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La danseuse du Gai-Moulin

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— Vous voulez rester en prison ?<br />

Maigret jouait avec sa boîte d’allumettes. Il ne se hâtait pas<br />

de répondre. Et, quand il parla, il eut l’air de parler pour lui<br />

seul.<br />

— Graphopoulos est venu à Liège pour tuer quelqu’un ou<br />

pour se faire tuer…<br />

— Ce n’est pas prouvé !<br />

Et Maigret, soudain, avec rage :<br />

— Sales gosses !…<br />

— De qui parlez-vous ?<br />

— De ces gamins qui ont tout abîmé ! À moins…<br />

— À moins ?…<br />

— Rien <strong>du</strong> tout !<br />

Et il se leva, rageur, arpenta le bureau où, à deux, à force de<br />

fumer des pipes, ils avaient ren<strong>du</strong> l’atmosphère irrespirable.<br />

— Si le cadavre était resté dans la chambre d’hôtel et si l’on<br />

avait pu faire les constatations d’usage, peut-être aurait-on…<br />

commença M. Delvigne.<br />

Maigret le regarda férocement.<br />

En réalité, ils étaient d’aussi mauvaise humeur l’un que<br />

l’autre et leurs relations s’en ressentaient. Au moindre mot, ils<br />

étaient prêts à échanger des aménités et ils n’étaient pas loin de<br />

se rendre mutuellement responsables de l’échec de l’enquête.<br />

— Vous n’avez pas de tabac ?<br />

Maigret disait cela comme il eût prononcé : « Vous êtes un<br />

imbécile ! »<br />

Et il prit la blague des mains de son collègue, bourra sa pipe.<br />

— Hé ! là, ne la mettez pas en poche, s’il vous plaît…<br />

Ce fut la détente. Il n’en fallait pas plus. Maigret regarda la<br />

blague, puis son interlocuteur à moustaches rousses, essaya en<br />

vain de retenir un sourire, haussa les épaules.<br />

Et M. Delvigne sourit aussi. Ils se comprenaient. Ils ne<br />

gardaient un air bourru que pour la forme.<br />

Le Belge fut le premier à questionner d’une voix radoucie,<br />

qui avouait son embarras :<br />

— Qu’est-ce qu’on va faire ?<br />

— Tout ce que je sais, c’est que Graphopoulos a été tué !<br />

— Dans sa chambre d’hôtel !<br />

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