> ce qui se passait. À part Sheryl Crow.<br />

- Pardon ?<br />

- La radio <strong>de</strong> la cuisine diffusait une chanson <strong>de</strong> Sheryl Crow. J'ai attrapé mon<br />

téléphone mobile - du moins je m'en souviens. Et la porte s'est ouverte. J'ai voulu m'enfuir.<br />

Dans ma tête, quand j'y repense, ou quand j'en rêve, tout ce que je vois c'est un pistolet. Un<br />

énorme pistolet noir. Et un sweat-shirt gris foncé avec une capuche. C'est tout. Je vois ça et<br />

je tombe et la douleur surgit. Deux fois, m'a-t-on dit. Une fois dans la poitrine, et l'autre balle<br />

m'a effleuré la tête. Mais je ne suis pas morte. Comme elle marquait une pause, il jeta un<br />

coup d'œil dans sa direction :<br />

- Continuez.<br />

- Je suis tombée dans le placard où je rangeais les balais. C'est ce que les flics m'ont<br />

dit par la suite. Je ne pouvais plus respirer. Il y avait ce poids sur mon cœur, et cette douleur<br />

affreuse. J'entendais <strong>de</strong>s voix et, au début, j'ai voulu appeler à l'ai<strong>de</strong>. Mais je ne pouvais pas.<br />

Heureusement pour moi.<br />

Elle reposa lentement les mains sur ses genoux.<br />

- Et puis je n'ai plus tenté. Il fallait que je reste tranquille, que je ne bouge pas, que je<br />

ne manifeste rien du tout. Pour qu'ils ne viennent pas me tuer. Une détonation a retenti. Mon<br />

amie, mon ai<strong>de</strong> cuisinière, est tombée <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la porte. Ginny. Ginny Shanks. Elle<br />

avait vingt-quatre ans. Elle s'était fiancée un mois auparavant, à la Saint-Valentin. Elle <strong>de</strong>vait<br />

se marier en octobre et j'aurais été sa <strong>de</strong>moiselle d'honneur.<br />

Comme Brody ne répondait pas, elle ferma les yeux et poursuivit :<br />

- Ginny est tombée ; je voyais par l'entrebâillement son visage ensanglanté, tuméfié.<br />

Elle pleurait, elle suppliait. Et nos regards se sont croisés. Juste une secon<strong>de</strong>. Enfin je crois.<br />

Puis j'ai entendu le coup <strong>de</strong> feu. Elle a sursauté. Juste une fois, comme une marionnette. Ses<br />

yeux ont changé. En un claquement <strong>de</strong> doigts, elle était morte. L'un <strong>de</strong>s agresseurs a dû<br />

donner un coup <strong>de</strong> pied dans la porte parce qu'elle s'est fermée. Tout est <strong>de</strong>venu noir. Ginny<br />

se trouvait <strong>de</strong> l'autre côté et je ne pouvais rien faire pour elle. Ni pour les autres. Je ne

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!