Étude pédologique, les terres cultivées de la Péninsule Gaspésienne

période, le classement des sols selon leurs possibilités d’utilisation (Tardif, 1964), groupait la majorité des sols de la péninsule
comme bons à très bons pour la culture, mais avec des limitations en ce qui a trait à la fertilisation, à l’épierrement, au
drainage… La présente étude vient ajouter à ces écrits et ces dires. Elle caractérise de façon qualitative et quantitative les sols
cultivés de la péninsule, en montre l’importance relative et la répartition dans le territoire.
2. VALEUR INTRINSÈQUE DES TERRES CULTIVÉES
Introduction
Les chapitres précédents caractérisent les sols de la péninsule au point de vue de leurs propriétés morphologiques,
physiques et chimiques. Les 705 échantillons prélevés et les 7755 déterminations faites en laboratoire ont permis d’obtenir
des données quantitatives en ce qui a trait à la texture, la teneur en carbone, la réaction (pH), la teneur en différents
éléments, bref, la valeur intrinsèque d’un sol. Ces données ne suffisent pas pour porter un jugement sur la valeur agricole; il
faut tenir compte de données qualitatives qui résultent de la prospection sur le terrain. C’est plus de 10 000 observations
terrain qui décrivent le paysage (pente, relief), l’état de drainage, la structure, la consistance, la profondeur au roc… qui
doivent être considérées dans l’évaluation d’un sol ou d’un groupe de sols. Le morcellement du terrain, l’éloignement des
marchés, le climat, les superficies couvertes par une série, sa répartition dans le territoire sont d’autres facteurs qui ont une
incidence sur l’utilisation que l’on veut faire d’un sol.
Ces facteurs sont indépendants les uns des autres mais influent les uns sur les autres. Ils sont un guide pour l’utilisation
optimale des sols et du territoire en plus de fournir, pour certains d’entre eux, une idée de l’importance et de l’envergure des
travaux à exécuter pour les mettre à niveau. Les critères d’interprétation quantitatifs sont donnés à l’annexe 7 et les critères
qualitatifs sont décrits dans les chapitres précédents; les cartes nous aident à visualiser certains de ces critères. Les résultats
des analyses proviennent d’échantillons prélevés sur des terres en pâturages plus ou moins améliorés, des terres en prairies
ou en céréales dans des systèmes de rotations de 5 à 7 ans. L’échantillonnage a été fait par couches en tranche de 20 cm à
l’exception de la couche de surface (labour) qui occasionnellement pouvait s’étendre jusqu’à 30 cm. La description des profils
a été adaptée à ce type d’échantillonnage.
Les analyses ont été faites sur un matériel tamisé à 2 mm. La charge en fragments grossiers a été évaluée au champ (en
volume) et au laboratoire (en poids). Dans les sols où la charge en fragments grossiers est importante, ces fragments viennent
diluer ou affecter les teneurs en éléments nutritifs des sols. Dans les sols contenant des grès tendres (se brisant à la main) et
d’autres dans lesquels la réaction (pH) est fortement alcaline, certains résultats peuvent être modifiés; on pense aux teneurs en
P et Al Mehlich qui donnent ou peuvent donner des valeurs non significatives à pH élevé. L’interprétation des résultats est
actuelle et ne tient pas compte de l’historique du champ où l’échantillon a été prélevé. Selon Baudet et al. (2003), les analyses
de sols auraient peu évolué au fil des ans dû à une agriculture plutôt extensive avec un usage modéré des engrais minéraux
et/ou organiques, ce qui explique les teneurs en P et K des sols faibles à modérément faibles (tableau 20, page 148). Les
principaux indicateurs retenus sont : la texture, la structure, la consistance et le pourcentage de matière organique (M.O.) qui
renseignent sur la capacité de rétention en eau, la porosité, la stabilité et la compaction du sol; le pH qui indique si un sol doit
être chaulé ou non et qui renseigne sur la disponibilité de certains éléments; la capacité d’échange cationique (CEC), la
saturation en bases et les éléments Mehlich-3 qui informent sur le niveau de fertilité et la disponibilité des différents éléments;
la présence de vers de terre qui est un gage d’activité biologique; le drainage, l’épaisseur au roc, la pente qui influent sur
l’utilisation, la régie des sols et des cultures, etc. Tous ces facteurs interviennent de façon plus ou moins significative dans
l’évaluation de la valeur agricole d’un sol pour ce qu’il est et pour ce que l’on veut en faire. Dans les pages qui suivent les
séries et groupes de séries sont évalués en fonction des critères retenus et discutés dans les pages précédentes. Il s’agit d’une
évaluation qui classe les sols de la péninsule de pauvres à bons pour des fins agricoles en plus de montrer ce en quoi ces sols
se ressemblent ou se démarquent. Les variantes (annexe 4) qui qualifient certaines séries de sol ne sont pas prises en
considération dans l’évaluation de la valeur intrinsèque de chacune d’entre elles; ces variantes peuvent aussi bien contribuer à
bonifier qu’à empirer la cote accordée à chacune des séries.
Dépôts glaciaires
Les séries appartenant à ce groupe couvrent près du quart du territoire cartographié. Elles sont éloignées des centres
régionaux, occupent les positions les plus élevées (altitude) du paysage agricole où le relief est souvent accidenté. Les
pointements de formations géologiques en surface et les sols minces (< 50 cm) sont fréquents; le climat est un peu plus
sévère pour l’ensemble de ces sols. En 1965 lors de l’inventaire ARDA, les sols issus de ces dépôts ont été classés dans les
classes 3, 4, 5 et 7, c’est-à-dire des sols présentant des facteurs limitatifs assez sérieux qui réduisent la gamme des cultures
possibles ou nécessitent des mesures particulières de conservation (classe 3) jusqu’à des sols n’offrant aucune possibilité
pour la culture ou pour le pâturage permanent (classe 7); et dans les sous-classes R (sols où la présence de la roche solide
près de la surface en restreint l’usage pour la culture), T (sols où le relief constitue une limitation à la culture), P (sols assez
IRDA - ÉTUDE PÉDOLOGIQUE
103