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JEAN-DANIEL LALLEMAND L'éthique cartésienne de la ... - Thèses

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L'être <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée Qu'est-ce que "penser" ?<br />

qui est signifiée par mes paroles. » Méditations Métaphysiques –<br />

Réponses aux Secon<strong>de</strong>s Objections. Adam et Tannery, Vol. IX - page 124 23<br />

Mais ce<strong>la</strong> n'est pas d'un grand apport, car seul celui qui parle sait qu'« il entend ce<br />

qu'il dit », et qu'il ne s'agit donc pas simplement <strong>de</strong> psittacisme. Il est d'ailleurs<br />

également le seul à savoir qu'il a en lui l'idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose qu'il cherche à exprimer. Or<br />

<strong>la</strong> question n'est pas, pour lui, <strong>de</strong> découvrir par <strong>la</strong> médiation <strong>de</strong> sa parole qu'il a une<br />

pensée, puisqu'on a vu qu'il accè<strong>de</strong> immédiatement à sa pensée *. C'est <strong>la</strong> parole<br />

d'autrui qu'il faut examiner. Cette parole signifie quelque chose, c'est-à-dire qu'en<br />

entendant (ou en lisant) <strong>de</strong>s mots, nous sommes conduits à concevoir une chose, qui<br />

est précisément <strong>la</strong> chose signifiée :<br />

« Vous savez bien que les paroles, n'ayant aucune ressemb<strong>la</strong>nce avec les<br />

choses qu'elles signifient, ne <strong>la</strong>issent pas <strong>de</strong> nous les faire concevoir, &<br />

souvent même sans que nous prenions gar<strong>de</strong> au son <strong>de</strong>s mots, ni à leurs<br />

syl<strong>la</strong>bes ; […] Or, si <strong>de</strong>s mots, qui ne signifient rien que par l'institution<br />

<strong>de</strong>s hommes, suffisent pour nous faire concevoir <strong>de</strong>s choses, avec<br />

lesquelles ils n'ont aucune ressemb<strong>la</strong>nce : […] » Le Mon<strong>de</strong> – Chapitre<br />

Premier. Adam et Tannery, Vol. XI - page 4 24<br />

Mais ce<strong>la</strong> ne nous avance toujours pas. En effet, ce ne peut être que par analogie, au<br />

motif qu'une parole prononcée par un autre homme provoque en moi une pensée, ce<br />

dont je suis certain car je perçois immédiatement cette pensée — mais lorsque mon<br />

chien remue sa queue, ne conçois-je pas également une idée, l'idée qu'il est joyeux ? —<br />

, et aussi que lorsque moi-même je prononce une parole c'est pour exprimer une<br />

pensée qui est en moi, j'induis que cet autre a une pensée en proférant une parole.<br />

Mais rien ne m'assure en fait qu'il n'est pas qu'un automate.<br />

Il faut donc en revenir à <strong>la</strong> seule caractéristique du <strong>la</strong>ngage articulé indiquée par<br />

Descartes qui puisse être vraiment déterminante, et qui est <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> manière<br />

particulière à chaque sollicitation particulière (cf. le texte précé<strong>de</strong>mment cité extrait<br />

du Discours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Métho<strong>de</strong>). Nous savons bien aujourd'hui — ce que Descartes ne<br />

pouvait pas savoir, à son époque — que ce critère ne fonctionne pas en pratique : les<br />

ordinateurs sont aujourd'hui tout à fait capables <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> manière totalement<br />

particulière et « à propos » à n'importe quelle question particulière (tout simplement,<br />

* Et c'est ainsi qu'il découvre, dans <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Méditation, qu'il a un « esprit humain », précisément<br />

parce qu'il est capable d'effectuer une conception (celle du morceau <strong>de</strong> cire, en l'occurrence) :<br />

« Mais quand je distingue <strong>la</strong> cire d'avec ses formes extérieures, & que, tout <strong>de</strong> même que si je lui<br />

avais ôté ses vêtements, je <strong>la</strong> considère toute nue, certes, quoiqu'il se puisse encore rencontrer<br />

quelque erreur dans mon jugement, je ne <strong>la</strong> puis concevoir <strong>de</strong> cette sorte sans un esprit humain. »<br />

Méditations Métaphysiques – Secon<strong>de</strong> Méditation. Adam et Tannery, Vol. IX – page 25.<br />

<strong>L'éthique</strong> <strong>cartésienne</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée 41

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