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La lutte contre la mort au XVIII e siècle<br />

et en exerçant les manœuvres douces et faciles qui ont été enseignées suivant les<br />

situations. Il met aussi en garde celles qui ne se sentent pas aptes. Elles doivent<br />

renoncer à pratiquer « une profession où chaque action est un acte de vertu ». Il<br />

ne voudrait pas apprendre que l’une d’elles ait commis, même par imprudence,<br />

un crime 106.<br />

Pour n’avoir que des sages-femmes compétentes, et rendre ainsi les cours<br />

plus efficaces, Deberge propose à l’intendant de susciter plus d’émulation,<br />

comme le suggéraient déjà les subdélégués en 1760 : une distribution des prix à<br />

la fin du « stage », ou quelque exemption d’impôt après trois années d’exercice<br />

pousserait ces femmes de manouvriers à s’appliquer. La solution la plus utile<br />

serait un meilleur choix des élèves par les curés, car si certains ont conscience<br />

qu’avoir une sage-femme instruite est un avantage, d’autres, « par insouciance ou<br />

par faiblesse », ne l’ont pas 107 .<br />

Les problèmes après le stage<br />

À la fin du stage, chaque élève obtient du démonstrateur un certificat d’assiduité<br />

aux cours qu’elle s’empresse de montrer au curé de la paroisse pour se<br />

faire accepter de la communauté. Or les chirurgiens veillent.<br />

Dès 1777, Montmignon, lieutenant du premier chirurgien du roi 108 de<br />

Château-Thierry, rappelle à l’intendant et à Nachet, alors démonstrateur, que,<br />

selon les statuts généraux de 1730, les sages-femmes doivent prêter serment<br />

auprès de la communauté des chirurgiens avant d’exercer. Il représente que<br />

« n’entendant pas ce qu’on leur démontre », ces femmes, en se faisant recevoir,<br />

auront avec les chirurgiens des explications « familières » – c’est-à-dire dans un<br />

langage plus simple que celui du démonstrateur ! En fait, l’instruction est un<br />

prétexte : Montmignon propose sans détour qu’il serait plus avantageux que les<br />

cours soient faits par les chirurgiens locaux à qui il serait accordé quelques gratifications<br />

! L’intendant Le Peletier reconnaît sans doute le bien-fondé d’une partie<br />

de la réclamation puisque Montmignon envoie une circulaire aux curés pour<br />

prévenir les sages-femmes de l’obligation d’être reçues par les chirurgiens 109 .<br />

L’intervention de Montmignon a-t-elle des effets ? Ce n’est pas sûr, car il<br />

faut la répéter. L’occasion est donnée par l’enquête nationale sur les sagesfemmes<br />

demandée par le gouvernement en 1786, qui fait sans doute prendre<br />

conscience à la communauté des chirurgiens qu’il faut saisir le moment opportun<br />

pour contrôler ce corps de métier émergent. La communauté de Crépy-en-Valois,<br />

par la voix de son ancien prévôt, Nicolas Courtois, observe que dans les trois<br />

106. Arch. dép. Aisne, C 631, discours de Deberge aux élèves envoyé à l’intendant le 30 octobre<br />

1783.<br />

107. Arch. dép. Aisne, C 631, lettre de Deberge à l’intendant, le 30 octobre 1783.<br />

108. Le titre de « lieutenant du premier chirurgien du roi » est donné au maître chirurgien qui est à<br />

la tête de la communauté des chirurgiens de la ville.<br />

109. Arch. dép. Aisne, C 630, lettre de Montmignon à l’intendant, sans date. D‘après les circonstances,<br />

elle doit être de 1777.<br />

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