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Au château de Corinne - E-monsite

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jamais. Mais montrez-moi que vous acceptez ce que je vous ai dit, avec lucidité et pour<br />

votre bien. Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai alors <strong>de</strong> m’aimer, avec autant d’humilité et <strong>de</strong><br />

dévouement que n’importe quel homme. Car les femmes sont tellement au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />

nous quand elles sont elles-mêmes que nous pouvons seulement nous montrer humbles.<br />

La rougeur couvrait encore le front <strong>de</strong> Katharine. Elle l’observait <strong>de</strong> ses yeux<br />

étrangement bleus dans tout ce rouge.<br />

– Curieux, n’est-ce pas, comme les choses surviennent ? Vous m’avez fait une déclaration<br />

après tout.<br />

– Une déclaration conditionnelle.<br />

– Non, en réalité votre déclaration n’est pas conditionnelle du tout, même si vous affectez<br />

<strong>de</strong> le croire. Il n’aurait même pas été nécessaire que je sois sincère avec vous. Il m’aurait<br />

suffi <strong>de</strong> prétendre être la créature consentante que vous admirez, et je vous aurais eu à<br />

mes pieds. C’est vraiment dommage que je ne l’aie pas fait. Cela aurait pu être amusant.<br />

Il la regardait parler.<br />

– Je ne vous crois pas le moins du mon<strong>de</strong>, répondit-il gravement.<br />

– Que vous me croyiez ou non m’importe peu. Cependant, je saisis cette occasion pour<br />

vous apprendre ce que vous ne semblez pas avoir <strong>de</strong>viné : je suis fiancée avec Monsieur<br />

Percival.<br />

– Naturellement alors, je vous ai fâchée en parlant <strong>de</strong> lui comme je l’ai fait. Mais je vous<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bien vouloir croire que je n’ai pas imaginé un seul instant qu’il était si<br />

proche <strong>de</strong> Madame Winthrop.<br />

– Vous êtes peu observateur.<br />

– Je savais qu’il était souvent avec vous, bien entendu, que vous receviez <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong><br />

lui. Vous en avez même une dans votre bourse en ce moment. Mais je n’ai pas réalisé, je<br />

veux dire, je n’ai pas compris qu’il comptait pour vous.<br />

– Et pourquoi pas ? Même en vous excusant, Monsieur Ford, vous parvenez encore à<br />

vous monter insolent. En d’autres termes, ce que vous venez <strong>de</strong> dire signifie simplement<br />

que vous n’avez jamais imaginé que Madame Winthrop puisse s’intéresser à Monsieur<br />

Percival. Et pourquoi pas ? La vérité est qu’il existe une telle distance entre vous <strong>de</strong>ux<br />

que vous n’êtes absolument pas en mesure <strong>de</strong> le comprendre.<br />

Elle dirigea alors ses pas vers la porte <strong>de</strong> l’escalier.<br />

– C’est très possible, dit Ford. Mais je n’ai pas l’honneur <strong>de</strong> me déclarer le rival <strong>de</strong><br />

Monsieur Percival, même pas son rival dédaigné. Car vous n’avez pas respecté mes<br />

conditions.<br />

Ils <strong>de</strong>scendirent les escaliers, passèrent <strong>de</strong>vant la statue radieuse <strong>de</strong> Necker, et sortirent au<br />

soleil. Benjamin Franklin leur présenta leurs chevaux et Ford aida Katharine à se mettre<br />

en selle.<br />

– Vous préféreriez sans doute que je ne vous accompagne pas, dit-il, mais je ne peux<br />

l’éviter. Dans ce mon<strong>de</strong> contrariant, nous ne pouvons pas toujours obtenir ce que nous<br />

souhaitons.<br />

La rougeur était toujours marquée sur le visage <strong>de</strong> Katharine mais elle s’était<br />

suffisamment reprise pour pouvoir sourire.<br />

– Nous choisirons <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> conversation tels qu’ils nous permettront d’échanger <strong>de</strong>s<br />

banalités, dit-elle.<br />

Ainsi firent-ils. Et c’est seulement au portail <strong>de</strong> Miolans qu’ils évoquèrent la conversation<br />

précé<strong>de</strong>nte.<br />

Il lui dit au revoir ; ils effleurèrent cérémonieusement le bout <strong>de</strong> leurs gants <strong>de</strong> cavaliers.<br />

– C’est peut-être pour longtemps, remarqua-t-il. Je partirai dès ce soir pour l’Italie. J’irai à<br />

Chambéry puis à Turin.<br />

Elle passa <strong>de</strong>vant lui, son cheval s’engagea dans l’allée <strong>de</strong> platanes.<br />

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