L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM
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propulsion (diesels alternateurs) sont privilégiés pour <strong>la</strong> navigation à l’immersion périscopique<br />
ou en surface, en raison <strong>de</strong> leur puissance spécifique bien plus importante.<br />
A noter : si <strong>la</strong> discrétion <strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-marins c<strong>la</strong>ssiques est accrue par l’AIP, ils sont encore loin<br />
d’égaler les performances <strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-marins nucléaires : leur vitesse limitée en plongée restreint<br />
leurs capacités manœuvrières, influençant directement leur utilité opérationnelle (é<strong>la</strong>boration<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> situation tactique, mise en œuvre <strong>de</strong>s armements, manœuvres tactiques).<br />
Cette rupture technologique a cependant <strong>au</strong> moins trois conséquences :<br />
elle permet un emploi opérationnel plus <strong>la</strong>rge <strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-marins c<strong>la</strong>ssiques, qui peuvent<br />
désormais effectuer <strong>de</strong>s patrouilles <strong>de</strong> longue durée en plongée discrète <strong>au</strong>x abords <strong>de</strong>s<br />
zones d’intérêts en ne remontant que pour observer ou communiquer ;<br />
elle dép<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> menace <strong>sous</strong>-<strong>marine</strong> vers les littor<strong>au</strong>x, théâtre privilégié <strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-marins<br />
c<strong>la</strong>ssiques anaérobies où leurs faibles dimensions sont un avantage par rapport à celles<br />
<strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-marins nucléaires ;<br />
elle modifie l’équilibre détection/discrétion : 80% <strong>de</strong> <strong>la</strong> détection <strong>sous</strong>-<strong>marine</strong><br />
s’effectuant par <strong>de</strong>s moyens radar ou optique lorsque le <strong>sous</strong>-marin est à l’immersion<br />
périscopique, l’<strong>au</strong>gmentation du temps d’immersion réduit les chances <strong>de</strong> détecter un<br />
<strong>sous</strong>-marin dans un théâtre donné. La signature acoustique <strong>de</strong> ces bâtiments est par<br />
ailleurs très réduite, ce qui justifie parallèlement un regain d’intérêt pour les<br />
technologies <strong>de</strong> détection <strong>anti</strong>-<strong>sous</strong>-<strong>marine</strong>.<br />
b. L’équilibre détection / discrétion<br />
Depuis l’invention du <strong>sous</strong>-marin, cet équilibre entre détection et discrétion, jeu technologique<br />
entre le chasseur et le chassé, régit les lois <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>lutte</strong> <strong>anti</strong>-<strong>sous</strong>-<strong>marine</strong>. La discrétion croissante<br />
<strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-marins s’oppose ainsi <strong>au</strong> développement progressif <strong>de</strong> capacités d’écoute passive puis<br />
active, dont <strong>la</strong> <strong>lutte</strong> <strong>sous</strong> <strong>la</strong> mer requiert un savant mé<strong>la</strong>nge :<br />
le passif fut d’abord développé afin <strong>de</strong> faire face à <strong>la</strong> menace soviétique re<strong>la</strong>tivement<br />
bruyante durant <strong>la</strong> guerre froi<strong>de</strong>. Les progrès techniques en matière <strong>de</strong> discrétion<br />
acoustique 24 ren<strong>de</strong>nt désormais les <strong>sous</strong>-marins <strong>de</strong> plus en plus silencieux et invisibles.<br />
Les Etats-Unis admettent eux-mêmes l’obsolescence <strong>de</strong> leur système SOSUS. L’écoute<br />
très basse fréquence (ETBF) tombe progressivement en désuétu<strong>de</strong>, et ne <strong>de</strong>meure le<br />
moyen <strong>de</strong> veille principal pour les bâtiments <strong>de</strong> surface qu’en h<strong>au</strong>te mer. Des réflexions<br />
sont actuellement menées sur un sonar passif à <strong>la</strong>rge ban<strong>de</strong>, plus discriminant, moyen<br />
privilégié en zones <strong>de</strong> petits fonds. Les <strong>sous</strong>-marins, qui conservent un besoin vital <strong>de</strong><br />
dispositifs passifs, sont <strong>de</strong> plus en plus dotés d’antennes <strong>de</strong> f<strong>la</strong>nc, moins gênantes que les<br />
antennes remorquées, surtout par petits fonds.<br />
l’actif est un domaine dans lequel <strong>la</strong> France fut pionnière dans les années 70 et parvint à<br />
accumuler une avance technologique considérable 25. La France a ainsi développé l’ATBF<br />
(Actif Très Basse Fréquence) : véritable révolution dans <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong>s sonars actifs, le<br />
4249 (ou 2087 sur les T-23 britanniques) présente <strong>la</strong> spécificité <strong>de</strong> séparer l’émetteur<br />
(le « poisson ») et le récepteur (l’antenne linéaire remorquée, également utilisée en<br />
écoute passive), ce qui permet une très basse fréquence d’émission, donc une<br />
24 Ils sont passifs (taille et forme <strong>de</strong> <strong>la</strong> coque évitant les « angles miroirs », amortissement <strong>de</strong>s<br />
équipements bruyants, discrétion <strong>de</strong>s organes <strong>de</strong> propulsion) ou actifs, ce que l’on nomme le « clouding »<br />
(revêtement anéchoïque, revêtement avec action en contre-phase, métamatéri<strong>au</strong>x à indice <strong>de</strong> réfraction<br />
négatif).<br />
25 Les capacités <strong>anti</strong>-<strong>sous</strong>-<strong>marine</strong>s américaines se fon<strong>de</strong>nt essentiellement sur les <strong>sous</strong>-marins, dont le<br />
maître mot est <strong>la</strong> discrétion. Or, l’usage <strong>de</strong> sonars actifs est par définition indiscret, d’où <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur<br />
<strong>de</strong>s sonars actifs capables <strong>de</strong> détecter en utilisant <strong>de</strong>s sign<strong>au</strong>x actifs d’un nive<strong>au</strong> d’énergie comparable à<br />
celui du bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer. Les <strong>sous</strong>-marins américains emportent <strong>au</strong>jourd’hui <strong>de</strong>s sonars actifs, mais les<br />
dispositifs passifs restent <strong>la</strong>rgement privilégiés.<br />
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