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LYON, CAPITALE MONDIALE DE LA GASTRONOMIE ? - Grand Lyon

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22<br />

POURQUOI <strong>LA</strong> <strong>GASTRONOMIE</strong> NOUS CONCERNE TOUS ?<br />

Mais selon Jean-Pierre Corbeau, l’absolutisation des<br />

références et des normes alimentaires conduit à une<br />

prise de pouvoir sur les individus, leurs choix alimentaires<br />

et les manières de se percevoir. Il faut veiller à<br />

ne pas appréhender l’obésité comme un problème<br />

seulement nutritionnel, biologique, médical, mais<br />

aussi social, culturel.<br />

Annie Hubert relève dans le même sens que la menace<br />

d’obésité (« nous sommes tous des obèses potentiels, il<br />

y a danger public ») est construite aujourd’hui comme<br />

une nouvelle peur. Elle encourage des comportements<br />

minoritaires (végétaliens, macrobiotes, crudivoristes…)<br />

et des nouvelles pathologies comme l’orthorexie<br />

(étymologiquement « manger droit »), une fixation<br />

quasi pathologique sur la recherche de nourriture saine<br />

et appropriée à sa santé. Selon Patrick Denoux, maître<br />

de conférence à l’université de Toulouse-Le Mirail,<br />

« la multiplicité grandissante des troubles liés à l’alimentation<br />

(anorexie, boulimie, Trouble du comportement<br />

alimentaire, dits TCA) souligne à quel point<br />

dans nos cultures les questions symboliques, les malaises<br />

psychologiques et leurs expressions sociales se concentrent<br />

sur l’acte de se nourrir ».<br />

On en appellera, comme Annie Hubert, à<br />

« reprendre envers les nourritures terrestres<br />

des sentiments paisiblement et raisonnablement<br />

hédonistes ».<br />

CONCLUSION<br />

Les enjeux économiques liés à la gastronomie sont<br />

importants pour <strong>Lyon</strong> et sa région en termes de<br />

production de richesses, d’emplois, d’image et<br />

d’attractivité touristique. Ils devraient orienter de plus<br />

en plus toutes les filières concernées vers des logiques<br />

de qualité.<br />

Mais il faut garder en tête que l’intérêt, voire la passion<br />

manifestée à l’égard de la gastronomie, s’ancre dans<br />

des universaux anthropologiques qui lestent l’emblème<br />

non seulement d’une portée symbolique et<br />

sociale considérable, mais d’une « durabilité » à toute<br />

épreuve. On sait que les pronostics des années<br />

1960-1970 sur le remplacement des repas traditionnels<br />

par des gélules se sont avérés faux. Même les<br />

cosmonautes mangent aujourd’hui durant leurs<br />

missions avec des vrais couverts, de vrais aliments…<br />

pour ne pas perdre le moral.<br />

Pour autant, ces universaux sont constamment réactivés<br />

en fonction des enjeux. La gastronomie se transforme<br />

en même temps que la société ; selon les cas, elle<br />

traduit ou porte des innovations sociales, ou se porte<br />

en faux contre des tendances standardisation de<br />

l’alimentation…). Le discours que l’on porte à <strong>Lyon</strong><br />

sur la gastronomie est donc un discours sur un<br />

rapport au monde (interview A. Alexanian).<br />

Il paraît aujourd’hui important de le faire évoluer, en<br />

gardant le fil de la tradition et le socle de valeurs qui<br />

font sa force et sa réputation (simplicité, convivialité,<br />

authenticité et caractère sain lié à la qualité des<br />

produits…), en l’articulant de manière fine avec<br />

nouvelles attentes, de diversité, d’ouverture, d’innovation<br />

et de santé.

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