L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM

construire leur souveraineté et souhaitant s’affirmer sur une scène régionale ou internationale.
Cela a plusieurs implications sur :
le lieu de la menace : depuis la fin de la guerre froide, l’activité sous-marine s’est
rapprochée des côtes passant du maintien des voies de communication entre les Etats-
Unis et l’Europe ou le Japon à l’affirmation de stratégies de déni d’accès par un nombre
croissant de pays dotés de sous-marins classiques, ce qui a modifié les modes
opératoires en lutte ASM. Ce tropisme côtier ne doit pas être restrictif, la haute-mer
restant un théâtre de choix pour les grandes puissances navales. La lutte anti-sousmarine
doit désormais s’exercer dans tous les milieux ;
la nature de la menace : l’utilisation d’armes anti-navires à changement de milieu, le
développement des missiles de croisière lancés en plongée font peser une menace plus
lointaine contre les navires, nouvelle pour les villes ou les installations des littoraux ;
le degré de la menace : nous ne sommes plus dans le cadre d’une course effrénée aux
armements telle qu’elle a pu avoir lieu pendant la guerre froide. L’instrument sous-marin
est effectivement disséminé, mais seules les grandes puissances conservent actuellement
le cœur de métier et le noyau technologique nécessaires à la construction de flottes sousmarines
réellement puissantes capables d’agir loin et longtemps. Pour autant de plus en
plus d’Etats acquièrent peu à peu une compétence dans la mise en œuvre des sousmarins
classiques aux capacités moindres mais réelles.
La multiplication et la montée en puissance des flottes sous-marines fait ré-émerger un spectre
qui avait semblé disparaitre de notre paysage maritime depuis une vingtaine d’années. Pour ces
raisons, la lutte anti-sous-marine, connaît un regain d’intérêt dans le monde entier.
1. Des ruptures technologiques sous le dioptre
a. L’AIP (Air Independent Propulsion) révolutionne l’emploi des sousmarins
classiques
Excellent compromis coût/performance pour les jeunes marines, le sous-marin doté d’une
propulsion indépendante de l’atmosphère ou anaérobie allie à la fois discrétion et autonomie en
plongée, celle-ci étant augmentée de quelques jours à trois ou quatre semaines 23. Trois
entreprises se partagent ce marché qui modifie sensiblement le concept d’emploi des sousmarins
classiques :
La firme suédoise Kockums, pionnière en la matière, s’inspire du principe de combustion
externe de Stirling pour développer un moteur testé pour la première fois en 1989. Sa
discrétion acoustique est remarquable, et si sa puissance est limitée (2x 75kW), il est
plus endurant que ses concurrents. Il équipe aujourd’hui les unités singapouriennes et
les Soryu japonais.
L’allemand HDW/Siemens a opté pour la pile à combustible (hydrogène sur l’anode,
oxygène sur la cathode) produisant de l’eau distillée, de l’énergie calorifique
(relativement faible, à 80°C) mais motrice. Les U-214 sud-coréens en sont équipés.
le MESMA français (Module d’Energie Sous-Marine Autonome), est une chaudière
alimentée par un dérivé de carburant classique qui offre la plus forte puissance (200
kW), mais au prix d’une consommation accrue. Ce système est assemblé sous la forme
d’un module de 305 tonnes aisément intégrable à un sous-marin classique (par exemple
le Scorpène). Trois des six Scorpènes indiens devraient en être équipés, tandis que la
Malaisie songe à l’installer sur l’un de ses deux bâtiments.
Sur la cinquantaine de sous-marins classiques en construction à l’heure actuelle, 33 sont
destinés à être équipés d’un module anaérobie. Très discret, l’AIP est toutefois uniquement mis
en œuvre lorsque le bâtiment a rejoint son théâtre d’opération. En effet, les autres modes de
23 La vitesse est alors limitée à 4 ou 5 nœuds.
21