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La dérive La dérive Les troubles sexuels des Marocains

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40 ans, de moins de 30 ans, voire de<br />

moins de 20 ans.<br />

• MHI: <strong>Les</strong> jeunes de cet âge sont-ils<br />

nombreux à consulter?<br />

- Dr Aziz Smirès: <strong>Les</strong> jeunes ne consultent<br />

pas beaucoup, pour <strong>des</strong> raisons culturelles<br />

et ils manquent de moyens, aussi.<br />

Souvent, ils souffrent en silence.<br />

• MHI: Quel changement d'approche<br />

cela induit-il?<br />

- Dr Aziz Smirès: L’érection est un<br />

concept strictement individuel, chaque<br />

homme a son érection, chaque couple a<br />

son érection. Il n'y a pas de traitement<br />

standard. Chaque patient est un cas particulier.<br />

Le profil psychologique du patient<br />

et du couple doit absolument être<br />

pris en compte. Le Viagra ne réconcilie<br />

pas les couples en conflit. Aucun médicament<br />

ne peut le faire. <strong>La</strong> prise en<br />

charge psychologique d’une dysfonction<br />

érectile est différente selon que la<br />

cause soit organique ou psychologique.<br />

• MHI: Comment cerner la maladie?<br />

- Dr Aziz Smirès: Il faut que le patient<br />

soit suivi par son médecin, un vrai suivi<br />

médical. Des explorations poussées<br />

sont parfois nécessaires. L'enregistrement<br />

de la fonction érectile nocturne, la rigidimétrie,<br />

n'est pas rentrée dans les<br />

mœurs, elle peut être très utile en particulier<br />

chez les patients jeunes.<br />

Malheureusement, cette rigidimétrie n’a<br />

de valeur que si nous constatons <strong>des</strong> “pério<strong>des</strong><br />

nocturnes” de rigidité pénienne<br />

satisfaisante. Cela permet très souvent<br />

de mettre le doigt sur la nature psychogène<br />

de l'affectation. <strong>Les</strong> dysfonctions<br />

érectiles psychogènes sont encore fréquentes.<br />

Mais elles sont malheureusement,<br />

parfois, sans origine précise.<br />

D'autre part, un certain nombre de médicaments<br />

d’utilisation courante ou proposés<br />

dans <strong>des</strong> situations tout à fait banales,<br />

peuvent perturber la sexualité de<br />

l’homme, et de la femme.<br />

• MHI: Alors quel traitement peut guérir<br />

cette affection perturbante?<br />

- Dr Aziz Smirès: Le traitement est<br />

complexe. L’abord le malade est impossible<br />

à standardiser, mais en plus la<br />

capacité à cerner son profil psychologique<br />

est souvent difficile. Le problème<br />

n’est pas le choix de tel ou tel produit,<br />

d’ailleurs l’effet placebo est bien connu<br />

dans ce domaine. De mauvaises habitu<strong>des</strong><br />

s’installent, la prise en charge de<br />

la dysfonction érectile se retrouve très<br />

souvent réduite à sa plus simple expression:<br />

consultation expéditive et<br />

prescription de produits strictement palliatifs.<br />

<strong>Les</strong> causes du mal ne sont pas<br />

attaquées.<br />

• MHI: <strong>La</strong> disparition <strong>des</strong> <strong>troubles</strong> de<br />

l'érection n'est-elle pas un but en soi?<br />

<strong>Les</strong> moyens médicaux sont-ils<br />

utilisés à vie?<br />

- Dr Aziz Smirès: L’érection médicalement<br />

assistée, même réussie, déstabilise,<br />

la confiance qu’elle fait naître initialement<br />

peut être graduellement ressentie<br />

comme un leurre: “Je ne suis pas<br />

un homme puisque j'use de moyens artificiels<br />

pour avoir une vie amoureuse”.<br />

Survient alors le problème de sevrage.<br />

Le fait que l’accoutumance soit psychologique<br />

n'arrange rien.<br />

SOCIÉTÉ ET CULTURE<br />

• MHI: <strong>La</strong> médecine a-t-elle baissé les<br />

bras pour les cas de dysfonctions que<br />

le Viagra ne soigne pas?<br />

- Dr Aziz Smirès: Le problème n’est<br />

pas uniquement médical. <strong>La</strong> société n’est<br />

pas encore prête. Tout le monde a été<br />

pris de court, sans même la possibilité<br />

d'effectuer un suivi et un contrôle, adapté<br />

à chaque type de société.<br />

Cette médicalisation a fait, encore plus,<br />

prendre conscience de la fragilité de la<br />

nature humaine, masculine surtout. Un<br />

jour la sexualité féminine se retrouvera<br />

à son tour médicalisée.<br />

On ne sait pas sur quoi cela pourrait<br />

déboucher.<br />

• MHI: <strong>La</strong> médecine serait-elle en train<br />

de reculer à cause de la prise de<br />

conscience qui a suivi l'effet Viagra?<br />

- Dr Aziz Smirès: Non. Il faut reconnaître<br />

que nous avons effectué <strong>des</strong> progrès<br />

extraordinaires, d'autres sont à venir,<br />

dans le domaine de la pharmacologie<br />

à visée sexuelle, notamment.<br />

Mais la médecine de la sexualité est une<br />

arme à double tranchant.<br />

Ce qu'il faut surtout c'est éviter de prescrire<br />

<strong>des</strong> traitements à la légère, le<br />

Viagra n'est pas une panacée universelle.<br />

Quand on le délivre à mauvais escient,<br />

l'échec de la thérapie est fatale, il<br />

peut ruiner <strong>des</strong> vies.❏<br />

Etude chiffrée de l’impact du diabète sur la sexualité<br />

Le Pr. Tahiri et d'autres médecins ont<br />

effectué une étude avec la collaboration<br />

du <strong>La</strong>boratoire pharmaceutique<br />

Pfizer sur la dysfonction érectile et le<br />

diabète. Nous en donnons les gran<strong>des</strong><br />

lignes. Cette étude, la première du genre,<br />

a été réalisée, à l'échelle nationale auprès<br />

de tous les médecins endocrinologues/diabétologues.<br />

<strong>La</strong> population d'étude était constituée de<br />

55.7 % de sujets ayant un âge compris<br />

entre 41 et 50 ans et 26.4% avaient un<br />

âge compris entre 61 et 70 ans.<br />

En ce qui concerne l'état de santé <strong>des</strong><br />

patients: Sur 2006 réponses, 77.9 % <strong>des</strong><br />

patients évalués avaient un diabète de<br />

type non insulino-dépendant et 22.1 %<br />

un diabète de type insulino-dépendant.<br />

En ce qui concerne la prévalence de la<br />

dysfonction érectile: Sur 2038 patients<br />

évalués, la prévalence totale de la dysfonction<br />

érectile chez les patients diabétiques<br />

était de 84.3 % avec un degré<br />

de sévérité faible (20.1 %), modérée<br />

(38.6%) et sévère (25.6 %).<br />

Par ailleurs, plusieurs étu<strong>des</strong> ont montré<br />

que la dysfonction érectile apparaissait<br />

à un âge très jeune chez le sujet<br />

diabétique.<br />

Dans le cas, de cette étude, les résul-<br />

UN MAUVAIS COUPLE<br />

tats ont montré que la prévalence de la<br />

dysfonction érectile en fonction de l'âge<br />

était de 71% pour les patients d'âge inférieur<br />

à 35 ans, de 72% pour la tranche<br />

d'âge allant de 35 à 50 ans, de 87 %<br />

pour la tranche d'âge 51-60 ans et de<br />

91% pour la tranche 61 ans et plus.<br />

Concernant la consultation et le traitement<br />

reçu pour dysfonction érectile, sur<br />

1976 réponses, 47.0 % <strong>des</strong> patients ont<br />

rapporté qu'ils avaient consulté antérieurement<br />

pour dysfonction érectile<br />

dont 45 % avaient consulté le médecin<br />

de famille, 19% l'endocrinologue et<br />

16.6% l'urologue.<br />

Sévérité<br />

Sur 1707 réponses, 69.7 % <strong>des</strong> patients<br />

ont déclaré avoir reçu un traitement<br />

pour <strong>des</strong> problèmes relatifs à la dysfonction<br />

érectile. En ce qui concerne le<br />

type de traitement reçu, sur 1190 réponses<br />

: 57.7% ont déclaré qu'ils étaient<br />

sous traitement oral (Viagra), 13.2%<br />

avaient reçu <strong>des</strong> injections intra-caverneuses<br />

et 29.1% ont déclaré qu'ils<br />

avaient pris principalement <strong>des</strong> vitamines,<br />

<strong>des</strong> plantes médicinales et <strong>des</strong><br />

androgènes. Aucun patient n'avait su-<br />

© Ph. MHI<br />

bi d'intervention chirurgicale pour pose<br />

de prothèse (implant pénien).<br />

En ce qui concerne les facteurs associés<br />

à la dysfonction érectile: <strong>Les</strong> résultats<br />

ont montré une association statistiquement<br />

significative entre d'une<br />

part, la dysfonction érectile et d'autre<br />

part, le statut marital et le niveau d'instruction.<br />

Comparés aux célibataires, les sujets<br />

mariés semblaient présenter 2,02 fois<br />

plus de risque d'avoir un dysfonctionnement<br />

érectile, les divorcés 3,87 fois<br />

plus de risque et les veufs 4,80 fois plus<br />

de risque.<br />

<strong>La</strong> dysfonction érectile ne semblait pas<br />

être liée significativement au type du<br />

diabète. Par contre, l'association était<br />

hautement significative entre la dysfonction<br />

érectile et l'ancienneté du diabète.<br />

<strong>Les</strong> résultats ont, par ailleurs, montré<br />

une association hautement significative<br />

entre la dysfonction érectile et l'hypertension<br />

artérielle, les cardiopathies,<br />

la dépression, la chirurgie pelvienne,<br />

l'adénome de prostate et la prise médicamenteuse<br />

pour ces pathologies associées.❏<br />

B.T.<br />

Maroc Hebdo International - N° 448 - Du 30 nov. au 6 déc. 2001- 25

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