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L’Académie royale de Soissons<br />

Nicolas Hanisset, possédait deux presses et employait un ouvrier et deux apprentis<br />

26 . Les académies bénéficiaient de privilèges importants pour l’impression des<br />

ouvrages ou mémoires publiés en leurs noms. Elles n’avaient pas besoin de l’approbation<br />

d’un censeur et il leur était permis de se faire publier par tout imprimeur<br />

de leur choix. Aussi, la vie culturelle de Soissons s’intensifiant grâce à son<br />

académie et permettant un commerce actif du livre, deux postes d’imprimeurs<br />

furent autorisés à Soissons en vertu d’un arrêt du Conseil du roi en date du 21<br />

juillet 1704.<br />

La carte scolaire, elle aussi, influença indéniablement le développement<br />

académique à Soissons. Les académiciens eux-mêmes étaient passés pour la<br />

plupart par les collèges et avaient fait des études universitaires. Surtout, il faut<br />

mesurer l’investissement de la collectivité urbaine soissonnaise pour obtenir la<br />

création d’un collège, et son rôle sur la formation des élites dirigeantes. Cet<br />

effort fut bien plus important que celui nécessaire à la création de l’académie.<br />

L’initiative académique fut la pointe de l’iceberg résultant de la capitalisation<br />

d’un développement culturel et intellectuel antérieur. Lorsque s’implanta<br />

l’académie, le collège Saint-Nicolas était déjà une institution vieille de plus de<br />

deux siècles, en outre réputée pour son enseignement de la poésie et de la<br />

musique, et le collège de Bauton, fondé en 1 300, n’était pas moins célèbre.<br />

Quand elle obtint ses lettres patentes, le principal séculier du collège Saint-<br />

Nicolas était l’abbé Sconin, un oncle maternel de Racine. On sait qu’Adrien<br />

Sconin composa des vers, qu’il écrivit une tragédie, Hector, et en 1671 un<br />

opuscule intitulé Soissons à la France, élégie à Soissons. Il fut principal de<br />

1671 à 1675 comme, avant lui, Nicolas Berthemet, parent d’Antoine Berthemet,<br />

membre de l’Académie de Soissons. Après la direction de l’abbé Sconin,<br />

ancien jésuite, le collège Saint-Nicolas fut confié aux oratoriens 27 . Alors que<br />

dans les villes académiques de la première moitié du XVIII e siècle les professeurs<br />

étaient partout des jésuites, les seuls collèges importants de l’Oratoire<br />

étaient à Angers et à Soissons, deux villes qui avaient créé leurs académies au<br />

Grand Siècle.<br />

Le départ des jésuites – intellectuels de toujours – et la consécration officielle<br />

de l’Académie de Soissons – avec ses nouveaux intellectuels –, intervenant<br />

à la même époque, ne furent probablement pas un hasard. Les jésuites étant traditionnellement<br />

plus soumis au pape qu’au roi, il est légitime de penser que pour<br />

défendre sa grandeur à Soissons, la monarchie absolue chercha dans les seconds<br />

une alternative culturelle aux premiers.<br />

Le Soissons du XVII e siècle concentrait ainsi sur son sol tous les ingrédients<br />

nécessaires au crescendo académique.<br />

26. Henry Luguet, « Les imprimeurs soissonnais », Bulletin de la Société archéologique de Soissons,<br />

t. 4, 1933-35, p. 545-557.<br />

27. Des professeurs distingués dans les belles-lettres y enseigneront : La Bletterie, le meilleur traducteur<br />

de Tacite, les historiens Foncemagne et Dannou, le poète Luce de Lancival et Génin, philosophe<br />

érudit et auteur des « Variations du langage français ». Cf. L. Badet, Histoire du collège de<br />

Soissons, Soissons, 1951, p. 26.<br />

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