LYON, CAPITALE MONDIALE DE LA GASTRONOMIE ? - Grand Lyon
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POURQUOI <strong>LA</strong> <strong>GASTRONOMIE</strong> NOUS CONCERNE TOUS ?<br />
Mais selon Jean-Pierre Corbeau, l’absolutisation des<br />
références et des normes alimentaires conduit à une<br />
prise de pouvoir sur les individus, leurs choix alimentaires<br />
et les manières de se percevoir. Il faut veiller à<br />
ne pas appréhender l’obésité comme un problème<br />
seulement nutritionnel, biologique, médical, mais<br />
aussi social, culturel.<br />
Annie Hubert relève dans le même sens que la menace<br />
d’obésité (« nous sommes tous des obèses potentiels, il<br />
y a danger public ») est construite aujourd’hui comme<br />
une nouvelle peur. Elle encourage des comportements<br />
minoritaires (végétaliens, macrobiotes, crudivoristes…)<br />
et des nouvelles pathologies comme l’orthorexie<br />
(étymologiquement « manger droit »), une fixation<br />
quasi pathologique sur la recherche de nourriture saine<br />
et appropriée à sa santé. Selon Patrick Denoux, maître<br />
de conférence à l’université de Toulouse-Le Mirail,<br />
« la multiplicité grandissante des troubles liés à l’alimentation<br />
(anorexie, boulimie, Trouble du comportement<br />
alimentaire, dits TCA) souligne à quel point<br />
dans nos cultures les questions symboliques, les malaises<br />
psychologiques et leurs expressions sociales se concentrent<br />
sur l’acte de se nourrir ».<br />
On en appellera, comme Annie Hubert, à<br />
« reprendre envers les nourritures terrestres<br />
des sentiments paisiblement et raisonnablement<br />
hédonistes ».<br />
CONCLUSION<br />
Les enjeux économiques liés à la gastronomie sont<br />
importants pour <strong>Lyon</strong> et sa région en termes de<br />
production de richesses, d’emplois, d’image et<br />
d’attractivité touristique. Ils devraient orienter de plus<br />
en plus toutes les filières concernées vers des logiques<br />
de qualité.<br />
Mais il faut garder en tête que l’intérêt, voire la passion<br />
manifestée à l’égard de la gastronomie, s’ancre dans<br />
des universaux anthropologiques qui lestent l’emblème<br />
non seulement d’une portée symbolique et<br />
sociale considérable, mais d’une « durabilité » à toute<br />
épreuve. On sait que les pronostics des années<br />
1960-1970 sur le remplacement des repas traditionnels<br />
par des gélules se sont avérés faux. Même les<br />
cosmonautes mangent aujourd’hui durant leurs<br />
missions avec des vrais couverts, de vrais aliments…<br />
pour ne pas perdre le moral.<br />
Pour autant, ces universaux sont constamment réactivés<br />
en fonction des enjeux. La gastronomie se transforme<br />
en même temps que la société ; selon les cas, elle<br />
traduit ou porte des innovations sociales, ou se porte<br />
en faux contre des tendances standardisation de<br />
l’alimentation…). Le discours que l’on porte à <strong>Lyon</strong><br />
sur la gastronomie est donc un discours sur un<br />
rapport au monde (interview A. Alexanian).<br />
Il paraît aujourd’hui important de le faire évoluer, en<br />
gardant le fil de la tradition et le socle de valeurs qui<br />
font sa force et sa réputation (simplicité, convivialité,<br />
authenticité et caractère sain lié à la qualité des<br />
produits…), en l’articulant de manière fine avec<br />
nouvelles attentes, de diversité, d’ouverture, d’innovation<br />
et de santé.