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même article) 780 000 habitants. Ainsi, selon le Comité Tchétchénie 33 , « au cours de la
première guerre comme de la seconde, pas une seule famille n’est restée entière, et toute la
jeune génération née dans les années 1980 a grandi dans la guerre, ou le chaos et l’insécurité
de l’entre-deux-guerres ». Et l’Ingouchie, avec l’élection d’un nouveau président installé par
Moscou, en octobre 2008, devient « la cible d'attaques régulières d'une rébellion brouillonne
dont on ne sait guère si elle est séparatiste, islamiste ou criminelle » 34 .
Les personnes provenant du Daghestan et de Géorgie n’ont pas abordé le sujet de la guerre et
du contexte de leur départ. La Géorgie a traversé deux conflits sécessionnistes (Abkhazie,
1992-94 ; Ossétie du Sud, 2008) qui ont mis des centaines de milliers de personnes sur les
routes (réciproquement entre 140 000 et 150 000 pour le premier, et environ 192 000 pour le
second) 35 . Et pour ce qui est du Daghestan, il est la scène d’affrontements entre l’armée russe
et les partisans tchétchènes depuis 1999.
L’ex-Yougoslavie
Si la problématique des Rroms correspond plus à une histoire de persécution, quatre
familles sur six, venant de Serbie ou du Kosovo, m’ont cité la date de 1999 comme date de
leur départ du pays. Revenons sur la guerre qui sévit à cette date.
Au début des années 1990, la Serbie envahit ses pays voisins. L’anthropologue V.Nahoum-
Grappe explique : « Une seule armée attaque, avec les moyens dont elle aurait eu besoin
contre une autre armée puissante comme elle, des populations civiles définies ethniquement
comme ennemies et devant être « nettoyées » et « éradiquées ». » « Mais cette guerre a
provoqué une division identitaire artificielle et régressive nouvelle à l’intérieur d’une
population qui relevait d’un même ensemble culturel pétri de variété, (…) ; ainsi être serbe
ou non serbe devient la question essentielle » 36 . En 1999, la Serbie attaque le Kosovo, et
l’OTAN intervient au Kosovo, et en Serbie en bombardant des points dits « stratégiques »
pour que Milosevic se rende. En 1999, on compte 840 000 Albanais réfugiés, et, peu après,
quand l’armée serbe se retire, 250 000 Serbes et autres non-Albanais (Roms, Ashkalis) fuient
le Kosovo 37 . « Refusant de prendre parti dans ces conflits, beaucoup de rroms ont quitté
leurs foyers et n’ont pu y retourner parce qu’ils étaient perçus comme des traîtres » 38 . C’est
33 Comité Tchétchénie, 2005, Tchétchénie, dix clés pour comprendre, La Découverte, Paris, p.88.
34 Dryef Z., 8 juin 2009, « En Ingouchie, informer nuit gravement à la santé », Rue 89.
35 Lemay-Hébert N., « Populations otages dans le Caucase », in L’atlas des migrations Hors-Série « L’atlas des
migrations. Les routes de l’humanité ».
36 Nahoum-Grappe V., « Anthropologie de la cruauté. Quelques pistes au sujet de la guerre en ex-Yougoslavie »,
in Moro M-R et Lebovici S., 1995, Psychiatrie humanitaire en ex-Yougoslavie et en Arménie, PUF, p.34 et 42.
37 Morokvasic M., « Difficile droit au retour en ex-Yougoslavie », in L’atlas des migrations Hors-Série « L’atlas
des migrations. Les routes de l’humanité ».
38 Mile S., « L’immigration des Balkans en France », in Le courrier des Balkans n°4.
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