L'importance de la lutte anti-sous-marine au 21e siècle - CESM

Cette forme de « banalisation » du missile de croisière ou de missiles contre terre sur les sousmarins
est particulièrement inquiétante pour les agglomérations des littoraux.
2. Un renouveau de la lutte ASM en Asie du Sud-Est ?
Quel effet recherche-t-on en Asie du Sud-Est ? Historiquement, la lutte anti-sous-marine a eu
deux fonctions : contrôler (blanchir) une zone ou protéger des bâtiments y transitant. Seule la
seconde proposition est encore réalisable avec les moyens disponibles actuellement.
a. L’importance de la surveillance
Une connaissance élaborée de l’environnement doublée d’une évaluation concrète de la menace
est un préalable au bon emploi des moyens de lutte anti-sous-marine dans un théâtre donné.
Depuis 1984, le programme américain SURTASS déploie une flottille bâtiments de surveillance
océanique (T-AGOS : Tactical Auxiliary General Ocean Surveillance) ayant pour principale
mission de collecter du renseignement acoustique sur les sous-marins du monde entier. Ces
bâtiments tractent un dispositif d’antennes linéaires remorquées de plusieurs centaines de
mètres de long, destiné à acquérir et à mettre à jour les données acoustiques des sous-marins
d’une zone donnée. L’USNS Impeccable évoqué supra, opère ainsi en Asie du Sud-Est.
Les Etats-Unis développent par ailleurs des réseaux de capteurs sous-marins (PLUS – Persistant
Littoral Undersea Surveillance), pour la fonction « surveillance », notamment en mer de Chine
méridionale.
Les efforts français portent sur le recueil des données concernant le milieu océánique
(température, salinité).
b. Le programme LCS : une erreur ?
Conçu pour répondre aux manœuvres de déni d’accès et à la surveillance des zones
économiques exclusives, le programme LCS (Littoral Combat Ship) concentre et concrétise les
évolutions doctrinales et technologiques des Etats-Unis. C’est le choix de la modularité qui est
fait : celui de deux séries de bâtiments, destinés à être construits au total à plus de 55
exemplaires. Chaque bâtiment est doté d’un module (ou payload) dans un domaine de lutte
particulier choisi en fonction de la mission confiée. Le premier module ASM, délivré en 2008,
comporte un vaste éventail de senseurs aérien, de surface et sous-marins :
un hélicoptère MH-60R SeaHawk équipé d’un sonar FLASH et de torpilles,
des drones sous-marins (UAV pour Underwater Autonomous Vehicle) dotés de sonars,
opérant de concert avec des réseaux de senseurs et de bouées acoustiques (DADS – Deep
Active Detection System).
L’US Navy investit beaucoup de moyens dans le développement de robots de lutte anti-sousmarine.
Après le développement, peu concluant, d’un drone hélicoptère doté d’un sonar trempé
(DASH), les drones sous-marins semblent connaître un succès plus tangible. Ils sont
actuellement cantonnés à une mission de détection, et les Américains développent leur
intelligence artificielle. Pour autant, deux écueils demeurent : le manque d’endurance et les
difficultés en matière de communication sous l’eau, ce qui limite fortement le spectre
opérationnel de ces modules ASM détachés.
Si le concept paraît alléchant, nombreux sont ses détracteurs. Des doutes sont émis sur
l’efficacité des équipements de lutte anti-sous-marine, ainsi que sur la capacité d’autodéfense
des bâtiments dans un environnement incertain et multirisques, comme la mer de Chine
méridionale. La portée opérationnelle des LCS est inférieure aux objectifs.
Ce sont des bâtiments performants mais contraints d’opérer en groupe afin d’offrir une réponse
à l’ensemble du spectre des menaces navales présentes sur les théâtres maritimes stratégiques.
24