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La dérive La dérive Les troubles sexuels des Marocains

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Le sondage diligenté par l’association Maroc 2020<br />

a confirmé la défiance <strong>des</strong> citoyens vis-à-vis <strong>des</strong><br />

politiciens bien plus que de la politique. 60% se<br />

déclarent prêts à participer aux prochaines<br />

échéances mais sous conditions.<br />

Sondage sur les <strong>Marocains</strong> et la politique<br />

Désintéressement total<br />

87,6% <strong>des</strong> <strong>Marocains</strong> se<br />

situent en dehors de la mouvance<br />

partisane. Et même le<br />

capital de sympathie <strong>des</strong> partis<br />

marocains ne dépasse pas<br />

8,7% <strong>des</strong> 1200 interviewés<br />

dans le cadre du sondage réalisé<br />

par l’institut CSA-TMO<br />

Maroc pour le compte de<br />

l’Association Maroc 2020. Le<br />

ban de divorce est là. Le désintérêt<br />

vis-à-vis de la chose politique<br />

est palpable. Si 51,3%<br />

attestent que “la politique ne<br />

leur dit rien", il n’en demeure<br />

pas moins que 60% de<br />

l’échantillon sont décidés à<br />

voter lors <strong>des</strong> prochaines élec-<br />

tions, avec une plus forte préférence<br />

pour les communales<br />

que les législatives. Cette<br />

contradiction s’explique en<br />

partie par le besoin de plus<br />

près de 19% “d’une confiance<br />

accrue dans les partis".<br />

Autant dire qu’il y a là un terrain<br />

propice à la mobilisation,<br />

sans pour autant que la proximité<br />

soit de mise. En effet,<br />

seulement 7,1% revendiquent<br />

un contact direct. Le paradoxe<br />

s’explique également par la<br />

motivation invoquée par<br />

78,6% d’entre eux, le devoir<br />

civique.<br />

Ceci ne veut pas dire que les<br />

<strong>Marocains</strong> sont prêts à donner<br />

un chèque en blanc aux<br />

politiciens. Le pourcentage <strong>des</strong><br />

indécis, de l’ordre de 25%, exprime<br />

de fortes attentes de<br />

transparence, d’efficacité et de<br />

compétence.<br />

<strong>La</strong> confiance dans le candidat<br />

a joué un rôle capital dans le<br />

vote de plus <strong>des</strong> deux tiers <strong>des</strong><br />

électeurs lors <strong>des</strong> précédentes<br />

élections. <strong>La</strong> même constance<br />

sera de mise en 2002 puisque<br />

57,2% <strong>des</strong> personnes qui vont<br />

voter le feront en fonction du<br />

profil du candidat, avec ou<br />

sans parti. Malgré que les intentions<br />

de vote pour les indépendants<br />

ne dépassent pas<br />

les 2,3%.<br />

<strong>Les</strong> enquêteurs déclarent avoir<br />

eu affaire à un électorat ex-<br />

© Ph. MHI<br />

• <strong>Les</strong> <strong>Marocains</strong> boudent les urnes.<br />

trêmement ouvert et mobile.<br />

Un nomadisme électoral à<br />

l’image de celui qui se pratique<br />

comme le Mercato sous<br />

la coupole du Parlement.<br />

Seulement 4,5% <strong>des</strong> votants<br />

en 2002 vont voter pour le<br />

même candidat qu’en 1997, ce<br />

qui donne un taux de fidélité<br />

de 8,2%. Mince, très mince…<br />

Sanction<br />

L’un <strong>des</strong> enseignements de ce<br />

sondage est que le gouvernement<br />

n’a pas les faveurs <strong>des</strong><br />

citoyens. Le bilan gouvernemental<br />

est assez, voire très,<br />

décevant. Le mécontentement<br />

ou la déception est sur les<br />

lèvres <strong>des</strong> deux tiers <strong>des</strong> sondés<br />

voire plus. Dans certains<br />

cas, le taux d’insatisfaction atteint<br />

les 90%.<br />

<strong>La</strong> plus lourde sentence est<br />

celle prononcée contre l’action<br />

du gouvernement dans le<br />

domaine de la lutte contre le<br />

chômage et la pauvreté avec<br />

86,5% de mécontents.<br />

Suivront la corruption, la santé<br />

et le logement économique.<br />

Seule l’amélioration de l’image<br />

du Maroc à l’étranger a<br />

échappé à l’ire <strong>des</strong> interviewés.<br />

Là où la surprise atteint son<br />

paroxysme c’est quand plus<br />

de 48% déclarent que le gouvernement<br />

“manque de dirigeants<br />

qualifiés et efficaces".<br />

Pourtant 31,2% compatissent,<br />

car il “doit traiter trop de problèmes<br />

à la fois ". Ce qui n’empêche<br />

que près de 29% estiment<br />

que le “gouvernement reproduit<br />

les métho<strong>des</strong> <strong>des</strong> gouvernements<br />

précédents".<br />

Ouverts sur l’Europe et le<br />

Maghreb (43%), les <strong>Marocains</strong><br />

se déclarent, nonobstant le<br />

lourd bilan du gouvernement,<br />

confiants dans l’avenir (48%),<br />

malgré un cinquième de pessimistes.<br />

Enfin, la majorité de l’échantillon<br />

est au courant de la multiplication<br />

de la société civile.<br />

L’occasion était trop belle pour<br />

la laisser passer. Néanmoins,<br />

78,1% déclarent l’être par<br />

ouïe-dire et pas plus de 6,3%<br />

sont <strong>des</strong> membres actifs d’associations<br />

bien que 72,6%<br />

qualifient l’action <strong>des</strong> ONG de<br />

très importante ou importante<br />

pour le développement.<br />

L’ouverture et la mobilité de<br />

nos concitoyens a aussi <strong>des</strong><br />

relents de versatilité certaine.<br />

L’opinion publique serait perdue<br />

au sein de la nucléarisation<br />

<strong>des</strong> partis. À eux de<br />

prendre la balle au bond.❏<br />

A.D.A<br />

Éclairage...<br />

ACTUALITÉ<br />

Faux procès du politique<br />

Par Mustapha Sehimi<br />

Nous y voilà donc: voilà qu’un sondage commandité par une ONG<br />

Maroc 2020 en l’occurrence – et ALM/CSA- TMO aboutit pratiquement<br />

à ce constat: la fin du politique. Et de nous expliquer que seuls 8,2%<br />

<strong>des</strong> sondés comptent rester fidèles à leur parti au cours <strong>des</strong> prochains scrutins<br />

que 60% d’entre eux se prononcent pour l’accomplissement de leur<br />

devoir civique; que 57% se décideront sur la base du profil du candidat,<br />

qu’il soit ou non parrainé par un parti; et que 70% considèrent le mouvement<br />

associatif comme important – ils en attendent “beaucoup ou assez”<br />

dans le développement du pays.<br />

Quoi de neuf, dira-t-on? Pas grand-chose, contrairement à la récupération<br />

politicienne que pourraient en faire certains, bien prompts à mettre<br />

en exergue les chiffres qui les arrangent pour tenter de se donner une visibilité<br />

alternative qu’il s’échinent depuis <strong>des</strong> années à trouver. Réalisé à<br />

froid, pour ainsi dire, à dix mois <strong>des</strong> prochaines élections législatives intéressant<br />

la Chambre <strong>des</strong> représentants, ce sondage donne simplement une<br />

photographie d’une situation instantanée à un moment donné ; et rien ne<br />

dit qu’il donnerait les mêmes résultats lors de la campagne électorale et a<br />

fortiori lorsque les électeurs auront réellement à formuler leur choix, le jour<br />

du scrutin.<br />

Cela dit, cette histoire de déficit de l’engagement politique est une vieille<br />

lune qui traîne depuis les années soixante. Dépolitisation, départisation:<br />

que n’a-t-on écrit à cet égard tout au long <strong>des</strong> décennies écoulées sans que<br />

le politique – que l’on dit toujours moribond et condamné à terme – ne<br />

résiste et, tel le Phénix de la légende, ne renaisse de ses cendres. Ce qui<br />

fonde pratiquement l’argumentaire de ceux qui font le procès permanent<br />

de la politique c’est surtout l’abstentionnisme électoral qui serait la preuve<br />

d’une démocratie à refaire. <strong>Les</strong> premiers commentaires relatifs à ce sondage<br />

ne disent pas autre chose quand il s’en prennent aux partis présentés<br />

comme se trouvant désormais dans une passe difficile sinon critique.<br />

À cela, l’on peut objecter que peut-être la participation n’est pas vraiment<br />

la norme, sans que l’on ait besoin de recourir aux théories de Pierre<br />

Bourdieu. On peut également invoquer le fait que la faiblesse de la participation<br />

n’est pas tellement le signe de la participation de certains mais<br />

de l’exclusion du plus grand nombre. Et là s’impose un caractère commun<br />

aux différentes catégories manifestant peu d’intérêt pour la politique :<br />

leur situation d’exclus économiques et sociaux. En d’autres termes, le déni<br />

d’intérêt pour la politique ne serait qu’une expression et une consécration<br />

subjectives de l’assignation <strong>des</strong> rôles et <strong>des</strong> statuts sociaux. Audelà<br />

de la question de la participation, c’est la problématique d’un système<br />

politique excluant, fabriquant de l’inégalité et de la marginalisation,<br />

qui doit être inscrite à l’ordre du jour. Pour autant, les ONG existantes auraient<br />

tort de croire qu’elles vont être créditées ipso facto, mécaniquement<br />

donc, du déficit de participation <strong>des</strong> citoyens dans le politique traditionnel.<br />

Rien n’est moins sûr : parce que par nature, les fonctions du tissu associatif<br />

et <strong>des</strong> partis politiques ne sont pas de même nature, même si certains<br />

s’obstinent à présenter, de manière surdimensionnée, l’action associative<br />

comme le stade supérieur du militantisme moderne ; mais aussi,<br />

parce que le “verbiage” d’un certain discours de la société civile n’est qu’un<br />

trompe-l’œil de stratégies de carrière individuelles à visées électorales. <strong>Les</strong><br />

ambiguïtés d’une association comme Maroc 2020 – partie prenante dans<br />

ce sondage – ne trompent personne. Pour l’heure, tels qu’ils sont, avec leurs<br />

insuffisances et leur passif, les partis nationaux, toutes tendances confondues,<br />

sont une armature politique bien présente. Par leurs parcours historiques,<br />

par le capital symbolique dont certains sont encore porteurs, par<br />

les réalités sociologiques que tous expriment à un titre ou à un autre, il<br />

est plutôt mal venu de leur faire, à travers un sondage élaboré sur la base<br />

d’un questionnaire si peu neutre, un mauvais procès.❏<br />

Maroc Hebdo International - N° 488 - Du 30 nov. au 6 déc. 2001 -5

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