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SOCIÉTÉ ET CULTURE La Ligue casablancaise pour la Santé mentale a été créée en 1979 avec deux objectifs: sensibilisation de toutes les parties concernées par la maladie mentale et l'amélioration matérielle des conditions de soins et d’accueil des malades mentaux à Casablanca. Elle organise sa 23ème Journée annuelle le 7 décembre. La 23ème Journée annuelle de la Ligue casablancaise de la Santé mentale La psychiatrie marocaine a fait des pas-de-géant, depuis le temps des grands anciens. La Ligue casablancaise de la Santé mentale, fondée en 1979 par le Pr Driss Moussaoui, président actuel, elle, en est à sa 23ème Journée annuelle. La Journée de cette année se tiendra à la Faculté de médecine de Casablanca, le vendredi 7 décembre, sous le thème “Les malades mentaux: non à l'exclusion, oui aux soins et à la réhabilitation”. Une tâche de titans. C'est grâce à la Ligue, aux bienfaiteurs, à l'État que le Centre a pu sortir du délabrement. En 1982, la construction des services ouvert, protégé et du service des urgences a permis à la psychiatrie marocaine d'avoir un plus de moyens pour ses ambitions. Mais ce n'est pas fini. Persévérance À la tête du CPU, de 1979 à 2001, le Pr Driss Moussaoui, l'un des psychiatres les plus connus du Maroc, aura définitivement marqué le Centre. Avant de partir pour une année sabbatique, Driss Moussaoui aura laissé un hôpital moderne, civilisé et gérable. Nous sommes bien loin du pavillon 36, isolé, déprécié, ghettoïsé et surtout pratiquement sans efficacité thérapeutique. Le Pr. Mekki Touhami a pris le relais. Le Pr Nadia Kadiri qui enseigne la psychiatrie, à la Faculté de médecine de Casablanca, dirige le pavillon ouvert. Une femme toujours affairée, pressée, qui va droit au but quand on l'aborde, surtout quand elle va au pas de charge. L'hôpital n'est pas une piscine avec transatlantiques pour se relaxer. Et le manque d'infrastructures, de personnel, de matériel, de médicaments freinera encore le dé- Éradiquer les tabous veloppement du CPU. Pour travailler au CPU, régler mille problèmes chaque jour, il faut être solide, persévérant, patient, capable de faire le maximum avec le minimum, et peut-être croire un peu aux miracles. La construction du CPU en 1982 en était un. Écoute La médecine marocaine moderne, dès l'origine, avait reconnu aux malades mentaux, ceux qu'on appelait les fous, le statut de malade comme les autres. Mais il faut reconnaître que c'est un long travail, une tâche de longue haleine qu'il faut toujours recommencer. La société marocaine conserve des tabous, des préjugés et l'indifférence et la gêne financière compliquent la situation. Le groupe Idmaj, une association, est née, il y a un an. Avec la bénédiction de l'Association mondiale de la psychiatrie. Le programme d'Idmaj est un programme de combat, le groupe a décidé de s'attaquer à la discrimination et la stigmatisation des personnes souffrant de maladies lourdes, la schizophrénie, essentiellement. Le groupe Idmaj rassemble les familles des malades, le personnel de la Santé, des laboratoires pharmaceutiques et d'autres associations. Le défi? Une enquête sur le terrain pour savoir si la discrimination est plus forte que dans d'autres pays. Quel peut être l'impact de cette discrimination sur les malades et leurs familles? Le malade peut être rejeté, sa famille rogne ses droits et la fragilité de la famille débouche parfois sur des abandons de malades. Le père, la mère, la fratrie, il y a toujours quelqu'un qui craque. Mainte- 28- Maroc Hebdo International - N° 488- Du 30 nov. au 6 déc. 2001 • Professeur Nadia Kadiri. nant que la psychiatrie a décidé de marcher résolument vers une prise en charge, des soins et un accueil, plus complets pour les malades, on se retrouve devant un autre problème. Celuilà est structurel. En effet, il n'y a pas de structure sanitaire indépendante entre l'hôpital et la famille. Marabouts Parfois ni le malade ni sa famille ne sont prêts au retour à la maison. Ailleurs, le changement est graduel, de l'hôpital à la prise en charge par des services sociaux, où l'écoute est possible comme le soutien au malade dans cette transition presque toujours douloureuse. Les Associations rejoignent la bataille, Chourouk et El Oumnia, qui se consacrent aux malades mentaux, spécifiquement, mais aussi Bayti et d'autres associations qui se battent sur d'autres © Ph. DR fronts. Idmaj attend de la 23ème Journée annuelle qu'elle permette de faire avancer la prise de conscience des personnes concernées par la psychiatrie pour qu'il n'y ait plus de stigmatisation de la maladie mentale, alerter sur les médications traditionnelles et les visites de marabouts, comme Bouya Omar et enfin se lancer dans une action quotidienne pour améliorer la qualité de la vie des malades. Bien sûr, l'hôpital manque de médicaments, la recherche n'est pas facile et il faut aussi assumer la mission d'enseignement. La bataille quotidienne continue, ceux qui la mènent ne connaissent pas de répit. Mais ils croient en ce qu'ils font.❏ OUI JE M’ABONNE À Amale Sami À Compter du......................Au....................................... Pour une période de......................................................... Nom: ............................................................................... Prénom: .......................................................................... Fonction: ........................................................................ Organisme: ..................................................................... Adresse: ......................................................................... ........................................................................................ Ville: .........................Pays: ............................................ Tél.: ................................Fax: ........................................ E-Mail: ........................................................................... Nombre d’exemplaires: ................................................. Au Prix TTC de:............................................................. (Ci joint le chèque de réglement libellé au nom de Maroc Hebdo International) PAYS Maroc Maroc Maghreb & Europe ABONNEMENT Régulier Étudiant Régulier TARIFS/1an 300 Dh 200 Dh 520 FF TARIFS/6mois 175 Dh 150 Dh 300 FF • Autre pays : Nous demander les tarifs Maroc Hebdo International Direction Marketing & Développement 4, Rue des Flamants Riviera - Tél.: 23.81.76 - Fax : 98.31.46 http: //www.maroc-hebdo.press.ma
SOCIÉTÉ ET CULTURE Settat et Basri, un lieu et un nom indissociables et qui resteront à jamais unis. Il fut un temps où la capitale de la Chaouia était la Mecque du gotha de la société marocaine. On y affluait en masse pour avoir la bénédiction du maître des lieux, l’ex-super puissant ministre d’Etat à l’Intérieur. Aujourd’hui, Settat est délaissée et boudée.Voyage au cœur d’une ville orpheline. Qu’est devenue Settat après l’éclipse de Driss Basri? Crépuscule d’une cité “impériale” “Le lendemain, en route vers le Nord, je m’endors dans la voi- ture et, à mon réveil nous traversons un majestueux boulevard, bordé d’arbres et de nouveaux immeubles, grands et massifs –“Ah! nous sommes déjà à Casa, dis-je” - Non, pas du tout, me répond-on, nous sommes dans le centre de Settat, mais “ce qui n’était il y a dix ans, qu’un gros bourg rural est désormais l’une des villes les plus modernes et les plus dynamiques du Maroc”, avait écrit un jour Kenneth Brown, anthropologue et écrivain américain. C’était dans un article intitulé “Voyage aux confins du Maroc” paru en septembre 1994 dans le monde diplomatique. Cet exergue qui orne les murs de la somptueuse municipalité de Settat, chef-d’œuvre architectural, qui a su savamment doser le traditionnel et le moderne, esquisse furtivement le parcours qui a transmuté, comme par enchantement, la capitale de la Chaouia, d’une bourgade en une ville de cristal. Affluence L’écart est énorme et pourtant la métamorphose n’a pas longtemps duré. Jadis, le visiteur de Settat succombait d’emblée à son charme enchanteur et les Settatis avaient de quoi s’enorgueillir puisque leur ville était la Mecque du gotha de la société marocaine. Les Hommes d’affaires y affluaient en masse et en file d’attente, s’organisaient pour proposer leurs projets ou du moins avoir “droit de cité” dans la capitale de la Chaouia, les politiciens de tout poil s’y rencontraient et les festivaliers et autres promoteurs d’événements sportifs y animaient pé- Settat est boudée par ceux qui se pressaient jadis à ses portes pour gagner les faveurs de Si Driss. riodiquement des manifestations. Le fameux Moussem de la Chaouia portant le nom du saint vénéré de Settat “Sidi Loughlimi” était organisé avec faste, toujours au même rendez vous quels que soient les caprices de “Mère Nature”. Pendant les années de bonnes récoltes ou même dans les périodes de vaches maigres, le Moussem drainait des milliers de touristes nationaux et étrangers et vers lequel affluaient presque tous les membres du gouvernement et une belle brochette de leaders politiques qui ne s’y ennuyaient pas tellement, le spectacle était garanti et les tables bien garnies. C’étaient les années glorieuses! Seulement voilà, les temps ont changé. Un changement perceptible depuis maintenant un peu plus de deux ans, le 9 novembre 1999 exactement. En cette date, Driss Basri avait en effet été déchargé de ses fonctions à la tête du ministère de l’Intérieur. Marginalisation Depuis lors, Settat, sa ville chérie, est boudée voire damnée par ceux qui se pressaient jadis à ses portes pour gagner les faveurs de son protecteur, Si Driss. Et encore, certains entrepreneurs pensent sérieusement, si ce n’est déjà fait, délocaliser leurs affaires ailleurs d’autant que des rumeurs persistantes circulent, faisant état du fait que la zone industrielle de Settat risque de ne plus bénéficier de toutes les exoné- • Driss Basri à Settat. rations et facilités en matière fiscale et d’acquisition de terrains. Autres conséquences du départ du maître de la capitale de la Chaouia, des projets lancés mais dont les travaux se sont arrêtés sans raison comme, entre autres, le lotissement de la municipalité s’étendant sur 120 hectares, le complexe culturel et commercial situé en plein centre de la ville, l’extension à 18 trous du Golf Universitaire Royal, le lotissement destiné à assurer le logement aux étudiants près de l’université Hassan 1er de Settat, et dont le promoteur n’est autre qu’un parlementaire à la chambre des conseillers et président déchu de la commune rurale “Tamdrousst” et qui est également le promoteur d’un autre projet de lotissement situé au niveau de la route tertiaire menant à Ben Ahmed et dont les travaux sont bloqués depuis un bout de temps. Loin d’être une énumération ex- © Ph. DR haustive de tous les projets avortés ou en voie de l’être suite à “la mise à l’écart” de celui qui fut le super-puissant ministre d’Etat de l’Intérieur, cette liste est à prendre à titre d’indicateur de la réalité dans laquelle vit en ces temps-ci Settat. Une ville dorénavant orpheline, délaissée et séparée à jamais de son enfant prodige. Et il est à craindre qu’elle subisse les affres de la marginalisation et paye cher le fait d’avoir été pendant des années “gâtée” par son protecteur. Rumeurs Sur un ton railleur, mes oreilles entendirent un jour ses bribes de mots lancés au cours d’une discussion portant sur ce qu’adviendra Settat après le départ de Driss Basri: “Settat ne demeurera plus pour longtemps cette ville impériale érigée sur un tas de bourgs, elle redeviendra une commune rurale comme elle fut autrefois”. Il semble que cette “prophétie” est en passe de devenir réalité. Depuis déjà quelques mois, la Wilaya de Settat se trouve sans Wali. En effet, depuis le décès de l’ex-Wali Mohamed Allali, l’intérim n’est assuré que par le secrétaire général de la Wilaya, Abdelkrim Bezaa. En attendant les rumeurs vont bon train. D’aucuns pensent que Settat sera “dépossédée” de son statut de Wilaya pour retrouver celui de province qui fut autrefois le sien. Quoi qu’on en dise, quoiqu’on en pense, Settat est et demeure une partie intégrante du Royaume et ça n’est pas parce que son destin a été, des années durant, lié à l’ex-ministre d’Etat à l’Intérieur qu’elle doit être pour autant marginalisée et boudée.❏ Rachid Samie Maroc Hebdo International - N° 488- Du 30 nov. au 6 déc. 2001 - 29
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