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L’Académie royale de Soissons<br />

À la genèse des académies provinciales<br />

du Grand Siècle<br />

« En remontant jusqu’aux origines<br />

du mouvement académique ce sont les<br />

soubassements de la civilisation européenne<br />

moderne que l’on mettra à jour. ». 1<br />

En 1654, Olivier Patru, académicien célèbre, apprenant qu’il existait à<br />

Soissons une autre académie, certes moins prestigieuse que l’Académie française<br />

à laquelle il appartenait, mais qui depuis quatre ans réunissait régulièrement un<br />

certain nombre d’hommes de lettres, en fut très étonné. Il ne comprenait pas<br />

comment dans une ville aussi peu peuplée il se soit trouvé assez de gens lettrés<br />

pour composer et animer un tel cénacle, alors qu’un de ses amis avait vainement<br />

tenté d’en fonder une à Rouen, ville beaucoup plus importante 2 .<br />

Aujourd’hui encore, la question se pose. Il s’agit dès lors de retrouver<br />

quels sont les facteurs qui ont rendu possible la création d’une Académie dans<br />

cette petite ville de province bien avant que d’autres métropoles, telles que Lyon,<br />

Marseille, Bordeaux ou Lille, ne s’en dotent. La maturation d’un réseau académique<br />

autour d’un noyau fondateur nécessitait une accumulation de capital intellectuel<br />

qui ne pouvait se développer sans institutions de culture et sans milieu<br />

d’accueil favorable sur lesquels il convient de s’interroger. Il faut se pencher aussi<br />

sur le rôle des hommes 3 , de ceux qui ont imaginé de créer pour la première fois<br />

une académie en province et qui portent la responsabilité de la réussite de ce<br />

premier acte fondateur.<br />

Si les académies provinciales ont déjà fait l’objet d’études approfondies au<br />

siècle des Lumières 4 , on ne dispose en revanche d’aucun travail d’ensemble<br />

portant sur le même sujet au Grand Siècle. Or c’est en cela que l’Académie de<br />

Soissons est particulièrement intéressante puisqu’elle fut – avec celles d’Arles –<br />

1. France A. Yates, Les Académies en France au XVI e siècle, Paris, PUF, 1996.<br />

2. Rouen compte près de 80 000 habitants au XVII e siècle et Soissons seulement 7 000.<br />

3. Ainsi Caen, paradoxalement, connut sa période la plus brillante avant d’obtenir ses lettres patentes,<br />

grâce essentiellement à son homme-phare, Moysan de Brieux. Sur le rôle des hommes, cf. aussi<br />

Auguste Bourgoin, Un bourgeois de Paris lettré du XVII e siècle : Valentin Conrart, premier secrétaire<br />

perpétuel de l’Académie française, 1883.<br />

4. Cf. notamment Daniel Roche, Le siècle des lumières en province : Académies et académiciens<br />

provinciaux, 1680-1789, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1978, 2 t.,<br />

p. 394.<br />

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