L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM

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. Environnement La mer de Chine méridionale étant éloignée des théâtres d’opérations usuels de la Marine Nationale, les caractéristiques environnementales de la région sont peu connues. Les données sont essentiellement d’origine américaine et livrent les éléments théoriques suivants : - Bathymétrie et sédimentologie : on constate une zone importante de petits fonds (60%), suivie d’un talus et d’une cuvette de 1500 km de large en diagonale, atteignant une profondeur de 3500 à 4500m. Les sous-marins classiques privilégieront les zones chahutées (10%) aux abords des archipels des Paracels et Spratleys. Les fonds vaseux et sableux sont par ailleurs favorables à l’exploitation des ondes acoustiques. Les sousmarins nucléaires rechercheront plutôt les grands fonds. - Météo : l’état de mer et la force du vent restent très modérés au printemps et en été, permettant un usage sécurisé et efficace des équipements de lutte anti-sous-marine. En automne et en hiver, le vent forcit et la mer grossit, rendant les manœuvres plus difficiles et la détection plus aléatoire. Les courants ne sont généralement pas contraignants. - Profil célérimétrique : le gradient de célérité est fortement négatif mais laisse la possibilité statistique d’un chenal de surface exploitable en été, automne et hiver, ce qui est favorable à la detection. - Bruit : le bruit ambiant lié au trafic et aux phénomènes météorologiques est relativement faible, comparable aux conditions acoustiques au large de la Bretagne. Bathymétrie de la mer de Chine méridionale 5
(Source : SHOM) Ces éléments esquissent une zone d’opération comparable au Golfe de Gascogne, en termes bathymétriques et bathythermiques. Ces conditions sont favorables à la lutte anti-sous-marine en été et en automne. Il est par ailleurs important de souligner l’existence de nombreuses zones « chahutées » aux abords des archipels, soit autant d’endroits favorables aux sous-marins qui peuvent s’y dissimuler aisément 6 et ainsi tromper tout bâtiment ASM aux capacités les plus performantes. Dans les détroits, la faible profondeur, les courants, sont défavorables aux gros sous-marins dont la liberté de manœuvre est réduite. La détection, si elle demeure relativement difficile dans le domaine de l’actif 7 laisse des possibilités dans le passif (attention cependant au bruit du trafic maritime) et les domaines non-acoustiques 8. Avantages Inconvénients Sous-marins - conditions de propagation des ondes - fonds chahutés - météo (automne/hiver) Bâtiments ASM - bruit ambiant faible - fonds réfléchissants et absorbants - profil célérimétrique (été/automne) - faible profondeur (marge de manœuvre réduite) - petits fonds - météo (automne/hiver) Il est vital d’approfondir notre connaissance de ces paramètres dans une zone qui deviendra sous 10 à 15 ans un théâtre sous-marin majeur. En plus de la flotte sous-marine chinoise déjà conséquente, six pays se verront bientôt dotés de sous-marins, sans compter la présence de marines extrarégionales. 2. Pékin sous les mers a. L’ambition navale chinoise C’est en 1985 que l’Amiral Liu Huaqing pose les fondations d’une stratégie navale chinoise, s’inspirant des écrits de l’américain Mahan. La Chine comprend alors le rôle de l’instrument maritime dans son développement économique et sa quête de puissance. Se sentant isolée politiquement, cernée par l’Inde, le Japon, le rayonnement américain en Asie du Sud-Est, voire même la présence de l’OTAN en Afghanistan à partir de 2001, elle tourne son regard vers les horizons marins, comme un moyen de briser cet encerclement. Dans les années qui suivent, l’ambition chinoise prend corps et mobilise des moyens considérables – la modernisation militaire est continue depuis 30 ans – ce qui fait faire à la PLAN (People’s Liberation Army Navy) un bond phénoménal en l’espace de quelques années. L’intérêt de la Chine maritime réside dans la préservation de ses approvisionnements en alimentation, en matières premières et énergétiques, la protection des voies maritimes par 6 Par exemple, un sous-marin pourrait se poser sur le fond dans un endroit stratégique et attendre le passage d’unités d’intérêt. Cette manœuvre requiert cependant un savoir-faire certain. 7 On songe notamment au phénomène de réflexion sur le fond et la surface empêchant l’exploitation des ondes acoustiques (« effet cathédrale »). 8 On songe notamment à l’emploi de l’infrarouge, mais aussi et surtout à la veille visuelle et radar. En effet, dans les petits fonds, les sous-marins seront proches de l’immersion périscopique. 6
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