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L’Académie royale de Soissons<br />
comme leur professeur à tous, amorça l’ambition affichée de cultiver les beauxarts.<br />
Disciple de Dorat, Jean Antoine de Baïf fonda la première Académie française<br />
à être officiellement instituée par un décret royal et qui prit son nom,<br />
l’Académie de Baïf, vouée en particulier à la poésie et à la musique. Sous le règne<br />
de Henri III, l’Académie du Palais, dirigée par Guy du Faur de Pibrac, fut créée<br />
dans le prolongement de celle de Baïf, témoignage supplémentaire de l’intérêt du<br />
souverain pour la création académique, particulièrement sollicitée lors des fêtes<br />
de cour, notamment pour les textes et les musiques de ballets.<br />
Des académies françaises de la Renaissance aux académies du XVII e<br />
siècle, c’est-à-dire entre la disparition de la dernière académie d’Henri III, à la fin<br />
des années 1580, jusqu’en 1635, date de la création de l’Académie française, on<br />
trouve plusieurs projets. Ils étaient tous directement issus ou procédaient de<br />
quelque façon des académies du XVI e siècle et visaient à les rétablir, comme celui<br />
de David de Flurance Rivault, de Pluvinel, ou encore celui de Marin Mersenne.<br />
Un cercle académique mérite en particulier notre attention, étant une académie<br />
privée créée dans une lointaine province : celui fondé en 1607 par saint François<br />
de Sales à Nancy et baptisé Académie florimontane. Dans l’ensemble, ces académies<br />
n’eurent qu’un rayonnement limité.<br />
C’est que le XVII e siècle avançant, en France l’impulsion vient du pouvoir<br />
central et la vie culturelle se concentre sur Paris. Le nouvel élan est donné par<br />
l’Académie française, fondée en 1635 sous la protection de Richelieu. Ce n’était<br />
plus une académie ayant vocation à une compétence universelle : son rôle se limitait<br />
à perfectionner la langue française, à produire un dictionnaire ou à établir des<br />
règles littéraires, et son objectif se limitait à l’analyse des mots, pas des idées. On<br />
était loin des idéaux platoniciens de Ficin. L’académisme avait désormais changé<br />
de nature, sa mission se situant résolument dans la continuité du projet absolutiste<br />
en gestation des Valois à Richelieu. Si les premières académies italiennes se<br />
voulaient encyclopédiques et unifiées, se consacrant essentiellement aux études<br />
philosophiques, les académies françaises du Grand Siècle se virent assigner des<br />
champs d’intérêt spécifiques au sein d’un projet politique clairement affiché.<br />
C’est ainsi qu’en 1648 fut fondée l’Académie de peinture et de sculpture, en 1661<br />
l’Académie de danse, en 1663 la Petite Académie (qui devint plus tard l’Académie<br />
des Inscriptions et Belles-Lettres), en 1666 l’Académie des sciences et l’Académie<br />
française de Rome, en 1669 l’Académie de musique, en 1671 l’Académie<br />
d’architecture, enfin, dernière en date, l’Académie de chirurgie, la seule à avoir<br />
été créée au XVIII e siècle, en 1731.<br />
Prises dans leur ensemble, ces académies recouvraient pratiquement tous<br />
les arts et les sciences. Ce sera seulement au XVIII e siècle, lorsque la divergence<br />
s’approfondira entre les branches du savoir, qu’il prendra l’envie aux encyclopédistes<br />
de les réconcilier dans L’Encyclopédie.<br />
Hormis l’Italie et la France, dans le reste de l’Europe la plupart des académies<br />
seront créées au XVIII e siècle, à l’exception notable de la célèbre Société<br />
royale de Londres – à qui Newton communiquera ses principales découvertes –,<br />
dont les premières réunions à Oxford remontent à 1645, qui obtint sa charte en<br />
1662 et commença en 1665 la publication des « Philosophical transactions ». À<br />
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