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JEAN-DANIEL LALLEMAND L'éthique cartésienne de la ... - Thèses

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L'être <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée Action et passion<br />

« Nos perceptions sont aussi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sortes, & les unes ont l'âme pour<br />

cause, les autres le corps. Celles qui ont l'âme pour cause, sont les<br />

perceptions <strong>de</strong> nos volontés, & <strong>de</strong> toutes les imaginations ou autres<br />

pensées qui en dépen<strong>de</strong>nt. Car il est certain que nous ne saurions vouloir<br />

aucune chose, que nous n'apercevions par même moyen que nous <strong>la</strong><br />

voulons. Et bien qu'au regard <strong>de</strong> notre âme, ce soit une action <strong>de</strong> vouloir<br />

quelque chose, on peut dire que c'est aussi en elle une passion<br />

d'apercevoir qu'elle veut. » Les Passions <strong>de</strong> l'Âme – Première Partie.<br />

Adam et Tannery, Vol. XI - page 343<br />

Descartes donne comme exemples les « volontés » et les « imaginations », mais il cite<br />

aussi, <strong>de</strong> manière générale, les « autres pensées qui en dépen<strong>de</strong>nt ». Nous<br />

interprétons cette <strong>de</strong>rnière expression comme visant toutes les pensées qui<br />

"dépen<strong>de</strong>nt" <strong>de</strong> l'âme (et non pas qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s volontés et imaginations).<br />

Autrement dit, toutes les actions <strong>de</strong> l'âme (et non pas seulement les volontés et<br />

imaginations) sont aussi, sans exception, <strong>de</strong>s passions <strong>de</strong> l'âme. La <strong>de</strong>rnière phrase <strong>de</strong><br />

l'extrait cité ci-<strong>de</strong>ssus est importante : apercevoir que l'on veut est une passion. Ce<br />

n'est pas une action. On ne "prend" donc pas conscience <strong>de</strong> sa volonté, on en a<br />

conscience. Et ceci est confirmé par <strong>la</strong> phrase précé<strong>de</strong>nte, dans <strong>la</strong>quelle Descartes<br />

affirme que nous apercevons que nous voulons quelque chose « par même moyen »<br />

que celui qui nous fait vouloir cette chose : vouloir et avoir conscience que l'on veut<br />

procè<strong>de</strong>nt d'un seul et même acte. Mais cet acte est aussi, simultanément, passion.<br />

L'esprit s'auto-affecte. Pour reprendre l'image utilisée dans les Regulæ, l'esprit est,<br />

non pas alternativement, mais bien simultanément dans ce cas, à <strong>la</strong> fois le cachet et <strong>la</strong><br />

cire (cf. page 46). Mais, comme d'ailleurs l'avait dit Descartes, il ne peut s'agir là que<br />

d'une analogie, car on ne peut se former réellement une image <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>. Car,<br />

immanquablement, si on le tentait, on serait conduit à imaginer <strong>de</strong>ux parties dans<br />

l'âme, dont l'une serait active, et l'autre une sorte <strong>de</strong> miroir dans lequel se<br />

refléteraient tous les événements qui arrivent à l'homme, que ce soit par<br />

l'intermédiaire <strong>de</strong> son corps ou directement du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction active <strong>de</strong> l'esprit. En<br />

fait, ce "miroir" existe bien dans <strong>la</strong> philosophie <strong>de</strong> Descartes, mais il n'est pas dans<br />

l'âme : il est dans le corps (c'est un peu ce rôle que joue <strong>la</strong> g<strong>la</strong>n<strong>de</strong> pinéale). Car l'âme<br />

est sans partie * . Et c'est essentiel, bien entendu.<br />

* Il ne faut évi<strong>de</strong>mment pas s'attacher à <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> ce que dit Descartes, par exemple dans ce<br />

passage : « Ce que vous me man<strong>de</strong>z <strong>de</strong> saint Augustin & <strong>de</strong> saint Ambroise, que notre cœur & nos<br />

pensées ne sont pas en notre pouvoir, & que mentem confundunt alioque trahunt &c., ne s'entend<br />

que <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie sensitive <strong>de</strong> l'âme, qui reçoit les impressions <strong>de</strong>s objets, soit extérieurs, soit<br />

intérieurs, comme les tentations &c. » Lettre au Père Mersenne du 3 décembre 1640. Adam et<br />

Tannery, Vol. III – pages 248-249 (c'est nous qui soulignons en gras). En effet, Descartes a été <strong>de</strong><br />

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<strong>L'éthique</strong> <strong>cartésienne</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée 51

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