Migration au Mali : Profil National 2009 - IOM Publications
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démographique, de mutation des structures sociales et de conflits foncier. Le<br />
désir des aînés et des parents de changer de statut social et d’être indépendant<br />
financièrement est à la base du départ de milliers de <strong>Mali</strong>ens vers des pays<br />
limitrophes comme la Côte d’Ivoire. A l’époque coloniale, ces départs étaient<br />
encouragés par des mesures incitatives et répondaient à une demande de maind’œuvre<br />
en Côte d’Ivoire. Par la suite, les relations migratoires entre le <strong>Mali</strong> et<br />
la Côte d’Ivoire ont été le fruit d’une politique d’ouverture mise en place par le<br />
président ivoirien Félix Houphouët Boigny. Cette politique promouvait la libre<br />
circulation des personnes pour favoriser le décollage de l’économie ivoirienne.<br />
Entre 500 000 et 1 million de <strong>Mali</strong>ens se sont ainsi installés en Côte d’Ivoire.<br />
Cependant, le climat économique et social du pays commença à se détériorer<br />
pendant les années 1980. Au début des années 1990, on inst<strong>au</strong>ra un titre de<br />
séjour obligatoire, à un prix prohibitif pour be<strong>au</strong>coup d’étrangers. Dès 2002,<br />
les troubles sociopolitiques ont engendré d’importants mouvements de<br />
rapatriement. A son tour, le rapatriement de ressortissants maliens immigrés<br />
en Côte d’Ivoire depuis des décennies a contribué à accentuer la pression sur<br />
les ressources naturelles <strong>au</strong> <strong>Mali</strong>, dans un contexte de p<strong>au</strong>vreté grandissante lié<br />
notamment à la crise de la filière coton.<br />
Les facteurs démographiques, soci<strong>au</strong>x et environnement<strong>au</strong>x dans<br />
le sud du <strong>Mali</strong> génèrent non seulement des flux de migrants vers la Côte<br />
d’Ivoire voisine, mais <strong>au</strong>ssi d’importants mouvements à l’intérieur de la zone.<br />
En effet, depuis environ deux décennies, on observe des départs de familles<br />
entières de ce vieux bassin cotonnier à destination de nouvelles zones de<br />
développement agricole, toujours dans le sud du pays. En effet, la zone du<br />
vieux bassin cotonnier (cercles de Koutiala, Yorosso) est confrontée à certains<br />
défis : 1) la diminution des pâturages disponibles pour un cheptel en nette<br />
croissance, alors que l’association agriculture-élevage est indispensable<br />
pour assurer la fertilité des sols et l’intensification agricole ; 2) les difficultés<br />
croissantes d’approvisionnement en bois de ch<strong>au</strong>ffe et l’absence d’alternatives<br />
pour une énergie domestique accessible ; 3) la tendance à la baisse des prix<br />
et des rendements du coton, alors que cette culture a été jusqu’à présent le<br />
moteur du développement économique et social dans les villages ; 4) une<br />
pression foncière de plus en plus forte engendrant la multiplication des conflits<br />
fonciers. Le développement durable de la zone apparaît ainsi compromis ; il<br />
paraît difficilement concevable que les nouvelles générations puissent rester<br />
travailler et vivre sur ces territoires avec un nive<strong>au</strong> de vie minimal. Selon l’avis<br />
des chefs d’exploitation de cette zone, les jeunes générations assureront leur<br />
avenir par l’émigration ou par leur conversion à une activité non agricole. Les<br />
nouvelles zones de colonisation agricole (cercles de Yanfolila, Kolondieba), du<br />
fait de la faible pression sur les terres et de l’introduction plus récente de la<br />
62 <strong>Migration</strong> <strong>au</strong> <strong>Mali</strong> : <strong>Profil</strong> <strong>National</strong> <strong>2009</strong>