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JEAN-DANIEL LALLEMAND L'éthique cartésienne de la ... - Thèses

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L'être <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée Action et passion<br />

ses passions. » Les Passions <strong>de</strong> l'Âme – Première Partie. Adam et<br />

Tannery, Vol. XI - page 342<br />

L'expression <strong>de</strong> « force cognitive » qu'utilise Descartes dans les Regulæ ne sera pas<br />

reprise dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ses œuvres, ou correspondances. Il est d'ailleurs surprenant<br />

que l'on dise d'une "force" qu'elle puisse être passive… Mais le choix <strong>de</strong> ce terme, ici,<br />

est révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> ce qui intéresse en fait avant tout Descartes, à savoir <strong>la</strong> dimension<br />

active <strong>de</strong> l'esprit. Et si ce<strong>la</strong> l'intéresse particulièrement, c'est bien sûr parce que c'est<br />

là que se trouve <strong>la</strong> caractéristique principale <strong>de</strong> l'esprit, ce qui le distingue<br />

radicalement <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière. Il arrive même à Descartes d'oublier que l'âme peut aussi<br />

être passive, et d'aller jusqu'à affirmer que les pensées sont « entièrement en notre<br />

pouvoir » 27, ce qui excè<strong>de</strong> évi<strong>de</strong>mment ce qu'il pense réellement *.<br />

Action et passion<br />

Bien sûr, il a consacré tout un livre, et très important, aux passions <strong>de</strong> l'âme, comme<br />

son titre l'indique justement. Mais il note lui-même que son « <strong>de</strong>ssein n'a pas été<br />

d'expliquer les Passions en Orateur, ni même en Philosophe moral, mais seulement<br />

en Physicien » (Les Passions <strong>de</strong> l'Âme – Réponse à <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> lettre. Adam et<br />

Tannery, Vol. XI - page 326). Et en effet une part prépondérante <strong>de</strong> cette œuvre traite<br />

<strong>de</strong>s causes physiologiques <strong>de</strong>s passions, comme <strong>la</strong> plus ou moins gran<strong>de</strong> fluidité du<br />

sang ou encore <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s esprits animaux au travers <strong>de</strong> <strong>la</strong> g<strong>la</strong>n<strong>de</strong> pinéale.<br />

L'objectif principal <strong>de</strong> Descartes semble bien avoir été <strong>de</strong> montrer, d'une part que <strong>la</strong><br />

cause <strong>de</strong>s passions est dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas corporelle, et d'autre part que <strong>la</strong><br />

manière dont ces passions se manifestent s'explique, là encore en majorité, par une<br />

réaction mécanique du corps à ce qui, en lui, a provoqué telle passion dans l'âme.<br />

Mais ce qui se passe vraiment dans l'âme elle-même est finalement assez peu étudié.<br />

Les "passions" qui sont traitées par Descartes dans Les Passions <strong>de</strong> l'Âme ne<br />

concernent que celles qui « se rapportent » à l'âme elle-même 28 , comme l'admiration,<br />

l'amour, <strong>la</strong> haine, le désir, <strong>la</strong> joie et <strong>la</strong> tristesse (qui sont les six passions primitives),<br />

et non pas celles qui se rapportent aux objets extérieurs (couleurs, sons, par exemple)<br />

ou à notre corps (douleur, faim, soif…) 29, qui sont aussi <strong>de</strong>s "passions" au sens<br />

général du terme 30 . Mais que signifie exactement le fait <strong>de</strong> "se rapporter" à l'âme, au<br />

corps ou aux choses extérieures ? Descartes ne le dit pas. Il ne précise pas, en<br />

* « […] je n'ai jamais dit que toutes nos pensées fussent en notre pouvoir ; mais seulement que, s'il y<br />

a quelque chose absolument en notre pouvoir, ce sont nos pensées, à savoir celles qui viennent <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> volonté & du libre arbitre […] » Lettre au Père Mersenne du 3 décembre 1640. Adam et Tannery,<br />

Vol. III – page 249<br />

<strong>L'éthique</strong> <strong>cartésienne</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée 47

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