L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM

I. La menace sous-marine en Asie du Sud-Est : quelle réalité ?
Les forces sous-marines du Sud-Est asiatique ont connu une croissance de plus de 50% entre
2000 et 2007. 80 à 100 nouveaux sous-marins devraient entrer en service d’ici 2018 au sein des
flottes régionales. Ce tropisme sud-est asiatique est remarquable et témoigne d’un mimétisme
frappant en matière d’armement. Un préalable nécessaire à la bonne appréhension de la menace
demeure bien évidemment d’effectuer une étude politique et géographique des lieux.
1. Etude du théâtre
a. Géopolitique
L’Asie du Sud-Est est un pôle d’intérêt pour les grandes puissances économiques d’aujourd’hui
et de demain comme la Chine, le Japon et la Corée mais aussi les Etats-Unis et l’Australie. On y
trouve des puissances régionales très actives comme Singapour, la Malaisie, la Thaïlande,
l’Indonésie, le Vietnam, Brunei ou les Philippines. Dans ce triangle se trouve le cœur stratégique
de l’Asie du Sud-Est, la mer de Chine méridionale, théâtre de rivalités politiques et économiques
multiples. Bordée par dix des plus grands ports du monde, elle voit transiter notamment 80% du
pétrole destiné au Japon et 90% du commerce extérieur de la Chine. La richesse de ses
ressources halieutiques et de ses sols 2 suscite par ailleurs la convoitise des pays riverains qui
focalisent leur attention sur les archipels des Paracels et des Spratleys.
De nombreux incidents ont ainsi émaillé l’Histoire récente de la mer de Chine méridionale,
opposant la marine chinoise à ses voisines.
- Les Paracels : cet archipel revendiqué par le Vietnam et Taïwan est situé au Sud de l’île
de Hainan, base des sous-marins nucléaires chinois. Stratégique pour Pékin, qui y est
installé depuis janvier 1974 3, cet archipel voit également la réaffirmation des
prétentions vietnamiennes depuis 1996.
- Les Spratleys : situé plus au Sud de la Mer de Chine Méridionale, cet archipel est l’objet
des convoitises des Philippines, de la Malaisie, de Brunei, du Vietnam, de la Chine et de
Taïwan. En plus des ressources en hydrocarbures qu’il abrite, il présente un intérêt pour
consolider le « sanctuaire chinois » en mer de Chine méridionale et gêner l’activité de la
flotte américaine dans la région. Là encore, la puissance navale chinoise s’étend car,
depuis 1988, la Chine a investi les lieux.
Les tensions régionales vont croissant, malgré la signature en 2002 d’un Code de Conduite 4 –
non contraignant – ayant pour vocation d’apaiser la situation. La mer de Chine méridionale
demeure une « garnison flottante » 5, un point de rencontre pour tous ces pays aux prétentions
souverainistes.
2 Une réserve de 20 milliards de tonnes d’hydrocarbures selon certaines sources.
3 Pékin y a disposé une garnison militaire, des troupes de marine et des batteries de missiles sol-air (PLAN
spearheads China’s ambitions for a greater regional sphere of influence, Jane’s Navy International,
Novembre 2010)
4 Declaration on the Conduct of Parties in the South China Sea signée le 4 novembre 2002 à Phnom Penh au
Cambodge, dans le cadre du 8 ème sommet de l’ASEAN.
5 Expression de Robert D. Kaplan.
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