ilHOEL HÉiÉHÂL - Institut français de l'éducation
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MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION<br />
PRIMAIRE.<br />
France au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la mère patrie. C'est ainsi que,<br />
comme il le rappelle dans cet article, pour faciliter<br />
la propagation du <strong>français</strong> chez les différentes peupla<strong>de</strong>s<br />
du Sénégal, il a publié <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> grammaire,<br />
<strong>de</strong>s vocabulaires et <strong>de</strong>s recueils <strong>de</strong> phrases<br />
en diverses langues nègres <strong>de</strong> ce pays.<br />
Le général remarque que les populations coloniales<br />
apprennent plus facilement l'anglais que le<br />
<strong>français</strong>.<br />
8 Cela tient uniquement, dit-il, à ce que le verbe anglais<br />
est beaucoup plus simple que le nôtre; caria gran<strong>de</strong><br />
difficulté que ces populations rencontrent pour apprendre<br />
une langue européenne, la seule difficulté sérieuse, pour<br />
ainsi dire, rési<strong>de</strong> dans la complication du verbe; pour<br />
savoir un verbe <strong>français</strong>, il faut retenir une soixantaine<br />
<strong>de</strong> mots eu groupes <strong>de</strong> mots différents. »<br />
Aussi qu'est-il arrivé, par exemple, aux Antilles ?<br />
Les nègres ont créé une sorte <strong>de</strong> <strong>français</strong> approximatif.<br />
a Aux Antilles, dit le général, après la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s<br />
Indiens, les noirs esclaves amenés d'Afrique parlaient<br />
beaucoup <strong>de</strong> langues différentes, suivant qu'ils provenaient<br />
<strong>de</strong> la Sonégambie, <strong>de</strong> la Guinée, du Congo, ou<br />
même <strong>de</strong> la côte orientale.<br />
« C'était une vraie tour <strong>de</strong> Babel ;. il fallait absolument<br />
trouver un terrain commun pour s'entendre. Aucun <strong>de</strong>s<br />
langages nègres n'avait la puissance <strong>de</strong> s'imposer; le <strong>français</strong><br />
se trouvait nécessairement appelé à jouer ce rôle.<br />
Mais la langue était beaucoup trop compliquée pour <strong>de</strong>s<br />
races qui, dans l'évolution humaine, étaient encore à<br />
l'état sauvage ou en étaient à peine sorties.<br />
« Il se forma pour elles, aux dépens du <strong>français</strong>", un<br />
jargon à leur portée. »<br />
pronom personnel. Exemple : je sais, tu sais, absolument<br />
comme le patois nègre, moin satw, to save. Dans certains<br />
cas, il a gardé les flexions : savons, savez, et il a ajouté<br />
tout <strong>de</strong> même et tout à lait inulilemenl les pronoms personnels<br />
: nous, vous. Enfin, dans d'auti'es cas, il laisse la<br />
désinence : tu aimes, ils aiment, mais (loujours logique I)<br />
il a soin <strong>de</strong> ne pas la prononcer, <strong>de</strong> sorte que là les pronoms<br />
sont inutiles dans la langue écrite, mais nécessaires<br />
dans la langue parlée. »<br />
Nous ne suivrons pas le général dans tous les détails<br />
qu'il donne sur les difficullés d'appropriation<br />
que présente le <strong>français</strong> tant aux créoles <strong>de</strong> nos colonies<br />
d'Amérique qu'aux nègres du Sénégal ou aux<br />
Arabes <strong>de</strong> l'Algérie, bien qu'il y en ait <strong>de</strong> très curieux,<br />
comme par exemple le rapprochement <strong>de</strong> cette<br />
phrase où notre manière <strong>de</strong> penser et <strong>de</strong> dire nous<br />
permet l'emploi <strong>de</strong> cinq infinitifs : Je voulais aller<br />
vous voirpourvous dire <strong>de</strong> continuer à labourer, et <strong>de</strong><br />
cette même phrase telle qu'elle <strong>de</strong>vra se présenter<br />
à l'esprit dans le langage d'un Arabe : Je voulais je<br />
vais je vous vois pour je vous dis vous continuez vous<br />
labourez. Ce sont ces énormes différences d'habitu<strong>de</strong>s<br />
syntaxiques qui ont fait inventer cette langue<br />
sabir que connaissent lous nos soldats, et qui donne<br />
lieu, dit le général Faidlierbe, à ce curieux phénomène<br />
qu'en l'employant « le troupier est persuadé<br />
qu'il parle arabe et l'Arabe est persuadé qu'il parle<br />
<strong>français</strong>. »<br />
Nous arrivons aux conclusions pratiques du général<br />
Faidherbe, aux moyens qu'il signale à l'Alliance<br />
<strong>français</strong>e comme étant les plus propres à répandre<br />
notre langue parmi les populations qui ne la connaissent<br />
pas et à qui il est nécessaire <strong>de</strong> l'enseigner<br />
aux moindres frais et dans le plus bref délai possible.<br />
Et la première chose qu'elles firent, ce fut <strong>de</strong> supprimer<br />
les flexions <strong>de</strong>s verbes. Chaque verbe fut<br />
représenté par un mot unique, généralement l'infinitif,<br />
plus ou moins modifié ou simplifié, comme