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La lutte contre la mort au XVIII e siècle<br />
leurs questions » 117 . Le curé, tout en reconnaissant qu’il n’y a pas de plainte<br />
contre elle, confirme les risques qu’elle peut causer en cas d’accouchement difficile<br />
; il ajoute que dans la paroisse « des enfants ont des hernies ombilicales »<br />
qu’il « attribue à ce que le cordon a été mal noué », et termine son « certificat »<br />
par le rappel de l’enfant mort tiré « par morceaux » de l’année précédente. L’intendant,<br />
par ordonnance, interdit à Cécile Boulanger, « très inepte » et « sans<br />
titre », de faire à l’avenir aucun accouchement, et insiste sur le fait qu’» il y a dans<br />
la paroisse d’Abbécourt une sage-femme qui a suivi les cours du sieur Deberge et<br />
qui est instruite » 118 .<br />
Le succès de l’instruction des sages-femmes<br />
Quand la session est terminée, que les rapports du démonstrateur et du<br />
subdélégué lui sont parvenus, l’intendant, par une ordonnance, assure le paiement<br />
des honoraires et « débours » – quelque 1 100 livres – en félicitant le médecin :<br />
« Mon subdélégué [de Marle] m’en a rendu le meilleur témoignage et je suis très<br />
aise de votre succès » 119 , ou :<br />
« Il m’a été rendu compte, Monsieur, du zèle et de l’intelligence<br />
avec lesquels vous avez instruit les femmes […] à Soissons et ce témoignage<br />
avantageux n’a fait que me confirmer dans l’opinion que j’avais<br />
conçue de vos talents et de votre manière d’enseigner […]. » 120<br />
Au fur et à mesure des années, le magistrat peut s’appuyer sur de constants<br />
compliments : « J’ai assisté à plusieurs des leçons de Monsieur Deberge, écrit<br />
ainsi le subdélégué de Chauny, Gouillard, on ne peut rien ajouter à la clarté de ses<br />
démonstrations et à l’application qu’il apporte. » À tel point que le subdélégué,<br />
néophyte vaguement instruit, fait des remarques de personne avertie en rapportant<br />
les horreurs commises par la sage-femme Gibault de Folembray, qui accoucha la<br />
femme de Norbert Lévêque et, alors que l’enfant présentait un bras au passage, «<br />
au lieu de lui faire prendre par une manœuvre bien simple et bien facile une position<br />
plus avantageuse, […] arracha le bras et l’épaule de l’enfant » 121 . Avec de tels<br />
rapports, Le Peletier, au moment de quitter la généralité peut féliciter une dernière<br />
fois le professeur tout en se félicitant de son initiative : « Ce que je considère<br />
essentiellement c’est la manière claire et lumineuse avec laquelle vous répandez<br />
l’instruction et les fruits avantageux qu’en retire la généralité confiée à mon<br />
administration. » 122<br />
Quant au professeur Deberge, non seulement il se dit toujours satisfait de<br />
ses élèves, mais il donne un satisfecit aux subdélégués de Ham, de Crépy-en-<br />
117. Arch. dép. Aisne, C 631, lettre du subdélégué de Chauny à l’intendant, le 7 juillet 1786.<br />
118. Arch. dép. Aisne, C 631, ordonnance de l’intendant, le 15 juillet 1786.<br />
119. Arch. dép. Aisne, C 631, lettre de l’intendant à Deberge, le 12 décembre 1778.<br />
120. Arch. dép. Aisne, C 631, lettre de l’intendant à Deberge, le 1er juillet 1783.<br />
121. Arch. dép. Aisne, C 631, lettre du subdélégué de Chauny à l’intendant, ? juin 1781.<br />
122. Arch. dép. Aisne, C 631, lettre de l’intendant à Deberge, le 6 décembre 1783.<br />
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