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L’Académie royale de Soissons<br />

valeur qu’il érige des académies sous ses pavillons et dans les champs de<br />

Mars. » 18<br />

L’accord du Parlement et l’enregistrement des lettres dans les actes de la<br />

cour étaient nécessaires à leur validation. Or l’Académie française n’avait obtenu<br />

cet enregistrement qu’à grande peine. Colbert avait fait signer les lettres patentes<br />

par Étienne d’Alègre, alors chancelier de France. Se méfiant du Parlement, les<br />

Soissonnais s’adressèrent à Guillaume de Lamoignon, alors premier président, et<br />

un arrêt du Parlement intervint aussitôt le 27 juin 1675 sans qu’il y soit fait obstacle.<br />

On n’était plus en période d’opposition parlementaire au pouvoir absolutiste.<br />

Le présidial de la ville de Soissons sanctionna également les lettres patentes un<br />

jour d’audience du 19 août 1675 où l’Académie de Soissons reçut un hommage<br />

triomphal.<br />

Cette reconnaissance officielle coïncidait avec un renforcement de la<br />

grande académie parisienne : entre 1670 et 1675 l’Académie française se rangea<br />

parmi les grands corps de l’État. Elle annonçait également la naissance, peu<br />

après, des académies provinciales de peinture et de sculpture – la première à<br />

Lyon –, quand, en novembre 1676, Colbert fit approuver par le roi « l’establissement<br />

des Escoles académiques par toutes les villes du royaume où il sera jugé<br />

estre nécessaire » 19 .<br />

Soissons, berceau d’une cité académique<br />

Quelles furent les conditions d’émergence d’une société académique à<br />

Soissons, et pourquoi apparut-elle dans cette ville plutôt que dans une autre en<br />

France ?<br />

Si, dans le Soissonnais d’Ancien Régime, essentiellement rural, le destin<br />

de Soissons est lié à celui de sa campagne environnante, il n’en demeure pas<br />

moins que la ville tranche, isolée au milieu de ses plaines campagnardes. Le<br />

phénomène académique est urbain et reste circonscrit à Soissons étroitement liée<br />

à ses spécificités citadines. L’implantation d’une académie, qui ne choisit pas par<br />

hasard son terrain d’accueil, permet de mesurer l’état de culture de la ville. Il faut<br />

rechercher si la création d’une académie à Soissons ne fut pas suscitée par la<br />

présence de fonctions antérieures et l’existence d’institutions ayant pu servir de<br />

médiation sociale, les activités générales de la cité entretenant un terreau fertile<br />

pour ses activités purement intellectuelles.<br />

On a vu qu’à Soissons le nombre d’habitants ne fut pas déterminant.<br />

C’est donc que la qualité et les structures de la population jouèrent un rôle<br />

majeur par la lente formation d’un milieu de notables dont le poids sur la ville<br />

aurait pesé plus lourd que dans les cités à forte population. De fait, Soissons fut<br />

18. Bibl. mun. Soissons, fonds Périn, 4293, Discours prononcez à l’Académie françoise le jour que<br />

M.M. de l’Académie de Soissons sont venus lui faire compliment sur l’établissement de leur académie<br />

avec quelques ouvrages de prose et de vers qui y furent lus et récitez le mesme jour, Paris, 1675.<br />

19. Cf. Remarques et décisions de l’Académie française recueillies par Paul Tallemant, Paris, 1698.<br />

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