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La dérive La dérive Les troubles sexuels des Marocains

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POST-SCRIPTUM<br />

CYBERCONFRERES<br />

Machiste, sexiste, la publicité<br />

française ?<br />

Courant 2000 et début<br />

2001, le débat a fait couler beaucoup<br />

d'encre. Dans le collimateur:<br />

les publicitaires, souvent<br />

jugés sans scrupules, toujours<br />

prêts à déshabiller une femme<br />

ou à salir son image pour vendre<br />

n'importe quoi, une voiture, de<br />

la crème fraîche, du pain… Pour<br />

contrer les débordements <strong>des</strong><br />

publicitaires, <strong>Les</strong> Chiennes de<br />

garde (association anti-sexiste)<br />

veillent.<br />

Elles surfent sur ce débat soudainement<br />

médiatique et dénoncent<br />

à tour de bras les “dérapages"<br />

<strong>des</strong> communicants.<br />

L'été passe, les courants changent.<br />

Eram lance une nouvelle<br />

campagne clin d'œil et affiche<br />

sur les murs les photos d'un<br />

homme, d'une chaise et d'une<br />

autruche portant <strong>des</strong> chaussures<br />

féminines avec ce slogan :<br />

“Aucun corps de femme n'a été<br />

exploité dans cette publicité."<br />

Selon le directeur de cette campagne,<br />

“la publicité est un propos<br />

frivole par essence. S'il y a<br />

polémique, ce n'est pas à nous<br />

d'interférer. Nous ne faisons que<br />

récupérer". “C'était un débat à<br />

la mode et nous nous en somme<br />

moqués. <strong>Les</strong> campagnes Eram<br />

Sexe, portables et fils de pub<br />

ont toujours un ton un peu irrévérencieux<br />

pour les fashion-victims",<br />

explique Benoit<br />

Devarrieux, cofondateur de<br />

l'agence Devarrieux-Villaret.<br />

Solitaires Après un automne<br />

plutôt calme sur le front de la<br />

publicité sexiste, le constructeur<br />

de téléphone français Sagem repart<br />

à l'offensive. Une nouvelle<br />

campagne de publicité diffusée<br />

dans la presse et à la télévision<br />

met en scène plusieurs déesses<br />

sculpturales et quelques hommes<br />

pour faire bonne mesure, les<br />

yeux cachés par quelques slogans<br />

évocateurs: “Marie S. adore<br />

quand ça vibre", “Abigaël W.<br />

en change quand elle ne les aime<br />

plus", “Karina T. joue avec le<br />

sien plusieurs fois par jour"…<br />

Bonnes vibes<br />

Isabelle Alonso, présidente <strong>des</strong><br />

Chiennes de garde, enrage:<br />

“J'avoue que ça dépasse mes capacités<br />

d'entendement. J'essaie<br />

d'imaginer le cerveau <strong>des</strong> “créatifs".<br />

A quoi cela peut-il bien<br />

ressembler? Un magma où surnagent,<br />

comme dans un potage<br />

périmé, <strong>des</strong> concepts fondamentaux:<br />

montrer, exhiber, gonzesse,<br />

à poil, niquer... Tout ça doit tournicoter,<br />

faire <strong>des</strong> grumeaux et<br />

On espère que le<br />

Premier ministre français<br />

Lionel Jospin a<br />

bien réfléchi avant<br />

d'adresser ce geste sans<br />

équivoque à tous les<br />

fouille-chose qui lui ont<br />

rappelé son passé trotskiste.<br />

Un passé qui le rendait<br />

plutôt sympathique.<br />

Etrange; partout les<br />

hommes politiques renient<br />

quelques idées ou<br />

plaident les erreurs de<br />

jeunesse.<br />

C'est pas chez nous que<br />

<strong>des</strong> choses comme ça<br />

arriveraient, hein, non?<br />

Pourquoi “Marie S.<br />

adore quand ça vibre”<br />

aboutir sempiternellement à la<br />

même idée. Leur idée unique.<br />

Aujourd'hui, pour un téléphone.<br />

Qu'on ne saurait vendre autrement.<br />

Ils s'auto-dénomment<br />

“créatifs" , preuve s'il en fallait<br />

que le langage ne se contente pas<br />

de décrire: il interprète, il ment,<br />

il cache. Au bénéfice de l'idéologie<br />

dominante. <strong>Les</strong> créatifs alimentent<br />

par réflexe le machisme,<br />

avec les redoutables moyens<br />

de la publicité. Un exemple de<br />

plus, avec cette publicité Sagem<br />

dans Le Monde daté du 17 novembre.<br />

Preuve qu'on peut être<br />

un mythique parangon de vertu<br />

journalistique, un phare de la<br />

bonne conscience de gauche et<br />

un tranquille bénéficiaire du<br />

sexisme ambiant…"<br />

Du côté du constructeur, on tente<br />

de se défendre: “On n'a pas<br />

l'intention de rentrer dans cette<br />

polémique", explique la porteparole<br />

de Sagem. “L'objectif est<br />

plutôt de changer l'image de<br />

Sagem, qui est un peu trop technique.<br />

En aucun cas, ce n'est de<br />

la provocation…", explique la<br />

jeune femme. Avant de finalement<br />

concéder que oui, quand<br />

même, “c'est un peu provocant".❏<br />

Eric Nunès (Le Monde, 26<br />

novembre 2001)<br />

Faut-il vous l’envelopper ?<br />

Par Amale Samie<br />

Mon voisin, il est bien dans la journée. C'est un fumeur qui s'énerve<br />

pas pendant le Ramadan sous prétexte qu'il est “coupé de la cigarette".<br />

Mais comme il se shoote à la harira, après le ftour, il a un drôle<br />

d'air absent, ses yeux deviennent vitreux et ses propos incohérents et <strong>des</strong><br />

fois, soudain, il s'exclame: “Où suis-je?", alors moi je réponds “Au Maroc",<br />

alors il dit “Oh m…. je rêvais que je vivais ailleurs". Il est accro aux fines<br />

herbes, mais il a quand même promis de se désintoxiquer du kazbour ou<br />

mâadnous. Au moins.<br />

Abbas El Fassi, ministre de la Sueur <strong>des</strong> damnés, grand mufti du parti de<br />

l'Istiqlal, avait-il forcé sur la harira à Meknès, dimanche dernier, lorsqu'il<br />

avait été pris d'une transe mystique, comme visité par la Grâce? Le ministre,<br />

récepteur de la Révélation politique, a fait fort, en décidant tout<br />

seul du programme de son parti. Car cet homme, parfois appelé Bébé<br />

Cadum, a carrément déclaré le jihad contre “le phénomène du chômage,<br />

pour la mise en œuvre de véritables actions pour<br />

L’horreur: 400<br />

députés, 400<br />

conseillers,<br />

2000<br />

présidents<br />

de commune,<br />

tous<br />

istiqlaliens.<br />

<strong>La</strong> soupe de Abbas<br />

encourager l'investissement et la relance <strong>des</strong> activités<br />

pourvoyeuses d'emplois". Le jihad, rien que<br />

ça. En fait, les propos de m'sieu l'ministre étaient<br />

dans le droit-fil de la tradition istiqlalienne: accents<br />

épiques, trémolos vertueux et regard fixé<br />

sur Madère, qui pourrait faire partie <strong>des</strong> eaux territoriales<br />

marocaines, si les militants acceptaient<br />

de faire un effort d'imagination ou de rependre<br />

un quinzième bol de harira. Zidek chi zlafa a Si<br />

Abbas, pour mieux préparer la tambouille électorale.<br />

L'ayatollah Abbas El Fassi est tout prosaïquement<br />

en campagne. Déjà? Il veut avoir un bol<br />

d'avance sur ses alliés socialos? C'était un bol de trop et il a failli déclarer le<br />

jihad interne en vidant le chaudron dans lequel flottent les vieux turbans, les<br />

caciques <strong>des</strong> steppes et les vampires <strong>des</strong> cantons qui font l'essentiel de l'arsenal<br />

électoral de son parti. Un coup de kazbour, Si Abbas?<br />

Quel Maroc va encore nous proposer l'Istiqlal? Et qui est en mesure de le<br />

mettre hors d'état de nuire? Enfin, nuire, j'exagère, laissez-les vivre. M'hammed<br />

El Khalifa, ministre de la Sueur <strong>des</strong> fonctionnaires et Abbas son “frère" de parti.<br />

Imaginez tout de même un gouvernement istiqlalien qui ne nous voudrait<br />

que du bien. On verrait ressortir les courtiers à dentier en or, comme <strong>des</strong> zombies<br />

encore fripés par la longue hibernation. 40 ministres istiqlaliens, vlan, à<br />

la volée, comme du hachis de mâadnous dans la marmite, tous adeptes d'un<br />

jihad ou d'un autre, grands, petits et moyens jihad. Tous venus pour nous réveiller<br />

de la torpeur que nous a infligée un Premier ministre somnolent. Je<br />

règle le jihad sur quelle vitesse, Si Abbas? Le jihad multiplié par 40, ça fouette<br />

le sens civique.<br />

Avec ça, 400 députés istiqlaliens, 400 conseillers, 2000 présidents de commune,<br />

tous istiqlaliens, on va tous embarquer dans <strong>des</strong> pateras et leur laisser le pays.<br />

L'horreur démographique, migration de cauchemar. Encore un bol, Si Abbas?<br />

Le Premier ministre a dit qu'il ne rempilerait pas, et je le soutiendrai en cette<br />

pénible circonstance. Nous voilà de nouveau en manque de sauveur. Tant de<br />

sauveurs nous ont foutus dans la soupe, mais soûls de harira, on en cherche<br />

d'autres. Avec ça qu'on n'attend plus rien, mais a-t-on jamais vraiment attendu<br />

quelque chose, <strong>des</strong> socialos? Arrêtez la soupe camara<strong>des</strong>. <strong>La</strong> gauche est<br />

cuite. Pour les remerciements ils repasseront. Qu'est-ce que c'est, un homme,<br />

pour la gigantesque machine de l'État? Un pois chiche. Le problème c'est<br />

qu'ils ont décidé de prendre votre <strong>des</strong>tin en main. Ils vont décider pour vous,<br />

légiférer ou faire semblant en votre nom. Après, s'ils décident de faire passer<br />

l'autoroute entre ton matelas et ton sommier, tu viens pas pleurer.<br />

Il faut croire que le Maroc a pris un fameux coup de harira bien avant le<br />

Ramadan. Ça ronflait comme mille réacteurs, le peuple faisait le pied de grue<br />

dans la nuit glacée. Je suis terriblement intéressé par mon propre avenir, bien<br />

sûr, mais enfin ni plus ni moins qu'avant. On est pas obligés de les écouter.<br />

Et avec la harira, on est comme <strong>des</strong> bienheureux, béats, abandonnés sur <strong>des</strong><br />

coussins pendant qu'ils flippent tous à cause <strong>des</strong> élections. Tous les hariromanes,<br />

Si Abbas, Si Abderrahmane et les autres marchands de soupe. Un<br />

koup de kazbour, les kopains?❏<br />

Maroc Hebdo International - N° 488 - Du 30 nov. au 6 sept. 2001- 39

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