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edition - janvier 2010 - Club Averroes

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dans un esprit d’ouverture et de syncrétisme, tout un pan de l’identité martiniquaise.<br />

Cette thématique est, par ailleurs, souvent abordée sous l’angle, non pas historique mais mémoriel,<br />

à travers des récits de vie, simples et attachants, où les déracinements sont saisis sur un registre<br />

plus intime, comme dans le documentaire Janbé Dlo, de Fabienne Kanor et Emmanuelle Bidou,<br />

ou dans Un siècle de Jenny, de Laurent Champonnois et Frédérico Nicotra, retraçant la vie<br />

de Jenny Alpha, grande dame de 95 ans qui dut patienter 50 ans pour accéder à un statut<br />

de comédienne reconnue en jouant sur la scène de la MC 93 de Bobigny.<br />

La mémoire des populations issues de la diversité s’inscrit en filigrane ou constitue le cœur<br />

de nombreux films soutenus. Italiens, Espagnols, Polonais, Portugais, mais aussi Togolais,<br />

Sénégalais, Chiliens, tous citoyens français ont à un moment ou un autre de leur histoire<br />

familiale choisi la France, ou y sont nés de parents qui l’avaient choisie. Les films interrogent<br />

souvent le rapport avec la France et les valeurs qu’elle incarne. Parfois, les mémoires<br />

se superposent avec bonheur comme dans le documentaire Belleville la vie, de Françoise Marie,<br />

qui brosse le portrait de deux hommes, l’un d’origine arménienne, l’autre italienne, qui disent<br />

leur joie d’habiter ce quartier où les cultures cohabitent d’une façon particulièrement vivante.<br />

Port à l’Anglais, de Thierry Scharf opère de même une plongée dans un îlot de Vitry-sur-Seine,<br />

ouvrier, divers, ouvert, où il fit, et fait encore, bon vivre ensemble.<br />

Une autre particularité révélée par ce panorama est la corrélation assez marquée entre mémoire<br />

de la diversité et mémoire ouvrière. C’est le cas pour le premier long métrage de Nassim Amaouche,<br />

Adieu Gary, prix international de la semaine de la critique Cannes 2009 qui montre sur un mode<br />

poétique et décalé la lente décomposition d’une cité ouvrière. Même approche singulière<br />

pour Le Dernier Maquis, de Rabah Ameur-Zaïmeche, ou pour les documentaires d’une grande<br />

force que sont Le Drôle de Mai, de José Vieira montrant comment les ouvriers portugais tout<br />

juste exilés du régime de Salazar vécurent mai 68, ou Le Chemin noir, d’Abdallah Badis filmant<br />

avec dignité et pudeur la vie de son père, gueule noire rescapée des mines du Nord de la France.<br />

Les films soutenus par la Commission sont parfois projetés dans le champ politique<br />

tant ils semblent focaliser des préoccupations très présentes dans l’opinion publique.<br />

Ainsi le documentaire Gerboise bleue de Djamel Ouahab, traitant des essais nucléaires de l’armée<br />

française dans le Sahara, dont la sortie a quasiment coïncidé avec un projet de loi visant<br />

à indemniser les victimes des essais. Après Indigènes, qui permit aux tirailleurs étrangers<br />

d’accéder aux mêmes droits que les soldats français, Rachid Bouchareb a de nouveau suscité<br />

le débat avec la sélection cannoise de Hors la loi, film sur le destin de trois frères qui s’ouvre<br />

par les massacres de Sétif en 1945. Welcome, de Philippe Lioret, fut au centre d’un débat qui<br />

a fortement médiatisé l’engagement de bénévoles aux côtés des demandeurs d’asile de Calais.<br />

La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld crée également la polémique par sa volonté de jeter<br />

une lumière crue sur des problèmes souvent pudiquement tus. Cela n’a pas empêché ces fictions<br />

de rencontrer un vif succès auprès du public.<br />

La Commission soutient des films qui par la nature des sujets traités provoquent des débats<br />

au sein de la société. Si ces films posent des questions, ils n’apportent pas de réponses proposant<br />

simplement les regards singuliers des réalisateurs.<br />

Des films au singulier<br />

Pour illustrer le caractère éminemment intime de la question des origines, le documentaire<br />

propose de nombreux portraits qui permettent de saisir toute la part de hasard, d’aventure,<br />

de renonciation ou de détermination qui marque tant de personnages issus de l’immigration.<br />

Images de la diversité 7

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