L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM

augmentation conséquente de la portée de détection, jusqu’à plusieurs dizaines de milles
nautiques. Ce système a également été commandé par les Etats-Unis, qui accusent un
retard important en matière de détection active de ce type 26.
L’actif est en effet privilégié à l’encontre de bâtiments peu bruyants (notamment les
sous-marins classiques aux électriques), lorsque les moyens passifs sont insuffisants.
Deux tendances suivent ces évolutions technologiques des capacités de détection :
la première concerne le traitement et la classification du signal : les marines recherchent
plus de précision dans l’analyse des signatures acoustiques, à des fins militaires
(détection, identification). Les bruits transitoires, phénomènes acoustiques ponctuels,
constatés par exemple lors d’un changement d’allure, sont particulièrement étudiés.
la deuxième est le multi-statisme : cette capacité offre la possibilité d’élargir l’aire de
détection en disposant plusieurs récepteurs dans l’eau et en corrélant les informations
acoustiques reçues. Les avantages sont multiples : atténuation de la réverbération
fond/surface dans les zones de petits fonds ou de fonds chahutés, amélioration de la
classification et de la localisation des cibles. Ce système n’est toutefois pas encore au
point en France.
c. De nouveaux armements sous-marins
La torpille lourde demeure l’arme privilégiée des sous-mariniers, et la Mark 48 américaine est la
référence depuis plusieurs années. On trouve également la Yu-6 chinoise, sa copie, et la F-21
Artémis, nouvelle torpille de DCNS, qui entrera en service à partir de 2015.
Par ailleurs, des moyens plus exotiques sont apparus, tels que la torpille à suivi de sillage, de
conception russe, et sa copie chinoise, la Yu-5. Aucune contre-mesure n’existe à l’heure actuelle,
mais la Corée du Sud s’affaire dans ce domaine. La torpille-fusée, torpille super-cavitante, ou
shkval fait également parler d’elle depuis quelques années. Lancée à une vitesse de 50 nœuds,
pouvant monter jusqu’à 200 nœuds, sa charge explosive et sa portée sont limitées (jusqu’à 10
km), mais cette torpille reste une arme potentiellement redoutable.
Des missiles complètent l’arsenal de torpilles des sous-marins. Les missiles à changement de
milieu ou missiles antinavires ont d’abord été imaginés par les Soviétiques, leur existence fait
peser une menace sur les porte-avions américains depuis la guerre froide. Leur efficacité en
termes de dégâts est peut-être moindre que celle d’une torpille lourde mais leur portée plus
importante élargit le périmètre de la menace. Depuis, le SM-39 français et le Sub-Harpoon
américain (qui équipe les sous-marins australiens, japonais et sud-coréens) se sont ajoutés
comme armes anti-navires, suivis par le YJ-82 chinois.
Les flottes d’Asie du Sud-Est restent équipées d’armements classiques. Mais la véritable
inquiétude vient de la prolifération des missiles de croisière navals qui menacent les littoraux.
La Russie entretient cette capacité historique sur ses sous-marins nucléaires (un Severodvinsk,
onze Oscar II) tandis que les Etats-Unis ont converti en 2006 quatre de leurs sous-marins de
type Ohio, désormais dotés d’un total de 154 Tomahawk Block IV. S’inscrivent dans leur sillage :
la Chine qui développe le HN-2C, expérimenté sur les sous-marins Song, ainsi qu’une
version du Ying-Ji 62 (C-602) opérable à partir de sous-marins ;
la Corée du Sud : cette capacité est intégrée dans le cahier des charges du projet KSS-3 ;
l’Inde : le SLBM K-4 et le SLBM K-15 Sagarika, respectivement de 3500 et 700 km de
portée, sont évoqués pour équiper l’INS Arihant.
26 A noter que les sonars actifs sont absents des sous-marins français : en effet, l’émission acoustique
brise le meilleur atout du vaisseau noir : sa discrétion. Outre-Atlantique, les sous-marins qui constituent la
composante principale des forces anti-sous-marines en sont à présent équipés et la France y songe à
nouveau pour ses sous-marins.
23