L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM

- La flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins : dissimulée dans la base de Sanya
nouvellement construite sur l’île de Hainan, elle regroupe le Xia (Type-092), navire
prototype, qui ne serait pas opérationnel, ainsi que les 2 Jin (Type-094) dont le
déploiement opérationnel est prévu fin 2012. Si la Chine n’a pas encore lancé de missiles
nucléaires en plongée, elle envisage cette capacité à court terme, même si elle en fait
plus une arme de prestige qu’une arme stratégique de seconde frappe (ces missiles
seraient pourtant de nature à menacer le territoire métropolitain des Etats-Unis en
contournant leur défense anti-missile).
Il est important de noter que la technologie chinoise se fonde pour le moment essentiellement
sur des équipements achetés auprès de marines étrangères, copiés et modifiés en fonction des
besoins 9. On ne doit cependant pas sous-estimer la capacité militaro-industrielle de Pékin, même
si l’acquisition de savoir faire comporte une certaine inertie. En matière de sous-marins, malgré
l’expérience chinoise 10, la flotte demeure relativement bruyante, ce qui limite ses capacités.
Pékin fait aussi face à des difficultés logistiques et humaines qui restreignent ses velléités sousmarines.
Toutefois, il ne fait aucun doute que d’ici quelques années, les Chinois sauront mettre
en oeuvre des sous-marins classiques et nucléaires opérationnels, dans un cadre doctrinal plus
offensif. La Chine renouvelle progressivement ses sous-marins, et l’on constate depuis 2008 une
activité croissante : le nombre de patrouilles augmente et certains bâtiments s’aventurent
jusque dans le Pacifique central.
c. Des capacités ASM quasi-inexistantes
Alors que la flotte sous-marine chinoise est nombreuse, les capacités anti-sous-marines de Pékin
demeurent paradoxalement embryonnaires : la PLAN dispose de 20 hélicoptères de type Z-8
(dérivés du Super Frelon) et 25 hélicoptères Z-9 Haitun (dérivés du Dauphin), gréés en ASM,
mais d’aucun aéronef de patrouille maritime à long rayon d’action. Quelques frégates et
corvettes complètent le dispositif, relativement léger si l’on porte un regard global sur le
dimensionnement de la marine Chinoise. Les capacités de détection et de « chasse » sont très
faibles, et l’emploi des moyens suit des schémas trop monolithiques, bien éloignés de la
complémentarité nécessaire dans un domaine aussi complexe que la lutte anti-sous-marine.
On constate toutefois que les Chinois manifestent un intérêt en matière de surveillance, comme
en témoigne l’installation en mer de Bohai d’un système comparable au SOSUS américain afin de
surveiller les approches de l’île de Hainan, le sanctuaire de ses sous-marins nucléaires.
d. Le casse-tête chinois (stratégie indirecte, face aux grandes puissances,
et aux Etats riverains)
La « menace chinoise » telle qu’elle est perçue par l’Occident est en partie biaisée par les
manœuvres médiatiques de Pékin et la réactivité intéressée de Washington. Les mouvements
chinois reflètent leur perception de la menace et se structurent autour d’une stratégie indirecte
mettant en convergence des moyens politiques, économiques, militaires et diplomatiques.
L’influence d’une politique d’affichage des moyens en fait largement partie. L’objectif est
d’établir la domination chinoise dans la région sans concurrence frontale :
Repousser la ligne rouge : la multiplication des incidents en mer de Chine méridionale
autour des Paracels et des Spratleys témoigne de la progression de la mainmise chinoise
sur ces archipels. La Chine oppose une rhétorique strictement défensive tout en menant
des opérations offensives, de pression et d’intimidation, en sus d’une occupation
physique et diplomatique du terrain. Mélange de mesure et de provocation, le jeu est
9 Par exemple : la torpille Yu-6 est dérivée de la Mark 48 américaine, les missiles antinavires YJ-82/83 de
l’Exocet français. Les nouveaux sous-marins de classe Yuan seraient inspirés du design des Kilo russes.
10 Les Chinois ont acquis leurs premiers sous-marins en 1953 (cf ZAJEC Olivier, Sous-marins ! Retour sur
un tropisme chinois, Défense et Sécurité Internationale Hors Série n°15, Décembre 2010-Janvier 2011.)
8