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La dérive La dérive Les troubles sexuels des Marocains

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SOCIÉTÉ ET CULTURE<br />

Settat et Basri, un lieu et un nom indissociables et qui resteront à jamais unis. Il<br />

fut un temps où la capitale de la Chaouia était la Mecque du gotha de la société<br />

marocaine. On y affluait en masse pour avoir la bénédiction du maître <strong>des</strong> lieux,<br />

l’ex-super puissant ministre d’Etat à l’Intérieur. Aujourd’hui, Settat est délaissée<br />

et boudée.Voyage au cœur d’une ville orpheline.<br />

Qu’est devenue Settat après l’éclipse de Driss Basri?<br />

Crépuscule d’une cité “impériale”<br />

“Le lendemain,<br />

en route<br />

vers le Nord, je<br />

m’endors dans la voi-<br />

ture et, à mon réveil nous traversons<br />

un majestueux boulevard,<br />

bordé d’arbres et de nouveaux<br />

immeubles, grands et<br />

massifs –“Ah! nous sommes déjà<br />

à Casa, dis-je” - Non, pas du<br />

tout, me répond-on, nous<br />

sommes dans le centre de Settat,<br />

mais “ce qui n’était il y a dix<br />

ans, qu’un gros bourg rural est<br />

désormais l’une <strong>des</strong> villes les<br />

plus modernes et les plus dynamiques<br />

du Maroc”, avait écrit<br />

un jour Kenneth Brown, anthropologue<br />

et écrivain américain.<br />

C’était dans un article intitulé<br />

“Voyage aux confins du<br />

Maroc” paru en septembre 1994<br />

dans le monde diplomatique. Cet<br />

exergue qui orne les murs de la<br />

somptueuse municipalité de<br />

Settat, chef-d’œuvre architectural,<br />

qui a su savamment doser<br />

le traditionnel et le moderne, esquisse<br />

furtivement le parcours<br />

qui a transmuté, comme par enchantement,<br />

la capitale de la<br />

Chaouia, d’une bourgade en une<br />

ville de cristal.<br />

Affluence<br />

L’écart est énorme et pourtant<br />

la métamorphose n’a pas longtemps<br />

duré. Jadis, le visiteur de<br />

Settat succombait d’emblée à<br />

son charme enchanteur et les<br />

Settatis avaient de quoi s’enorgueillir<br />

puisque leur ville était<br />

la Mecque du gotha de la société<br />

marocaine. <strong>Les</strong> Hommes d’affaires<br />

y affluaient en masse et<br />

en file d’attente, s’organisaient<br />

pour proposer leurs projets ou<br />

du moins avoir “droit de cité”<br />

dans la capitale de la Chaouia,<br />

les politiciens de tout poil s’y<br />

rencontraient et les festivaliers<br />

et autres promoteurs d’événements<br />

sportifs y animaient pé-<br />

Settat est boudée<br />

par ceux qui<br />

se pressaient<br />

jadis à ses portes<br />

pour gagner<br />

les faveurs<br />

de Si Driss.<br />

riodiquement <strong>des</strong> manifestations.<br />

Le fameux Moussem de la<br />

Chaouia portant le nom du saint<br />

vénéré de Settat “Sidi Loughlimi”<br />

était organisé avec faste, toujours<br />

au même rendez vous quels<br />

que soient les caprices de “Mère<br />

Nature”. Pendant les années de<br />

bonnes récoltes ou même dans<br />

les pério<strong>des</strong> de vaches maigres,<br />

le Moussem drainait <strong>des</strong> milliers<br />

de touristes nationaux et étrangers<br />

et vers lequel affluaient<br />

presque tous les membres du<br />

gouvernement et une belle brochette<br />

de leaders politiques qui<br />

ne s’y ennuyaient pas tellement,<br />

le spectacle était garanti et les<br />

tables bien garnies. C’étaient les<br />

années glorieuses! Seulement<br />

voilà, les temps ont changé. Un<br />

changement perceptible depuis<br />

maintenant un peu plus de deux<br />

ans, le 9 novembre 1999 exactement.<br />

En cette date, Driss Basri<br />

avait en effet été déchargé de<br />

ses fonctions à la tête du ministère<br />

de l’Intérieur.<br />

Marginalisation<br />

Depuis lors, Settat, sa ville chérie,<br />

est boudée voire damnée par<br />

ceux qui se pressaient jadis à ses<br />

portes pour gagner les faveurs de<br />

son protecteur, Si Driss. Et encore,<br />

certains entrepreneurs pensent<br />

sérieusement, si ce n’est déjà<br />

fait, délocaliser leurs affaires<br />

ailleurs d’autant que <strong>des</strong> rumeurs<br />

persistantes circulent, faisant<br />

état du fait que la zone industrielle<br />

de Settat risque de ne plus<br />

bénéficier de toutes les exoné-<br />

• Driss Basri à Settat.<br />

rations et facilités en matière<br />

fiscale et d’acquisition de terrains.<br />

Autres conséquences du<br />

départ du maître de la capitale<br />

de la Chaouia, <strong>des</strong> projets lancés<br />

mais dont les travaux se sont<br />

arrêtés sans raison comme, entre<br />

autres, le lotissement de la municipalité<br />

s’étendant sur 120 hectares,<br />

le complexe culturel et<br />

commercial situé en plein centre<br />

de la ville, l’extension à 18 trous<br />

du Golf Universitaire Royal, le<br />

lotissement <strong>des</strong>tiné à assurer le<br />

logement aux étudiants près de<br />

l’université Hassan 1er de Settat,<br />

et dont le promoteur n’est autre<br />

qu’un parlementaire à la<br />

chambre <strong>des</strong> conseillers et président<br />

déchu de la commune rurale<br />

“Tamdrousst” et qui est également<br />

le promoteur d’un autre<br />

projet de lotissement situé au<br />

niveau de la route tertiaire menant<br />

à Ben Ahmed et dont les<br />

travaux sont bloqués depuis un<br />

bout de temps.<br />

Loin d’être une énumération ex-<br />

© Ph. DR<br />

haustive de tous les projets avortés<br />

ou en voie de l’être suite à “la<br />

mise à l’écart” de celui qui fut le<br />

super-puissant ministre d’Etat<br />

de l’Intérieur, cette liste est à<br />

prendre à titre d’indicateur de<br />

la réalité dans laquelle vit en ces<br />

temps-ci Settat. Une ville dorénavant<br />

orpheline, délaissée et<br />

séparée à jamais de son enfant<br />

prodige. Et il est à craindre qu’elle<br />

subisse les affres de la marginalisation<br />

et paye cher le fait<br />

d’avoir été pendant <strong>des</strong> années<br />

“gâtée” par son protecteur.<br />

Rumeurs<br />

Sur un ton railleur, mes oreilles<br />

entendirent un jour ses bribes<br />

de mots lancés au cours d’une<br />

discussion portant sur ce qu’adviendra<br />

Settat après le départ de<br />

Driss Basri:<br />

“Settat ne demeurera plus pour<br />

longtemps cette ville impériale<br />

érigée sur un tas de bourgs, elle<br />

redeviendra une commune rurale<br />

comme elle fut autrefois”. Il<br />

semble que cette “prophétie” est<br />

en passe de devenir réalité.<br />

Depuis déjà quelques mois, la<br />

Wilaya de Settat se trouve sans<br />

Wali. En effet, depuis le décès<br />

de l’ex-Wali Mohamed Allali,<br />

l’intérim n’est assuré que par le<br />

secrétaire général de la Wilaya,<br />

Abdelkrim Bezaa. En attendant<br />

les rumeurs vont bon train.<br />

D’aucuns pensent que Settat sera<br />

“dépossédée” de son statut de<br />

Wilaya pour retrouver celui de<br />

province qui fut autrefois le sien.<br />

Quoi qu’on en dise, quoiqu’on<br />

en pense, Settat est et demeure<br />

une partie intégrante du<br />

Royaume et ça n’est pas parce<br />

que son <strong>des</strong>tin a été, <strong>des</strong> années<br />

durant, lié à l’ex-ministre d’Etat<br />

à l’Intérieur qu’elle doit être pour<br />

autant marginalisée et boudée.❏<br />

Rachid Samie<br />

Maroc Hebdo International - N° 488- Du 30 nov. au 6 déc. 2001 - 29

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