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edition - janvier 2010 - Club Averroes

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estent des opportunités au coup par coup. Traiter de la diversité n’est pas et n’a<br />

jamais été un risque pour les chaînes. Seuls restent frileux certains décideurs. Sans<br />

désirs ni volonté peu de progrès à attendre.<br />

Quand il s’agit de fictions traitant d’une problématique directement liée au thème<br />

de la diversité, nous avons une distribution de premiers rôles évidemment colorée,<br />

mais quand il s’agit de fictions aux thèmes plus généralistes, alors là, la distribution<br />

perd de sa couleur. Seuls restent quelques seconds rôles. N’y a-t-il pas là,<br />

consciemment ou inconsciemment, une posture communautariste ?<br />

Pour le moment, à part quelques rares exceptions comme la série « Un Flic » sur<br />

France 2 où le rôle récurrent principal est tenu par l’acteur noir, Alex Descas, ou<br />

encore « Les Toqués » sur TF1 où l’acteur Edouard Montoute partage l’affiche avec<br />

Ingrid Chauvin, les fictions sont comme saupoudrées de diversité sans aucune<br />

réflexion préalable. On peut même se demander pourquoi tel rôle a été confié tant<br />

l’inconsistance et le décalage du personnage laisse à penser qu’il a été attribué à<br />

coup sûr pour de mauvaises raisons. Cela sert à calmer les consciences, colorer le<br />

film pour justifier d’une volonté d’ouverture et faire baisser la pression. De même peu<br />

ou pas de rôles principaux, souvent dû au manque de volonté d’y inscrire de la<br />

diversité. Nous parlons précisément de volonté car nous savons tous que le désir en<br />

la matière existe peu ou pas. Mais franchir le pas en intégrant pour de bonnes raisons<br />

la diversité dans la distribution des rôles, c’est-à-dire intégrer la société française telle<br />

qu’elle est, n’est pas encore chose aisée pour les décideurs. On a beau proscrire les<br />

quotas, ils sont bel et bien dans les têtes. Alors le vieil argument fétiche maintenant<br />

largement éventé refait surface, « il n’y en a pas » ou bien « ils ne sont pas bons » ou «<br />

pas suffisamment identifiables par le public…etc ». Même si le contraire a déjà été<br />

affirmé maintes et maintes fois, à noter que le dernier Festival de la Rochelle l’a<br />

encore démontré en septembre dernier en récompensant par deux fois le téléfilm de<br />

Virginie Sauveur « Frères » meilleur téléfilm unitaire et meilleure interprétation<br />

masculine à Tewfik Jallab ainsi qu’une belle pléiade d’acteur pour « La loi de mon<br />

pays » de Dominique Ladoge, le déni reste une dérobade et les clichés une facilité<br />

(trop compliqué de remettre toute une éducation en question). Nombre de<br />

comédiens de la diversité doivent s’étouffer, comme Jenny Alpha, doyenne des<br />

comédiennes françaises, décédée en septembre dernier à l’âge de 100 ans,<br />

comme Darling Légitimus, récompensée à la Mostra de Venise pour son rôle dans «<br />

rue Case Nègres » d’Euzhan Palcy, tout comme nombre de générations de<br />

comédiens de la diversité passées à la poubelle. Alors que faire, que dire ! Pour ceux<br />

qui doutaient encore du talent des comédiens issus de la diversité ils ont maintenant<br />

avec les films cités ci-dessus à nouveau un vivier supplémentaire assuré. Alors<br />

qu’attendent-ils pour passer à l’acte ? Pouvons nous forcer nos décideurs à ouvrir les<br />

yeux sur la France telle quelle est et non plus sur la France telle qu’ils imaginent<br />

qu’elle est ?<br />

Pour cela il reste les lois, le rôle du CSA n’est pas négligeable non plus mais sa marge<br />

d’influence est encore trop faible en raison de la liberté éditoriale, certes nécessaire,<br />

dont dispose les médias.<br />

Au bout de 10 ans de discussions, de conférences, de rapports et d’analyses nous<br />

n’y sommes toujours pas. Pourtant il y a matière à un casting représentatif de la<br />

population française. Alors où cela coince-t-il ? C’est l’idée que se font tour à tour<br />

certains castings, producteurs, et bien sûr les décideurs, de la diversité. Par manque<br />

de proximité, elle leur est pour beaucoup totalement étrangère. Il y a d’une façon<br />

évidente une méconnaissance criante de la diversité française au sein des centres<br />

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