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Cinétique pré-stationnaire et réactions rapides - IBMC

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CINETIQUE PRE-STATIONNAIRE ET REACTIONS RAPIDES : POURQUOI<br />

ET COMMENT ETUDIER LES REACTIONS RAPIDES ?<br />

Chapitre 1 : état <strong>stationnaire</strong> <strong>et</strong> introduction à l’état pré-<strong>stationnaire</strong><br />

Rappel : l’état <strong>stationnaire</strong><br />

Henri, d’une part, <strong>et</strong> Michaelis <strong>et</strong> Menten, d’autre part, ont étudié plusieurs réactions<br />

enzymatiques. Ils ont montré que leurs observations expérimentales peuvent s’expliquer en<br />

considérant le mécanisme réactionnel suivant :<br />

k +1 k +2<br />

E + S ES E + P (1)<br />

k1<br />

où E, S <strong>et</strong> P représentent respectivement l’enzyme, le substrat <strong>et</strong> le produit.<br />

Henri établit le premier l’équation liant la vitesse d’apparition du produit à la<br />

concentration en enzyme <strong>et</strong> en substrat. Son modèle repose sur deux hypothèses :<br />

- Un équilibre rapide s’établit entre l’enzyme <strong>et</strong> le substrat.<br />

- La concentration en substrat est largement supérieure à celle de l’enzyme.<br />

Michaelis <strong>et</strong> Menten ont repris les mêmes hypothèses <strong>et</strong> ont systématisé l’usage des<br />

mesures de la vitesse initiale (v). Ainsi, en tenant compte que la constante de dissociation du<br />

complexe ES est définie par :<br />

[ ][ S]<br />

[ ]<br />

K 1<br />

= E<br />

ES<br />

= k 1<br />

k +1<br />

(2)<br />

<strong>et</strong> de la conservation de la concentration totale en enzyme<br />

E 0<br />

= [ E]+ [ ES] (3)<br />

où E 0 est la concentration totale en enzyme <strong>et</strong> [E] <strong>et</strong> [ES] représentent les concentrations<br />

d’enzyme libre E <strong>et</strong> de complexe ES au temps t, (Notons que le plus souvent : E 0<br />

= [ E] 0<br />

, où<br />

[E] 0 est la concentration en enzyme libre E au temps t = 0.), ils ont obtenu la relation :<br />

[ ] 0<br />

[ S]<br />

[ ]<br />

v = k E +2<br />

K 1<br />

+ S<br />

Il est cependant possible d’établir l’équation d’apparition de vitesse du produit sans<br />

faire les hypothèses restrictives de Henri <strong>et</strong> Michaelis <strong>et</strong> Menten, ainsi que l’ont montré<br />

Briggs <strong>et</strong> Haldane. La vitesse n<strong>et</strong>te d’apparition du produit est obtenue en appliquant la loi<br />

d’action des masses à l’étape de conversion de ES en P :<br />

v = k +2 [ ES] (5)<br />

(4)<br />

1


Si la concentration en substrat est largement supérieure à celle de l’enzyme <strong>et</strong> que l’on<br />

se place dans la phase initiale de la réaction, il existe une phase, dite phase ou état<br />

<strong>stationnaire</strong>, où la concentration de ES ne varie pas au cours du temps :<br />

dES [ ]<br />

= 0 (6)<br />

dt<br />

(N.B. : il ne faut pas confondre état <strong>stationnaire</strong> <strong>et</strong> état d’équilibre, ce dernier étant<br />

caractérisé par une concentration constante de S <strong>et</strong> P.)<br />

Durant la phase <strong>stationnaire</strong>, la vitesse d’apparition de ES est égale à sa vitesse de<br />

disparition :<br />

<strong>et</strong><br />

k +1<br />

[ E] [ S]= k 1<br />

+ k +2<br />

[ E]= k 1<br />

+ k +2<br />

k +1<br />

S<br />

( )[ ES] (7)<br />

( )[ ES]<br />

[ ]<br />

En combinant les relations (3) <strong>et</strong> (8), on obtient :<br />

(<br />

[ E 0 ]= k + k 1 +2) [ ES]<br />

(<br />

+ [ ES]= [ ES] 1+ k + k 1 +2)<br />

<br />

<br />

= [ ES] k [ S +1 ]+ k + k <br />

1 +2<br />

<br />

(9)<br />

k +1 [ S]<br />

k +1 [ S]<br />

k +1 [ S]<br />

<br />

En tenant compte que si [S] 0 >> [E] 0 , la fraction de substrat consommée durant la phase<br />

initiale de la réaction est négligeable <strong>et</strong> donc [S]=[S] 0 <strong>et</strong> en combinant les relations (5) <strong>et</strong> (9),<br />

on obtient :<br />

v = k E +2<br />

k 1<br />

+ k +2<br />

k +1<br />

[ ] 0<br />

[ S] 0<br />

(10)<br />

+ [ S] 0<br />

Notons que c<strong>et</strong>te relation a la même forme que l’équation (4).<br />

Aujourd’hui, les noms de Michaelis <strong>et</strong> Menten sont associés à une forme générale de<br />

l’équation de vitesse qui utilise indifféremment l’hypothèse de l’état <strong>stationnaire</strong> ou<br />

l’hypothèse de l’équilibre rapide. Si on définit la constante de Michaelis K m :<br />

K m<br />

= k 1 + k +2<br />

k 1<br />

(11)<br />

<strong>et</strong> que l’on remarque que la vitesse maximale V max est atteinte lorsque toute l’enzyme est<br />

complexée au substrat :<br />

V max<br />

= k +2 [ E] 0<br />

(12)<br />

on obtient la relation bien connue :<br />

v = V max[ S] 0<br />

K m<br />

+ S<br />

[ ] 0<br />

(13)<br />

(8)<br />

2


Un graphique de v en fonction de [S] a la forme d’une hyperbole (Figure 1). En<br />

déterminant la vitesse initiale en fonction de la concentration initiale en substrat, il est<br />

possible de déterminer V max <strong>et</strong> K m par ajustement paramétrique non linéaire des données<br />

expérimentales avec la relation (13). Cependant, pour des raisons essentiellement historiques,<br />

l’équation de Michaelis <strong>et</strong> Menten est le plus souvent transformée de manière à générer des<br />

graphiques linéaires (Lineweaver <strong>et</strong> Burk, Hanes, Eadie <strong>et</strong> Hofstee, Eisenthal <strong>et</strong> Cornish-<br />

Bowden). Les logiciels perm<strong>et</strong>tant de réaliser des ajustements paramétriques non linéaires<br />

sont nombreux (Igor, Kaleidagraph, Mathematica, Origin, Prism…)<br />

Figure 1 : Dépendance de la vitesse initiale vis-à-vis de la concentration en substrat pour une<br />

réaction obéissant à la relation (13).<br />

Utilité <strong>et</strong> limitations de l’étude des cinétiques des réactions enzymatiques à l’état<br />

<strong>stationnaire</strong><br />

En utilisant l’hypothèse de l’état <strong>stationnaire</strong> pour le(s) complexe(s) enzyme/substrat <strong>et</strong><br />

les lois de conservation des masses de l’enzyme <strong>et</strong> de chacun des substrats, il est possible de<br />

dériver les équations reliant la vitesse initiale à la concentration en substrat(s) pour de<br />

nombreux mécanismes réactionnels plus compliqués que celui décrit dans la relation (1).<br />

Il y deux domaines où l’étude des cinétiques à l’état <strong>stationnaire</strong> s’est révélée très utile :<br />

l’étude des réactions à deux substrats (ou plus) <strong>et</strong> l’étude des mécanismes d’inhibition des<br />

réactions enzymatiques. Dans les réactions à deux substrats, la cinétique à l’état <strong>stationnaire</strong><br />

perm<strong>et</strong> en général de déterminer l’ordre de fixation des substrats <strong>et</strong> celui de la libération des<br />

3


produits. Elle perm<strong>et</strong> ainsi de discriminer entre mécanisme séquentiel ordonné (Bi Bi<br />

ordonné), mécanisme séquentiel aléatoire (Bi Bi aléatoire), mécanisme de Theorell-Chance<br />

(où le second substrat réagit avec le premier complexe enzyme/substrat dans un processus<br />

bimoléculaire) <strong>et</strong> mécanisme ping-pong (où le premier produit est libéré avant la fixation du<br />

second substrat). Dans le cas de l’inhibition des réactions à un substrat, la cinétique à l’état<br />

<strong>stationnaire</strong> perm<strong>et</strong> de déterminer l’affinité relative de l’inhibiteur, I, pour E <strong>et</strong> pour ES. On<br />

distingue ainsi l’inhibition compétitive (I ne se fixe qu’à E), l’inhibition anti-compétitive ou<br />

incompétitive (I ne se fixe qu’à ES) <strong>et</strong> l’inhibition non compétitive (I a la même affinité pour<br />

E <strong>et</strong> ES). Tous ces cas ne sont que des cas particuliers de l’inhibition mixte, où I à une affinité<br />

non nulle <strong>et</strong> différente pour E <strong>et</strong> ES.<br />

Au plan expérimental, la cinétique à l’état <strong>stationnaire</strong> présente de nombreux<br />

avantages. Elle est économique : puisque l’on travaille en large excès de substrat(s) par<br />

rapport à l’enzyme, la quantité d’enzyme requise est limitée (E 0 = 10 -10 à 10 -5 M,<br />

généralement 10 -9 à 10 -6 ). Elle est simple : en jouant sur la concentration en enzyme <strong>et</strong> en<br />

substrat, il est possible de mesurer v sur des domaines de temps allant de quelques minutes à<br />

quelques heures <strong>et</strong> aucun appareillage sophistiqué n’est requis. Elle est adaptable: la<br />

concentration du (des) substrat(s) ou du (des) produit(s) peut être déterminée par un très grand<br />

nombre de techniques biochimiques ou biophysiques. La caractérisation d’une enzyme<br />

commencera donc toujours par l’étude de la cinétique à l’état <strong>stationnaire</strong>, malgré ses<br />

limitations.<br />

Dans les cinétiques à l’état <strong>stationnaire</strong>, on ne suit généralement que la disparition du<br />

substrat ou l’apparition du produit <strong>et</strong> on obtient généralement peu ou pas d’information sur<br />

le(s) complexe(s) enzyme/substrats.<br />

Considérons une réaction impliquant plusieurs étapes, par exemple :<br />

E + S ES1 ES2 …<br />

k1 k2<br />

k n<br />

k +1<br />

k +2<br />

k + n<br />

ESn <br />

k p<br />

k + p<br />

E + P (14)<br />

où les complexes ES 1 , ES 2 , …ES n peuvent différer par la conformation de l’enzyme ou des<br />

modifications covalentes de celle-ci. Dans le meilleur des cas, la vitesse globale de la<br />

réaction à l’état <strong>stationnaire</strong> coïncide avec l’étape la plus lente <strong>et</strong> ne fournit en aucun cas<br />

d’information sur les étapes les plus <strong>rapides</strong>. Ainsi, si l’étape la plus rapide est mille fois plus<br />

rapide que l’étape la plus lente <strong>et</strong> qu’une mutation de l’enzyme la ralentit d’un facteur cent,<br />

l’eff<strong>et</strong> ne sera pas détectable en cinétique <strong>stationnaire</strong>. Pour comprendre le mécanisme d’une<br />

réaction enzymatique, il est nécessaire d’obtenir des informations sur les étapes <strong>rapides</strong> autant<br />

que sur les étapes lentes.<br />

4


En cinétique, comme dans toutes les situations où l’on compare des données<br />

expérimentales aux prédictions d’un modèle, il est possible de montrer qu’un modèle ne<br />

décrit pas correctement la situation concrète, mais il est rigoureusement impossible de<br />

démonter qu’un modèle est correct. En eff<strong>et</strong>, même si un modèle perm<strong>et</strong> un ajustement<br />

satisfaisant des données expérimentales, il est possible de trouver un ou plusieurs autres<br />

modèles qui perm<strong>et</strong>tront un ajustement tout aussi satisfaisant. Ce n’est qu’en obtenant un<br />

maximum d’informations, en particulier sur la formation du (des) complexe(s)<br />

enzyme/substrat, qu’il sera possible d’écarter certains mécanismes <strong>et</strong> d’en affiner d’autres.<br />

Nous avons déjà vu que Victor Henri a montré que le mécanisme (1) :<br />

k +1 k +2<br />

E + S ES E + P (1)<br />

k1<br />

perm<strong>et</strong>tait de rendre compte de ses observations sur l’hydrolyse du saccharose par l’invertase.<br />

Il a aussi montré que le mécanisme suivant, comprenant deux réactions parallèles :<br />

k +1<br />

E + S ES<br />

k1<br />

E + S k +1<br />

'<br />

E + P<br />

explique tout aussi bien ses observations. Les mécanismes (1) <strong>et</strong> (15) ont en commun la<br />

formation de ES. Cependant son rôle est entièrement différent. Dans le mécanisme (1), ES est<br />

un complexe essentiel, à partir duquel P est produit par un processus monomoléculaire. Dans<br />

le mécanisme (15), P est formé par un processus bimoléculaire <strong>et</strong> ES est essentiellement une<br />

nuisance qui ralentit la formation de P. Ce n’est que la mise en évidence, par d’autres études,<br />

du rôle essentiel de ES dans la formation de P qui ont permis d’éliminer le mécanisme (15).<br />

En eff<strong>et</strong>, les relations (2) <strong>et</strong> (3) restent valables pour ce mécanisme <strong>et</strong> si l’on étudie la<br />

phase initiale de la réaction <strong>et</strong> que le substrat est en large excès par rapport à l’enzyme,<br />

l’approximation [S]=[S] 0 est également valide. Pour le mécanisme (15), la vitesse initiale<br />

d’apparition du produit est donnée par :<br />

'<br />

'<br />

v = k +1<br />

[E][S] k +1<br />

[E][S] 0<br />

(16)<br />

En combinant les relations (2) <strong>et</strong> (3) <strong>et</strong> assimilant [S] à [S] 0 , on obtient :<br />

<strong>et</strong><br />

[E] 0<br />

= E<br />

<br />

[ ] 1+ k +1<br />

[ S] 0<br />

<br />

k 1<br />

v = k '<br />

+1[E] 0<br />

[S] 0<br />

1+ k =<br />

+1<br />

[S] 0<br />

k 1<br />

(15)<br />

<br />

(17)<br />

<br />

k +1<br />

'<br />

k 1<br />

k +1<br />

[E] 0<br />

[S] 0<br />

k 1<br />

k +1<br />

+ [S] 0<br />

(18)<br />

5


Remarquons que c<strong>et</strong>te relation exactement la même forme que la relation (10) <strong>et</strong> qu’elle<br />

peut être réécrite sous la forme de l’équation de Michaelis <strong>et</strong> Menten (13), bien que dans ce<br />

cas, V max <strong>et</strong> K m auront des définitions différentes. Il s’en suit que toutes les données<br />

expérimentales pouvant être ajustées avec la relation (10) seront ajustées de manière<br />

également satisfaisante avec la relation (18). En d’autres termes, la cinétique à l’état<br />

<strong>stationnaire</strong> ne perm<strong>et</strong> pas de discriminer les mécanismes enzymatiques (1) <strong>et</strong> (15).<br />

L’étudiant est encouragé à démontrer que la vitesse initiale d’apparition de P suivant le<br />

mécanisme :<br />

E + S k +1<br />

E'+P<br />

(19)<br />

E' k +2<br />

E<br />

où E’ est une forme inactive de l’enzyme qui est lentement reconvertie en enzyme active E, a<br />

également la forme de l’équation de Michaelis <strong>et</strong> Menten.<br />

Etat <strong>stationnaire</strong> <strong>et</strong> phases transitoires<br />

Revenons au mécanisme enzymatique (1). Lorsque [S] 0 >> [E] 0 , l’approximation de<br />

l’état <strong>stationnaire</strong> est valable pendant une bonne partie du temps que dure la réaction. Elle<br />

n’est cependant pas respectée au tout début <strong>et</strong> en fin de la réaction (Figure 2).<br />

Figure 2 : Variations de la concentration de S, P, E <strong>et</strong> ES au cours du temps pour une réaction<br />

enzymatique répondant au mécanisme (1).<br />

La phase pré-<strong>stationnaire</strong><br />

Au tout début de la réaction, [ES]=0 <strong>et</strong> la vitesse de d’apparition du produit est nulle. Il<br />

existe donc une phase, dite pré-<strong>stationnaire</strong>, au cours de laquelle le complexe ES va se former<br />

6


jusqu’à atteindre une concentration maximale qui restera approximativement constante<br />

durant toute la phase <strong>stationnaire</strong> (Figure 2). Durant c<strong>et</strong>te phase, la vitesse d’apparition de P<br />

est plus p<strong>et</strong>ite que pendant la phase <strong>stationnaire</strong>. La formation de P n’atteindra une vitesse<br />

constante, donnée par la relation (10) que lorsque [ES] aura atteint sa valeur maximale. Ainsi,<br />

la formation de P est caractérisée par un délai (« lag ») (Figure 3).<br />

Figure 3 : L’apparition du produit suivant le mécanisme (1) est caractérisé par un délai (lag)<br />

au tout début de la réaction. La concentration réelle de produit est donnée par la courbe<br />

continue. La pente de la partie linéaire de c<strong>et</strong>te courbe correspond à la vitesse initiale mesurée<br />

à l’état <strong>stationnaire</strong>.<br />

Nous verrons dans le chapitre 3 que la détermination du délai en fonction de la<br />

concentration en substrat, associée à l’étude de la vitesse initiale, perm<strong>et</strong> de déterminer les<br />

constantes k +1 , k -1 , <strong>et</strong> k +2 . Le délai est donc du même ordre de grandeur que ces constantes,<br />

qui sont typiquement comprises entre 10 0 <strong>et</strong> 10 7 s -1 , <strong>et</strong> la détermination des cinétiques pré<strong>stationnaire</strong>s<br />

requiert de mesurer l’apparition du produit (ou la disparition du substrat) dans<br />

des temps allant du dixième de microseconde à la seconde. Les techniques perm<strong>et</strong>tant de<br />

telles mesures seront décrites dans le chapitre 2. De plus, pour que la quantité de produit<br />

formée lors de la phase initiale puisse être déterminée avec précision, les cinétiques à l’état<br />

pré-<strong>stationnaire</strong>s requièrent 100 à 1000 fois plus d’enzyme que les cinétiques à l’état<br />

7


<strong>stationnaire</strong> : de 10 -7 à 10 -3 M (généralement de 10 -6 à 10 -4 M). Alors que le rapport [S] 0 /[E] 0<br />

peut atteindre ou même dépasser 1000 pour la détermination des cinétiques à l’état<br />

<strong>stationnaire</strong>, il dépasse rarement 10 pour les mesures à l’état pré-<strong>stationnaire</strong>.<br />

Lorsque [S] 0 /[E] 0 > 1, chaque molécule d’enzyme réalise plusieurs cycles catalytiques<br />

consécutifs avant que le substrat ne s’épuise (« multiple turnover »). Dans certaines situations,<br />

il peut s’avérer plus simple <strong>et</strong>/ou avantageux de ne suivre qu’un seul acte catalytique (ou non<br />

catalytique) (« single turnover »). Par exemple, dans les réactions impliquant deux substrats<br />

S 1 <strong>et</strong> S 2 , en utilisant une concentration saturante d’enzyme par rapport au premier substrat (E 0<br />

> S 1 0), on s’assure que [ES 1 ] 0 = S 1 0, ce qui perm<strong>et</strong> de mesurer aisément le K m réel du second<br />

substrat <strong>et</strong> le k cat réel de la réaction. Les ARN <strong>et</strong> ADN polymérases constituent une classe<br />

importante d’enzymes à deux substrats : elles lient d’abord une matrice (ARN ou ADN), puis<br />

un nucléotide (NTP ou dNTP). Un cas intéressant qui impose l’étude des cinétiques en<br />

conditions de « single turnover » est celui du repliement spontané des macromolécules<br />

biologiques (principalement celui des protéines <strong>et</strong> des ARN). Les méthodes utilisées pour<br />

l’étude de la phase pré-<strong>stationnaire</strong> des réactions enzymatiques sont aussi utilisées pour<br />

l’étude du repliement des macromolécules.<br />

La phase post-<strong>stationnaire</strong><br />

Lors de l’étude des réactions enzymatiques en condition de cycles catalytiques<br />

multiples, à la fin de la réaction, une quantité importante de substrat a été consommée <strong>et</strong> la<br />

condition [S] >> [E] 0 n’est plus vérifiée. Lorsque [S] n’est plus largement supérieure à K m ,<br />

[ES] diminue, de même que la vitesse de formation du produit. C<strong>et</strong>te phase, suivant l’état<br />

<strong>stationnaire</strong> est appelée phase post-<strong>stationnaire</strong> (Figure 2). Les phases pré- <strong>et</strong> post<strong>stationnaire</strong>s<br />

sont généralement appelées phases transitoires. L’étude de la phase post<strong>stationnaire</strong><br />

est plus compliquée que l’étude de la phase pré-<strong>stationnaire</strong> <strong>et</strong> est peu utilisée<br />

pour l’étude des mécanismes enzymatiques. Nous ne nous y intéresserons pas ici.<br />

8


Chapitre 2 : Mesure des vitesses des réactions <strong>rapides</strong><br />

La mesure des vitesses des réactions <strong>rapides</strong> est essentielle pour l’étude des cinétiques<br />

enzymatiques à l’état non-<strong>stationnaire</strong> <strong>et</strong> l’étude du repliement des macromolécules<br />

biologiques. La gamme de temps de réaction rapide en solution <strong>et</strong> les méthodes développées<br />

pour les étudier sont reprises dans la Figure 4.<br />

Figure 4 : Gamme de temps des réactions <strong>rapides</strong> <strong>et</strong> des méthodes pour les observer.<br />

Les méthodes de flux<br />

Les méthodes de flux ont en commun le mélange rapide de l’enzyme <strong>et</strong> du substrat à<br />

l’aide de seringues actionnées mécaniquement par un moteur ou de l’air comprimé qui<br />

conduisent les réactifs par confluence forcée à l’entrée d’un tube d’écoulement ou<br />

d’observation. La plus simple d’entre elles est la technique de flux continu. Tout comme la<br />

technique de « stopped flow », elle est utilisable lorsque l’état d’avancement de la réaction<br />

peut-être suivi par une méthode spectroscopique telle que l’absorbance, la fluorescence ou le<br />

dichroïsme circulaire (CD). La technique de « quenched flow » est utilisée lorsque l’état<br />

d’avancement de la réaction ne peut pas être détectée directement.<br />

Principe de la technique de flux continu<br />

La technique du flux continu est la première technique développée pour l’étude des<br />

réactions <strong>rapides</strong>. Elle a été introduite en 1922 par H. Hartridge <strong>et</strong> F.J. W. Roughton pour<br />

l’étude de la fixation de l’oxygène à l’hémoglobine. Son principe est décrit dans la Figure 5.<br />

9


Figure 5 : Principe de la méthode de flux continu. En déplaçant le système de détection le<br />

long du tube d’observation, il est possible d’étudier le mélange à des âges différents.<br />

Dans un appareil à flux continu, après le mélange, le milieu réactionnel progresse à<br />

l’intérieur d’un tube d’observation une vitesse constante v. Ainsi, le mélange atteint un point p<br />

situé dans le tube d’observation à une distance d du point de mélange après un temps t donné<br />

par la relation :<br />

t = d v<br />

(20)<br />

Tant que v est constante, mesurer une propriété spectroscopique (absorbance, fluorescence,…)<br />

le long du tube d’observation revient donc à mesurer c<strong>et</strong>te propriété en fonction du temps.<br />

Ainsi pour v = 10 m•s -1 , le mélange à 1 cm de la chambre de mélange est vieux de 1 ms. A un<br />

point donné du tube d’observation, l’âge du milieu réactionnel <strong>et</strong> ses caractéristiques<br />

spectroscopiques sont constantes. La technique de flux continu ne nécessite donc pas de<br />

système de détection avec une réponse rapide, contrairement aux autres méthodes utilisant la<br />

variation d’une caractéristique spectroscopique au cours du temps. Cependant, plus le temps<br />

d’enregistrement des données sera court, plus p<strong>et</strong>ite sera la quantité de réactif utilisée.<br />

En pratique, la vitesse minimale de la solution est imposée par l’efficacité de mélange<br />

(voir ci-dessous). La vitesse du liquide doit être maintenue au dessus d’une valeur critique,<br />

environ 2 m/s. Ainsi, il existe une limite supérieure du temps de réaction qui peut être étudié<br />

par la technique de flux continu. C<strong>et</strong>te limite dépend de la longueur du tube d’observation,<br />

mais la quantité de réactif nécessaire est directement proportionnelle à celle-ci. En pratique,<br />

suivant les applications, des cellules d’observations de 1 cm à 1 m ont été utilisées.<br />

La vitesse maximale utilisable en flux continu est supérieure à celle utilisable dans les<br />

techniques de stopped flow <strong>et</strong> quenched flow car les problèmes de cavitation <strong>et</strong> de vibrations<br />

parasites apparaissent d’abord lors de l’arrêt du flux. Des vitesses jusqu’à 100 m/s ont été<br />

utilisées en flux continu, comparées à des vitesses maximales d’environ 10 m/s en stopped<br />

flow <strong>et</strong> en quenched flow.<br />

10


Deux paramètres cruciaux dans les techniques de flux : l’efficacité de mélange <strong>et</strong> le<br />

temps mort<br />

Idéalement, dans les techniques de flux, le mélange des réactifs devrait être instantané,<br />

ce qui n’est évidemment pas possible. Un mélange rapide <strong>et</strong> homogène est obtenu lorsque le<br />

flux est turbulent. Ce type de flux est obtenu lorsque la vitesse du liquide est maintenue au<br />

dessus d’une valeur critique, environ 2 m/s. En dessous de c<strong>et</strong>te valeur, le flux devient<br />

laminaire : le liquide au centre du tube se déplace plus vite que celui à proximité de la paroi.<br />

Ainsi, dans les appareils à flux continu, <strong>et</strong> certains appareils de stopped flow <strong>et</strong> de quenched<br />

flow, il existe une limite supérieure du temps de réaction qui peut être étudié.<br />

Indépendamment de l’efficacité de mélange, il existe dans toutes les techniques de flux<br />

un temps mort, pendant lequel la réaction ne peut pas être observée (Figure 6).<br />

Figure 6 : Schéma du mélange <strong>et</strong> du système de détection d’un appareil à flux continu ou de<br />

« stopped-flow » <strong>et</strong> eff<strong>et</strong> de la largeur de la fente d’observation.<br />

M, O, <strong>et</strong> L, correspondent respectivement au centre de la cellule de mélange, au point<br />

où le mélange est effectivement compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> au milieu de la fenêtre, ou fente d’observation. La<br />

fente de largueur l est délimitée par ses deux bords L 1 <strong>et</strong> L 2 situés respectivement à une<br />

distance l 1 <strong>et</strong> l 2 du point O. Le temps nécessaire au mélange progressant à vitesse constante v<br />

pour atteindre les points L 1 <strong>et</strong> L 2 est t 1 <strong>et</strong> t 2 , respectivement. Le temps nécessaire au mélange<br />

11


pour traverser la fenêtre est t pass <strong>et</strong> le temps mort, t d , est le temps nécessaire pour atteindre le<br />

milieu de la fenêtre d’observation depuis le point O.<br />

Ce qui se passe durant le temps mort ne peut être étudié, <strong>et</strong> seule la partie de la réaction<br />

suivant t d peut-être étudiée explicitement. Dès lors, la fraction observable de la courbe<br />

réactionnelle dépend de la relation entre la vitesse de réaction <strong>et</strong> le temps mort. Supposons<br />

que l’on observe une réaction de premier ordre dont la constante de vitesse est k. L’amplitude<br />

du changement (d’absorbance, de fluorescence…) A obs qui peut être observée en commençant<br />

l’observation au temps t = t d est inférieure à l’amplitude réelle (totale) A tot . Le rapport entre<br />

ces deux valeurs est donné par la relation :<br />

ln A tot<br />

A obs<br />

= k t d<br />

(21)<br />

<strong>et</strong> puisque le temps de demi-vie de la réaction, t 1/2 , est donné par :<br />

t 1/2<br />

= ln2<br />

k<br />

la fraction observable de la réaction, f obs , est donnée par :<br />

ln f obs<br />

= ln A obs<br />

A tot<br />

<strong>et</strong> donc :<br />

(22)<br />

= k t d<br />

= ln2<br />

t 1/2<br />

t d<br />

(23)<br />

f obs<br />

= 0,5 t d / t 1/2 (24)<br />

Figure 7 : Fraction de la réaction observable en fonction du rapport t d /t 1/2 .<br />

La figure 7 montre que f obs décroît rapidement lorsque le rapport t d /t 1/2 augmente. Ainsi,<br />

si l’on étudie une réaction dont la demi-vie est 1 ms avec un appareil dont le temps mort est<br />

12


de 5 ms, on ne peut observer que 3 % de la réaction. Cependant, 25 <strong>et</strong> 50 % de la réaction<br />

peuvent être détectés si l’on parvient à abaisser le temps mort de l’appareil à respectivement 2<br />

<strong>et</strong> 1 ms. Dès lors, diminuer le temps mort est extrêmement important pour améliorer la<br />

performance d’un appareil à flux continu ou d’un appareil de stopped-flow. Il est possible de<br />

diminuer le temps mort en augmentant la vitesse du flux <strong>et</strong> en diminuant la largeur de la fente<br />

d’observation, ce qui perm<strong>et</strong> de raccourcir la distance l 2 <strong>et</strong> donc la distance entre les points O<br />

<strong>et</strong> L (Fig. 6). Cependant, une large fente perm<strong>et</strong> d’augmenter le rapport signal/bruit <strong>et</strong> il existe<br />

donc une largeur de fente optimale pour obtenir un rapport signal/bruit maximal avec un<br />

temps mort donné, qui dépend de la vitesse de la réaction étudiée.<br />

Un autre problème apparaît du fait que l’âge du mélange n’est pas le même aux temps t 1<br />

<strong>et</strong> t 2 <strong>et</strong> la concentration des réactifs <strong>et</strong> des produits a une distribution non linéaire le long du<br />

flux dans la cellule d’observation. Il est possible de démontrer que dans le cas d’une réaction<br />

de premier ordre, la largeur de la fente n’a pas d’eff<strong>et</strong> sur la détermination de la constante de<br />

vitesse, bien qu’elle décale la courbe expérimentale. Dans le cas d’une réaction de second<br />

ordre, la constante de vitesse apparente augmente avec la largeur de la fente <strong>et</strong> il existe une<br />

procédure pour corriger c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.<br />

Expérimentalement, on détermine le temps mort d’un appareil en analysant des<br />

réactions très <strong>rapides</strong> donnant un signal facilement détectable, comme la neutralisation d’une<br />

solution alcaline de p-nitrophénol avec un acide, qui est complète en moins de 0,1 ms, ou la<br />

dilution d’une solution colorée (par exemple une solution à 0,003 % de K 3 Fe(CN) 6 ) avec de<br />

l’eau ou un tampon incolore. La constante de vitesse apparente déterminée pour ces réactions<br />

correspond en général à l’inverse du temps mort. Le temps mort déterminé expérimentalement<br />

tient donc compte du temps mort théorique dont nous avons parlé ci-dessus <strong>et</strong> de l’efficacité<br />

de mélange des réactifs.<br />

Quelques appareils de flux continu<br />

Les appareils à flux continu ont été longtemps délaissés à cause de la quantité de réactif<br />

(d’enzyme) nécessaire <strong>et</strong> il n’existe pas d’appareil commerciaux de ce type. Cependant, des<br />

appareils expérimentaux très performants ont été développés. Nous en décrirons brièvement<br />

quelques-uns afin de montrer de quelles manières les principaux obstacles ont été surmontés.<br />

Le temps mort de la plupart des appareils à flux continu <strong>et</strong> de stopped-flow est<br />

généralement d’environ 1 ms. Pour diminuer ce temps mort, il faudrait diminuer la taille des<br />

tubes <strong>et</strong> accroître la vitesse du flux, ce qui nécessite des très hautes pressions, difficiles à<br />

atteindre dans la pratique. Cependant, le groupe de Thomas Jovin, en Allemagne, s’est rendu<br />

13


compte que le temps mort peut être significativement diminué en apportant plusieurs<br />

innovations (Fig. 8).<br />

Figure 8 : Schéma de l’appareil à flux continu ultra-rapide développé par l’équipe de Thomas<br />

Jovin.<br />

Afin de réduire la résistance du flux, des tuyaux relativement larges amènent les réactifs<br />

à la chambre de mélange. Avant d’arriver à c<strong>et</strong>te chambre, les deux liquides se rejoignent<br />

tangentiellement sans se mélanger (flux laminaire). La chambre de mélange consiste en une<br />

pointe dans laquelle est placée une sphère dont la taille peut être réduite à quelques dizaines<br />

de micromètres. Un mélange efficace est obtenu en quelques s en proj<strong>et</strong>ant le liquide sur la<br />

sphère. Afin de minimiser la pression, le tube d’observation a été supprimé : le mélange forme<br />

un j<strong>et</strong> dans l’air qui est stable sur quelques centimètres. Des flux de 10 à 100 m/s <strong>et</strong> des temps<br />

morts de 100 à 10 s ont été obtenus avec c<strong>et</strong> appareil. La longueur du j<strong>et</strong> limite l’étude à des<br />

temps de réaction allant de quelques s à quelques ms.<br />

Le second appareil, schématiquement représenté dans la Figure 9, a été développé par<br />

Roder <strong>et</strong> collaborateurs. Comme dans l’appareil précédent, un mélange ultrarapide (environ<br />

15 s) est obtenu par projection des réactifs sur une p<strong>et</strong>ite bille de platine. Le tube<br />

d’observation a été conservé, ce qui augmente le temps mort, mais augmente la stabilité<br />

optique du système par rapport à l’appareil précédent. Le temps mort a été minimisé (45-50<br />

s) en réduisant au maximum le volume de la chambre de mélange <strong>et</strong> de la cellule<br />

d’observation. L’originalité de c<strong>et</strong> appareil réside dans son système de détection. Le classique<br />

photomultiplicateur a été remplacé par un détecteur CCD (charge-coupled device)<br />

multicanaux. En illuminant la totalité du tube d’observation, le signal de fluorescence ou<br />

d’absorbance est collecté simultanément sur toute la longueur par le détecteur CCD qui<br />

décompose le signal en 1035 points correspondant à des temps de réaction différents. Il n’est<br />

plus besoin de déplacer le détecteur <strong>et</strong> une courbe réactionnelle complète est enregistrée en<br />

14


quelques s à quelques ms (suivant l’intensité du signal). Ce système perm<strong>et</strong> donc de réduire<br />

considérablement la quantité de matériel nécessaire pour déterminer la cinétique d’une<br />

réaction <strong>et</strong> ainsi de faire disparaître un des principaux inconvénients des appareils à flux<br />

continu.<br />

Figure 9 : Schéma de l’appareil à flux continu ultra-rapide développé par Roder <strong>et</strong><br />

collaborateurs.<br />

Les deux appareils que nous avons présentés ici ont été utilisés pour l’étude du<br />

repliement des protéines, qui est généralement un processus très rapide, qui ne peut pas être<br />

étudié par les appareils classiques de stopped-flow.<br />

Principe du « stopped-flow »<br />

Le principal défaut de la méthode de flux continu, dans la plupart des dispositifs<br />

expérimentaux, réside dans la quantité de réactifs requise (plus de 6 litre de solution<br />

d’hémoglobine pour une mesure dans le premier appareil décrit par H. Hartridge <strong>et</strong> F.J. W.<br />

Roughton). Pour palier à ce problème, F.J.W. Roughton a introduit la méthode de « stopped<br />

flow » en 1934, qui a été largement améliorée par B. Chance en 1940. Le principe en est<br />

décrit dans la figure 10.<br />

Les deux seringues contenant les réactifs sont brièvement comprimées pour expulser<br />

une quantité limitée de liquide (50 à 200 l), puis elles sont mécaniquement stoppées.<br />

Supposons que la cellule d’observation soit située à un cm de la chambre de mélange. Si la<br />

15


vitesse du flux durant la compression est de 10 m/s, durant c<strong>et</strong>te phase de flux continu, le<br />

détecteur voit un mélange vieux de 1 ms. Lorsque le flux est arrêté, le détecteur suit<br />

directement le vieillissement du mélange dans la cellule de détection.<br />

Figure 10 : Principe du « stopped flow ». Les deux méthodes alternatives d’arrêt sont<br />

représentées sur ce schéma : par arrêt des pistons sur une butée (en rouge) ou par une seringue<br />

d’arrêt (en vert). Le système de détection schématisé perm<strong>et</strong> de mesurer des variations<br />

d’absorbance.<br />

Un appareil de stopped-flow comprend donc trois fonctions principales. 1) Mélanger<br />

rapidement deux réactifs pour démarrer la réaction. 2) Arrêter le flux rapidement. 3) Détecter<br />

<strong>et</strong> enregistrer la variation d’un paramètre physique (absorbance, fluorescence, …) tandis que<br />

la réaction se poursuit dans la cellule d’observation.<br />

Les problèmes liés à l’efficacité de mélange <strong>et</strong> au temps mort des appareils sont les<br />

mêmes que dans la technique de flux continu. La nécessité d’un arrêt rapide est propre au<br />

stopped flow. Deux méthodes d’arrêt ont été utilisées. La solution techniquement la plus<br />

simple consiste à installer une butée qui arrête le mouvement du bloc auquel sont fixés les<br />

pistons des seringues contenant les réactifs (Fig. 10). De nos jours, c<strong>et</strong>te solution est peu<br />

repandue car elle a tendance à créer des phénomènes de cavitation : l’arrêt brutal des<br />

seringues provoque une diminution de pression dans la chambre d’observation <strong>et</strong> les gaz<br />

dissous se vaporisent en formant de p<strong>et</strong>ites bulles. La solution alternative consiste à arrêter le<br />

flux à l’arrière de la cellule d’observation. Le mélange remplit une seringue d’arrêt dont le<br />

piston va frapper un butoir (Fig. 10). Celui-ci est généralement équipé d’un déclencheur relié<br />

à un ordinateur qui démarre l’acquisition du signal. Une valve perm<strong>et</strong> de vider la seringue<br />

d’arrêt entre chaque mesure. De même, les seringues qui injectent les réactifs sont reliées par<br />

des valves à des seringues de grande contenance qui perm<strong>et</strong>tent de remplir rapidement les<br />

seringues d’injection (Fig. 10).<br />

16


Contrairement au flux continu, le stopped-flow requiert un système de détection rapide<br />

capable de suivre les variations de signal en direct. A l’époque où la technique a été<br />

développée, suivre les variations de signal dans le domaine de la ms (voire moins) était une<br />

prouesse fastidieuse. Les variations de tension à la sortie d’un photomultiplicateur (ou tout<br />

autre appareil de mesure) étaient enregistrées à l’aide d’un oscilloscope à mémoire dont<br />

l’écran était photographié <strong>et</strong> la trace du signal était analysée manuellement. De nos jours les<br />

micro-ordinateurs sont capables d’enregistrer les variations de signal dans le domaine de la<br />

ms en temps réel, <strong>et</strong> l’utilisation d’un oscilloscope à mémoire n’est plus nécessaire.<br />

Quelques appareils de stopped-flow<br />

Contrairement aux appareils à flux continu, les appareils de stopped-flow se sont<br />

démocratisés <strong>et</strong> sont devenus relativement courants dans les laboratoires. Plusieurs appareils<br />

commerciaux existent. Ils se répartissent en deux classes.<br />

Les premiers sont des accessoires ne comportant que le système de mélange rapide qui<br />

s’adaptent sur des spectrophotomètres UV-visible ou des fluorimètres classiques. Deux<br />

exemples d’appareils commerciaux de ce type sont montrés dans la figure 11.<br />

Figure 11 : Deux accessoires de stopped flow. A gauche le RX2000 d’Applied Photophysics,<br />

à droite le SFA20 de Hi-Tech. Dans les deux cas, les pistons sont actionnés par un sytème<br />

pneumatique (non montré). Les trois seringues verticales sont les réservoirs de réactifs <strong>et</strong> la<br />

« poubelle ».<br />

L’avantage de ces accessoires est leur faible coût. Leurs performances sont correctes<br />

sans atteindre celles des appareils dédiés. L’utilisation d’un spectrophotomètre ou d’un<br />

17


spectrofluorimètre classique impose une variation de signal relativement importante. D’autre<br />

part, la cellule de mesure est reliée à la chambre de mélange par des tuyaux relativement<br />

longs, de manière à pouvoir l’insérer dans le spectromètre, ce qui occasionne des volumes<br />

morts (perte de réactifs) <strong>et</strong> donc des temps morts relativement importants. Enfin, comme dans<br />

tous les systèmes utilisant un seul moteur (ou système pneumatique) pour injecter les réactifs,<br />

le rapport des volumes des différents réactifs ne peut être modifié qu’en utilisant des<br />

seringues de volumes différents. Typiquement, ces accessoires de stopped flow ont un temps<br />

mort minimum de 8 à 10 ms. Le volume d’amorçage de chaque réactif est de 260 l à 1 ml <strong>et</strong><br />

100 à 200 l de chaque réactif sont consommés à chaque mélange.<br />

Plusieurs appareils commerciaux dédiés au stopped flow sont également disponibles :<br />

les principaux fournisseurs sont Applied Photophysics, BioLogic <strong>et</strong> HighTec. Un exemple<br />

d’instrument est présenté dans la figure 12.<br />

Figure 12 : Deux vues du SX20 d’Applied Photophysics. L’appareil présenté est pourvu d’une<br />

option perm<strong>et</strong>tant un mélange séquentiel (voir plus loin) <strong>et</strong> d’un système de détection de<br />

l’absorbance.<br />

C<strong>et</strong>te figure perm<strong>et</strong> de distinguer les composants principaux de ce type d’instruments.<br />

On distingue, de droite à gauche, l’alimentation de la lampe au xénon, la lampe (module noir),<br />

un monochromateur, le module de mélange proprement dit à l’arrière duquel on aperçoit le<br />

photomultiplicateur (sur la vue de droite), le module de gestion électronique (sous l’écran<br />

dans la vue de gauche) <strong>et</strong> le microordinateur. Avec une cellule optique de 20 l dont les<br />

traj<strong>et</strong>s optiques sont de 2 <strong>et</strong> 10 mm (au choix), le temps mort est de 1,1 ms <strong>et</strong> le volume de<br />

chacun des réactifs est de 40 l par injection. Une cellule de 5 l avec des traj<strong>et</strong>s optiques de<br />

1 <strong>et</strong> 5 mm perm<strong>et</strong> de réduire le temps mort à 0,5 ms.<br />

Comment mesurer précisément de faibles variations de signal ?<br />

Dans les expériences de stopped-flow, ainsi que dans plusieurs techniques décrites plus<br />

loin, les réactions étudiées s’accompagnent parfois de très faibles variations de signal (moins<br />

18


de 0,01, voire moins de 0,001 unité d’absorbance ou moins de 1% de variation de la<br />

fluorescence). Plusieurs principes perm<strong>et</strong>tent de mesurer précisément les vitesses de réactions<br />

lorsque la variation de signal est faible.<br />

Le premier consiste à amplifier la variation de signal plutôt que le signal lui-même en<br />

appliquant une tension de compensation qui annule le signal au temps t = 0 ou t = (Figure<br />

13). Ce principe perm<strong>et</strong> d’amplifier une faible variation de signal sur une grande échelle.<br />

C<strong>et</strong>te soustraction analogique de la ligne de base est plus précise que la soustraction digitale<br />

de deux signaux de grande amplitude dont les valeurs sont presque identiques. C<strong>et</strong>te<br />

technique perm<strong>et</strong> d’utiliser des convertisseurs analogique/digital plus <strong>rapides</strong> <strong>et</strong> moins<br />

coûteux. Dans le cas du stopped-flow, les mesures sont reproduites plusieurs fois d’affilée.<br />

Ainsi, avant une injection, la cellule de mesure est remplie avec le mélange en fin de réaction<br />

(t ) de l’expérience précédente. La tension de sortie du photomultiplicateur (ou de la<br />

diode) correspondant à ce signal peut-être compensée par une tension d’amplitude égale mais<br />

de signe contraire.<br />

Figure 13 : Principe de la soustraction analogique de la ligne de base.<br />

L’amplification d’une faible variation de signal résulte en un faible rapport signal/bruit.<br />

Le rapport signal/bruit peut être accru en accumulant <strong>et</strong> en moyennant les données. Le rapport<br />

signal/sur bruit augmente proportionnellement à la racine carrée du nombre d’accumulations.<br />

Un exemple réel est donné dans la Figure 14. Une simulation montrant l’eff<strong>et</strong> de<br />

l’accumulation des données sur la détermination des paramètres cinétiques est présentée dans<br />

la Figure 15.<br />

19


Figure 14 : Eff<strong>et</strong> de l’accumulation des mesures sur l’augmentation du rapport signal/bruit. La<br />

réaction étudiée par stopped flow est la réduction du 2,6-dichlorophenolindophenol (DCIP ; 2<br />

M) par l’acide ascorbique à pH 4,2 à 20 °C. La variation d’absorbance est mesurée à 524 nm<br />

sous un traj<strong>et</strong> optique de 2 mm. Les chiffres au-dessus des courbes correspondent au nombre<br />

d’accumulations.<br />

Figure 15 : Eff<strong>et</strong> de l’accumulation des données sur la détermination des constantes<br />

cinétiques. Un, 10, ou 52 jeux de données (comprenant 150 points chacun) ont été générés à<br />

partir de l’équation A = e kt avec k = 10 s -1 avec une distribution gaussienne des erreurs<br />

correspondant à un écart-type de 0,5. Les jeux de données ont été moyennés <strong>et</strong> ajustés avec la<br />

même équation. Les courbes obtenues par ajustement de 10 <strong>et</strong> 52 jeux de données se<br />

superposent presque totalement à la courbe théorique (en magenta). Les valeurs de la<br />

20


constante de vitesse (±SD) obtenues par ajustement de 1, 10, <strong>et</strong> 52 jeux de données sont<br />

respectivement de 7,07 ± 2, 56, 9,15 ± 1,21 <strong>et</strong> 9,95 ± 0,54 s -1 .<br />

Lorsqu’il n’est pas possible d’accumuler plusieurs jeux de données, mais qu’une courbe<br />

comprend de nombreux points expérimentaux, il est possible d’augmenter le rapport<br />

signal/bruit en lissant la courbe. Le lissage ne modifie pas (sensiblement) la valeur des<br />

paramètres déterminés par ajustement des données avec une équation théorique, mais perm<strong>et</strong><br />

de réduire l’incertitude sur ces valeurs.<br />

Principe du quenched-flow<br />

Dans certains cas, les réactions enzymatiques ne s’accompagnent pas d’une variation de<br />

signal optique exploitable. Souvent, au contraire, les différentes étapes d’une réaction<br />

enzymatique donnent lieu à des variations complexes d’absorbance ou de fluorescence <strong>et</strong><br />

plusieurs phases avec des constantes de vitesse se superposent. Dans ce cas, il est utile de<br />

pouvoir mesurer directement la vitesse d’apparition d’un produit, même si celui-ci n’absorbe<br />

ou ne fluoresce pas. Par exemple, dans les réactions d’aminoacylation des ARNt par les<br />

synthétases il est utile de déterminer la fraction d’ATP hydrolysé ou la fraction d’ARNt<br />

chargé au cours du temps ; dans les réactions de polymérisation d’ADN, il est souvent<br />

nécessaire de déterminer la fraction d’amorce allongée d’un ou plusieurs nucléotide(s) au<br />

cours du temps. La technique de quenched-flow consiste à mélanger rapidement les réactifs <strong>et</strong><br />

après un temps de réaction variable, à mélanger rapidement le milieu réactionnel avec une<br />

solution d’arrêt. Celle-ci peut être un acide ou une base qui dénature l’enzyme (il faut dans ce<br />

cas s’assurer que la dénaturation ne s’accompagne pas d’une précipitation), un chélateur qui<br />

lie un cofacteur métallique essentiel de l’enzyme, <strong>et</strong>c… Les produits sont récupérés <strong>et</strong><br />

peuvent être analysés par diverses techniques : comptage de la radioactivité acido-insoluble,<br />

électrophorèse sur gel de polyacrylamide, <strong>et</strong>c…<br />

Le plus simple des appareils de quenched-flow comprend donc en principe trois<br />

seringues <strong>et</strong> deux chambres de mélange (Fig . 16). L’enzyme <strong>et</strong> le substrat sont mélangés dans<br />

une première chambre de mélange <strong>et</strong> le milieu réactionnel est envoyé dans un tube de<br />

vieillissement puis est mélangé à la solution d’arrêt dans la seconde chambre de mélange<br />

avant d’être éjecté.<br />

21


Figure 16 : Représentation schématique d’un appareil de quenched-flow.<br />

Contrairement au stopped-flow, dans une expérience de quenched-flow, chaque<br />

injection ne génère (en général) qu’un seul point expérimental correspondant à un temps de<br />

réaction donné. Celui-ci est déterminé par l’intervalle de temps entre les deux mélanges <strong>et</strong><br />

peut être contrôlé en ajustant la longueur du tuyau connectant les deux chambres de mélanges<br />

<strong>et</strong>/ou la vitesse du flux. Le temps de réaction t est fonction du volume de la ligne de<br />

vieillissement (ou ligne de délai) V d <strong>et</strong> de la vitesse du flux v exprimée en volume par unité de<br />

temps :<br />

t = V d<br />

(25)<br />

v<br />

<strong>et</strong> la vitesse du flux est donnée par V R , le volume de réactifs (enzyme plus substrat) utilisé<br />

pour une injection <strong>et</strong> T i , le temps de poussée sur les pistons, c’est à dire la durée d’une<br />

injection, par :<br />

v = V R<br />

T i<br />

(26)<br />

d’où :<br />

t = V d T i<br />

V R<br />

(27)<br />

22


Des temps de réaction de 2 à 150 ms peuvent être obtenus avec le type d’appareil<br />

schématisé dans la Fig. 16. Ce design ne perm<strong>et</strong> cependant pas d’atteindre des temps de<br />

réaction supérieurs à environ 200 ms car il est nécessaire de maintenir la vitesse du flux à une<br />

valeur suffisante pour obtenir un mélange efficace (flux turbulent) <strong>et</strong> la ligne de délai ne peut<br />

pas être allongée indéfiniment (Typiquement, un tuyau de 40 cm de long contenant 200 l de<br />

réactifs perm<strong>et</strong> d’obtenir un temps de réaction de l’ordre de 100 ms). De plus, ce design<br />

gaspille un volume considérable d’échantillon souvent précieux, en utilisant l’enzyme <strong>et</strong> le<br />

substrat pour pousser les réactifs dans <strong>et</strong> hors de la ligne délai. A la fin de chaque injection, la<br />

ligne de délai est remplie de réactifs qu’il faut éliminer avant l’injection suivante. Des<br />

appareils plus économes <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant d’atteindre des temps de réaction plus longs ont été<br />

conçus. Trois d’entre eux sont décrits ci-dessous.<br />

Quelques appareils de quenched-flow<br />

Dans l’appareil commercialisé par Kintek (Fig. 17), les trois seringues sont poussées par<br />

un moteur pas à pas unique contrôlé par ordinateur. L’enzyme <strong>et</strong> le substrat (15 à 40 l) sont<br />

chargés dans des boucles d’une contenance maximale de 40 l. Des valves à trois voies sont<br />

alors utilisées pour connecter ces boucles aux seringues contenant du tampon. C’est donc du<br />

tampon qui pousse les réactifs dans la chambre de mélange, puis dans la boucle de<br />

vieillissement lorsque le moteur est actionné. Une valve à huit voies perm<strong>et</strong> de sélectionner<br />

parmi huit boucles de vieillissement de longueur variable, ce qui perm<strong>et</strong> de couvrir une<br />

gamme de temps de réaction allant de 2 à 100 ms. Des temps de réaction beaucoup plus longs<br />

peuvent être obtenus en mode « push-pause-push ». Une première poussée conduit les réactifs<br />

dans la boucle de vieillissement, puis le moteur s’arrête pendant un temps programmé par<br />

l’utilisateur avant une deuxième poussée qui mélange le milieu réactionnel avec la solution<br />

d’arrêt.<br />

23


Figure 16 : L’appareil RQF-3 de Kintek.<br />

L’appareil QFM-400 développé par BioLogic possède quatre seringues pilotées chacune<br />

par un moteur pas à pas indépendant (Fig. 17). C<strong>et</strong>te particularité perm<strong>et</strong> d’injecter des<br />

volumes différents d’enzyme <strong>et</strong> de substrat <strong>et</strong> offre davantage de souplesse.<br />

Figure 17 : Le QFM-400 de BioLogic.<br />

Lorsque les échantillons sont précieux, ils sont introduits directement par les valves V1<br />

<strong>et</strong> V2 dans les boucles L1 <strong>et</strong> L2 <strong>et</strong> les seringues S1 <strong>et</strong> S2 sont remplies avec du tampon. La<br />

seringue S3 contient du tampon <strong>et</strong> est utilisée pour rincer les circuits. Elle peut aussi être<br />

utilisée pour pousser le mélanger réactionnel hors de la ligne de délai (LD) lorsque l’enzyme<br />

<strong>et</strong> le substrat sont contenus dans les seringues S1 <strong>et</strong> S2. La solution d’arrêt est contenue dans<br />

la seringue S4. Le volume d’amorçage est 23 l <strong>et</strong> le volume minimum de réactif par injection<br />

est de 15 l. Des temps de réaction de 2 ms à plusieurs secondes peuvent être mesurés.<br />

24


Il est à noter qu’il existe aussi des équipements commerciaux pouvant fonctionner en<br />

quenched-flow ou en stopped-flow qui possèdent trois chambres de mélange (Fig. 18). Les<br />

réactifs contenus dans les seringues S1 <strong>et</strong> S2 sont mélangés en premier <strong>et</strong> après un temps<br />

programmable par l’utilisateur, le troisième réactif est ajouté. Après un second délai<br />

programmable, le quatrième réactif, généralement la solution d’arrêt dans le cas d’une<br />

expérience de stopped-flow, est à son tour mélangé au milieu réactionnel.<br />

Figure 18 : Le SFM-400 de BioLogic.<br />

La photolyse induite par un flash<br />

Les techniques de flux ont une résolution temporelle limitée par la nécessité de<br />

mélanger les réactifs. La seule possibilité pour étudier des réactions extrêmement <strong>rapides</strong> est<br />

de contourner le problème du mélange. Une possibilité est d’initier la réaction par une<br />

impulsion lumineuse (produite par un laser). C<strong>et</strong>te technique a été introduite en 1959 par Q.<br />

H. Gibson pour étudier la dissociation du monoxyde de carbone (CO) de la carbomonoxyhémoglobine<br />

<strong>et</strong> de la carbomonoxy-myoglobin <strong>et</strong> de leur réassociation avec le CO <strong>et</strong> d’autres<br />

ligands. L’amélioration de la technique par l’introduction de lasers à permis d’étudier des<br />

vitesses de dissociation dans le domaine de la femtoseconde <strong>et</strong> des vitesses de réassociation<br />

dans le domaine de la picoseconde.<br />

La technique de « flash photolysis » proprement dite est applicable lorsque l’on dispose<br />

d’un précurseur photo-activable de l’un des réactifs. Dans ce cas, les réactifs sont prémélangés<br />

<strong>et</strong> la réaction est initiée par l’impulsion laser. C<strong>et</strong>te technique est applicable aux<br />

réactions initiées par l’ATP ou le GTP. En eff<strong>et</strong>, il existe des précurseurs de l’ATP <strong>et</strong> du GTP<br />

(appelés « caged ATP/GTP ») qui se décomposent en quelques ns sous l’action d’un flash à<br />

347 nm (Fig. 19).<br />

25


NH 2<br />

N<br />

N<br />

CH 3<br />

HC<br />

O<br />

NO 2<br />

N<br />

O<br />

O<br />

O<br />

N<br />

h<br />

P O P -O P O<br />

O<br />

O - O -<br />

O -<br />

H H<br />

H<br />

H<br />

OH OH<br />

ATP + COCH 3<br />

NO 2<br />

Figure 19 : Réaction de décomposition du 1-(2-nitrophenyl)<strong>et</strong>hyl-P 3 -ester d’ATP par la<br />

lumière.<br />

Les techniques de relaxation<br />

Les techniques dites « de relaxation » constituent une façon radicalement différente de<br />

contourner le problème du mélange. Dans les techniques précédentes, les concentrations<br />

initiales des réactifs <strong>et</strong> des produits sont très différentes des concentrations atteintes à<br />

l’équilibre, à la fin de la réaction. Les techniques de relaxation ont été développées par<br />

Manfred Eigen <strong>et</strong> ses collaborateurs à partir de la fin des années 1950. Ces travaux lui ont<br />

valu le prix Nobel de Chimie en 1967. Le principe des méthodes de relaxation est basé sur le<br />

fait qu’un équilibre physico-chimique dépend de paramètres extérieurs comme la température,<br />

la pression, ou l’intensité du champ électrique. Ainsi, la variation de la constante d’équilibre<br />

K d’une réaction en fonction de la température dépend de la variation d’enthalpie libre<br />

standard (H 0 ) :<br />

lnK <br />

= H 0<br />

T <br />

P RT (28)<br />

2<br />

sa variation en fonction de la pression dépend de la variation de volume standard (V 0 )<br />

lnK <br />

= V 0<br />

(29)<br />

P <br />

T RT<br />

<strong>et</strong> sa variation en fonction du champ électrique E dépend de la variation standard du moment<br />

électrique macroscopique M 0 (M 0 représente la variation du nombre de charges des réactifs<br />

<strong>et</strong> des produits due à la réaction ; elle est parfois appelée le moment électrique de la réaction<br />

ou la polarisation molaire) :<br />

lnK <br />

= M 0<br />

E RT<br />

T ,P<br />

(30)<br />

26


Lorsqu’une perturbation rapide d’un paramètre externe est appliquée à un mélange<br />

réactionnel à l’équilibre, celui-ci va répondre à la perturbation en ajustant la concentration de<br />

chacun des réactants de manière à satisfaire la nouvelle constante d’équilibre. On dit qu’après<br />

la perturbation, le système se « relaxe ». En analysant la réponse du système à la perturbation,<br />

la vitesse de la réaction en question peut être déterminée. Le temps de relaxation () est<br />

l’inverse de la constante de relaxation du système. En général, la relaxation est monoexponentielle,<br />

même dans le cas de réactions complexes : la détermination des constantes<br />

cinétiques de chaque étape à partir des temps de relaxation sera abordée dans le chapitre<br />

suivant. Les méthodes de relaxation ne sont donc applicables qu’aux réactions réversibles,<br />

dont les constantes d’équilibre sont dans une gamme appropriée (voir ci-dessous). La limite<br />

des constantes de vitesse mesurables par les techniques de relaxation est déterminée par la<br />

vitesse à laquelle la perturbation peut-être appliquée au système : de ce point de vue, les<br />

méthodes de relaxation sont très supérieures aux méthodes de flux (Fig. 4).<br />

Deux modes de perturbation<br />

Les techniques de relaxation peuvent être divisées en deux groupes principaux, selon le<br />

mode de perturbation employé : perturbation périodique ou transitoire. Un exemple de<br />

technique utilisant une perturbation périodique est la méthode ultrasonique, dans laquelle des<br />

sons d’une fréquence pouvant varier de moins d’un kHz à plus d’un GHz sont appliqués à<br />

l’échantillon. Si la fréquence de la perturbation () est suffisamment inférieure à la constante<br />

de vitesse de relaxation (1/), le système peut se réajuster rapidement, <strong>et</strong> les changements de<br />

concentration des réactants suivront la perturbation (Fig. 20). Si au contraire, la fréquence de<br />

la perturbation est beaucoup plus élevée que pour que la vitesse de relaxation, aucun<br />

changement de concentration ne pourra être observé. Lorsque la fréquence de la perturbation<br />

est du même ordre de grandeur que la constante de vitesse de relaxation, les variations de<br />

concentrations sont déphasées (décalées) <strong>et</strong> leur amplitude est réduite (Fig. 20). La différence<br />

de phase est une mesure de la vitesse de la réaction chimique. L’atténuation de l’amplitude<br />

représente l’énergie de dissipation. Elle peut être mesurée <strong>et</strong> est reliée à la différence de phase<br />

par une transformée de Fourrier. Dans la méthode ultrasonique, il est possible de déterminer <br />

en mesurant la vitesse du son en fonction de la fréquence ou l’énergie absorbée en fonction de<br />

la fréquence. La technique ultrasonique est très utile dans l’étude du repliement des protéines :<br />

elle perm<strong>et</strong> d’étudier des phénomènes se produisant en des temps de 0,1 ns à plusieurs ms.<br />

27


Figure 20 : Relaxation causée par une perturbation périodique. La courbe pointillée la<br />

variation périodique d’un paramètre extrinsèque (pression, champ électrique, intensité des<br />

ultrasons) <strong>et</strong> les courbes solides représentent la variation périodique de la concentration des<br />

réactants. est la fréquence de la perturbation <strong>et</strong> le temps de relaxation.<br />

La manière la plus simple de perturber un système à l’équilibre est d’appliquer une<br />

perturbation transitoire, aussi rapide que possible. C<strong>et</strong>te technique est utilisée pour des sauts<br />

de température (T-jump), de pression ou de champ électrique. Après la perturbation, un<br />

paramètre physicochimique (absorbance, fluorescence) directement proportionnel à la<br />

concentration d’un réactant est enregistrée en continu tandis que le système s’approche du<br />

nouvel équilibre (Fig. 21).<br />

Figure 21 : Relaxation d’un système à l’équilibre sous l’eff<strong>et</strong> d’une perturbation transitoire.<br />

En pointillés la perturbation transitoire, en trait plein la relaxation du système.<br />

La courbe de relaxation suit l’équation :<br />

c = c 0<br />

e t / (31)<br />

28


où c 0 <strong>et</strong> c sont les variations de concentration au temps 0 <strong>et</strong> t, respectivement, <strong>et</strong> <br />

représente le temps de relaxation.<br />

La limite des temps de relaxation observables par ces techniques est déterminée par la<br />

vitesse du saut <strong>et</strong> peut atteindre 10 -9 à 10 -6 s pour le saut de température, 10 -7 à 10 -4 s pour le<br />

saut de pression <strong>et</strong> 10 -8 à 10 -6 s pour le saut de champ électrique.<br />

Comme la majorité des réactions ont un H 0 non nul, la méthode du saut de température<br />

est la plus générale <strong>et</strong> les appareils de T-jump sont relativement simples. Nous nous<br />

concentrerons par la suite sur c<strong>et</strong>te technique.<br />

La technique du saut de température<br />

Les facteurs gouvernant l’applicabilité de la technique du saut de température sont les<br />

suivants : 1°) les facteurs inhérents à la réaction étudiées, à savoir 1a) la magnitude du<br />

changement de propriété optique accompagnant la réaction, 1b) la variation d’enthalpie<br />

standard H 0 <strong>et</strong> 1c) la constante d’équilibre K de la réaction, <strong>et</strong> 2°) les facteurs liés aux<br />

performances de l’appareillage, comme 2a) l’amplitude du saut de température T <strong>et</strong> 2b) sa<br />

vitesse. D’un manière générale, les réactions générant une variation de 0,001 à 0,01 unités<br />

d’absorbance pour un saut de température de 3 à 6°C <strong>et</strong> ont des demi-vies allant de la<br />

microseconde à la seconde peuvent être étudiées par la technique du saut de température.<br />

Lorsque le saut de température est suffisamment p<strong>et</strong>it, l’équation (28) se réduit à :<br />

K<br />

K H 0 <br />

T (32)<br />

RT 2<br />

<br />

<strong>et</strong> donc la variation relative de la constante d’équilibre est proportionnelle au saut de<br />

température, le coefficient de proportionnalité étant (H 0 /RT 2 ).<br />

Si l’on considère un équilibre unimoléculaire :<br />

A B (33)<br />

dont la constante d’équilibre est définie par :<br />

K = A<br />

B<br />

[ ]<br />

[ ] = A 0<br />

= <br />

(1 )A 0<br />

1<br />

on obtient en différentiant l’équation (34) :<br />

K<br />

K = <br />

(35)<br />

(1 )<br />

La variation de concentration [A] résultant d’un saut de température T est donnée par :<br />

[ A ]= (A ) = A = A (1 ) K <br />

<br />

0 0 0 K <br />

= A K <br />

0 K (36)<br />

<br />

(34)<br />

29


avec<br />

= (1) (37)<br />

La variation de concentration, <strong>et</strong> donc la sensibilité de la technique, est maximale lorsque <br />

est maximal, c’est-à-dire lorsque =0,5 <strong>et</strong> K=1. En pratique, les variations de concentration<br />

deviennent extrêmement faibles lorsque K>100 ou K


température est RC/2 (en s). Si on définit , comme le temps requis pour atteindre 90 % du T<br />

final, on a :<br />

=1,15RC (en s) (42)<br />

Le saut de température sera donc d’autant plus rapide que la résistance de la solution<br />

est faible, c’est-à-dire que la concentration en sels (généralement KNO 3 ou KClO 4 ) est forte.<br />

Cependant, beaucoup d’enzymes sont inhibées à forte concentration saline : par exemple, la<br />

plupart des ADN polymérases sont totalement inhibées par 300 mM de sels monovalent. Il<br />

existe aussi un compromis à trouver entre l’amplitude du saut de température (proportionnel à<br />

C) <strong>et</strong> sa durée. Typiquement, les valeurs de sont comprises entre 1 <strong>et</strong> 10 s. Par la suite,<br />

nous établirons des équations perm<strong>et</strong>tant d’analyser les signaux de T-jump en supposant que<br />

le saut de température est n<strong>et</strong>tement plus rapide que la réaction étudiée. Mais il est possible<br />

d’établir des équations analogues dans le cas où l’augmentation de température <strong>et</strong> la réaction<br />

d’intérêt se produisent à des vitesses similaires, en tenant compte de la relation (41).<br />

Figure 22 : Schéma d’un appareillage de saut de température utilisant un condensateur <strong>et</strong> de sa<br />

cellule.<br />

La durée du saut de température est la caractéristique principale des appareils de t-Jump,<br />

comparable au temps mort du « stopped-flow ». Il est possible d’obtenir des sauts de<br />

température de 10°C en moins de 100 ns (typiquement de 10 à 100 ns) en replaçant le<br />

condensateur par un câble co-axial (constitué de deux cylindres métalliques séparés par un<br />

diélectrique). Contrairement à un condensateur, un câble co-axial possède des propriétés<br />

d’inductance, en plus de sa capacitance. (L'inductance d’un circuit électrique est un<br />

coefficient qui traduit le fait qu’un courant le traversant crée un champ magnétique à travers<br />

31


la section entourée par ce circuit. Il en résulte un flux du champ magnétique à travers la<br />

section limitée par ce circuit.). Son énergie peut être transférée à la solution sous la forme<br />

d’une impulsion rectangulaire.<br />

L’utilisation d’une décharge électrique pour provoquer le saut de température impose<br />

des restrictions sur la composition des tampons, ce qui a conduit au développement d’autres<br />

techniques. Un saut de température de quelques degrés peut être obtenu en 100 ns par des<br />

impulsions de micro-ondes.<br />

Le saut de température peut aussi être obtenu en utilisant des lasers de forte puissance. Il<br />

existe deux approches. La première consiste à utiliser des lasers infrarouges dont les<br />

radiations sont absorbées par l’eau. Pour obtenir un échauffement homogène tout le long du<br />

traj<strong>et</strong> optique, il faut se placer à une longueur d’onde où l’eau n’absorbe d’une p<strong>et</strong>ite fraction<br />

des photons. Il est possible d’utiliser un laser avec une longueur d’onde comprise entre 1,5 <strong>et</strong><br />

2 m (pour un traj<strong>et</strong> optique de 50 m). Des impulsions de plusieurs mJ (jusqu’à 200 mJ) en<br />

quelques ns peuvent être produites de c<strong>et</strong>te manière. Enfin, les sauts de température les plus<br />

<strong>rapides</strong> sont obtenus en utilisant des lasers ém<strong>et</strong>tant dans le visible qui sont utilisés pour<br />

exciter des colorants qui transm<strong>et</strong>tent ensuite leur énergie à l’eau. Une élévation de 10°C est<br />

obtenue en 70 ps. Une étude théorique suggère que la limite de c<strong>et</strong>te approche se situe aux<br />

environs de 20 ps. Dans c<strong>et</strong>te méthode, il importe de vérifier que le colorant n’interfère pas<br />

avec la réaction à étudier.<br />

32


Chapitre 3 : Analyse des cinétiques transitoires<br />

Dans l’étude de la phase transitoire pré-<strong>stationnaire</strong> des réactions, les données<br />

expérimentales obtenues par les techniques décrites dans le chapitre précédent sont<br />

généralement représentées par une fonction exponentielle, pour les réactions de premier ordre,<br />

ou par la superposition de plusieurs exponentielles. L’analyse des courbes perm<strong>et</strong> de<br />

déterminer une constante apparente d’ordre 1, k cat , qui est l’inverse du temps de relaxation ().<br />

Généralement, k cat est fonction de la concentration des réactants.<br />

L’étape suivante est donc d’étudier k cat est fonction de la concentrations des réactants, y<br />

compris celle de l’enzyme <strong>et</strong> des substrats, pour élucider le mécanisme réactionnel en termes<br />

d’étapes élémentaires <strong>et</strong> de déterminer la vitesse de chacune de ces étapes. La procédure<br />

employée est essentiellement similaire à celle utilisée pour les cinétiques pré-<strong>stationnaire</strong>s,<br />

dans laquelle la vitesse initiale, plutôt que la constante de vitesse apparente, est utilisée<br />

comme paramètre reflétant la vitesse.<br />

La différence entre ces deux types de cinétiques est que la cinétique à l’état <strong>stationnaire</strong><br />

est basée sur la vitesse de conversion des substrats en produits, indépendamment des<br />

changements d’état de l’enzyme, tandis que la cinétique pré-<strong>stationnaire</strong> a pour but<br />

l’observation des étapes élémentaires de la réaction en suivant les changements d’état de<br />

l’enzyme. Dès lors, il y a des différences entre ces deux approches quant à l’établissement des<br />

équations de vitesse, puisque l’enzyme est considérée comme catalyseur dans les cinétiques<br />

<strong>stationnaire</strong>s <strong>et</strong> comme un réactant directement impliqué dans les processus élémentaires<br />

dans les cinétiques pré-<strong>stationnaire</strong>s.<br />

Analyse des méthodes de relaxation proches de l’équilibre (p<strong>et</strong>ites perturbations)<br />

Mécanismes à une étape<br />

Les mécanismes à une étape sont caractérisés par un seul temps de relaxation.<br />

Considérons une association réversible bimoléculaire :<br />

A + B<br />

k1<br />

k +1<br />

C (43)<br />

'<br />

Si c i<br />

dénote la concentration de l’espèce i (A, B, ou C) à l’équilibre à la température T’, avant<br />

le saut de température <strong>et</strong> c i<br />

la concentration à l’équilibre après le saut de température à la<br />

température T, c i<br />

est la variation totale de concentration <strong>et</strong> c i<br />

est la variation de<br />

concentration au temps t :<br />

c A<br />

= c B<br />

= c C<br />

c = c i<br />

c i<br />

(44)<br />

<strong>et</strong><br />

33


c A<br />

= c A<br />

c<br />

c B<br />

= c B<br />

c<br />

c C<br />

= c C<br />

+ c<br />

La variation de la concentration des réactants au cours du temps est donnée par :<br />

(45)<br />

dc A<br />

dt<br />

= dc B<br />

dt<br />

= dc C<br />

dt<br />

= k +1<br />

c A<br />

c B<br />

k 1<br />

c C<br />

(46)<br />

C<strong>et</strong>te équation est vraie quelle que soit l’amplitude de la perturbation : elle est donc valable<br />

aussi bien pour le T-jump que pour les expériences de stopped-flow. Elle peut être réécrite en<br />

terme de c i<br />

<strong>et</strong> c au lieu de c i en utilisant les relations (45) :<br />

dc<br />

= k +1<br />

(c A<br />

c)(c B<br />

c) k 1<br />

(c C<br />

+ c)<br />

dt<br />

(47)<br />

= (k +1<br />

c A<br />

c B<br />

k 1<br />

c C<br />

) { k +1<br />

(c A<br />

+ c B<br />

) + k 1 }c + k +1<br />

(c) 2<br />

D’autre par les conditions d’équilibre implique que :<br />

k +1<br />

c A<br />

c B<br />

= k 1<br />

c C<br />

(48)<br />

Et l’équation (47) devient :<br />

dc<br />

dt<br />

= { k +1<br />

(c A<br />

+ c B<br />

) + k 1 }c + k +1<br />

(c) 2 (49)<br />

D’autre part, si la perturbation est faible, le terme en (c) 2 est négligeable :<br />

dc<br />

dt<br />

<strong>et</strong><br />

= { k +1<br />

(c A<br />

+ c B<br />

) + k 1 }c c<br />

<br />

1<br />

= k (c + c ) + k (51)<br />

+1 A B 1<br />

En général une perturbation est considérée comme faible si c est inférieur à 0,05 c i<br />

.<br />

Les relations (50) <strong>et</strong> (51) ne sont donc valable que pour les techniques de relaxation, mais pas<br />

pour les techniques de stopped-flow <strong>et</strong> quenched-flow.<br />

Il faut noter que la relation (50) est une équation de vitesse de premier ordre par rapport<br />

à c. Cela indique que la cinétique d’association peut être approximée par une réaction<br />

d’ordre un, bien qu’il s’agisse d’une réaction bimoléculaire : ce n’est possible que parce que<br />

la réaction est p<strong>et</strong>ite.<br />

L’équation (51) montre qu’il est possible de déterminer les valeurs de k +1 <strong>et</strong> k -1 en<br />

déterminant en fonction de la concentration de A <strong>et</strong> B.<br />

De même pour les autres mécanismes à une étape, il est possible d’exprimer 1/ en<br />

fonction de k +1 <strong>et</strong> k -1 .<br />

(50)<br />

34


k +1<br />

A B<br />

k1<br />

A + B C<br />

2A B<br />

nA B<br />

A + C B + C<br />

A + B C + D<br />

A + B 2C<br />

A + B + C D<br />

1/ = k +1<br />

+ k 1<br />

1/ = k +1<br />

(c A<br />

+ c B<br />

) + k 1<br />

1/ = 4k +1<br />

c A<br />

+ k 1<br />

1/ = n 2 k +1<br />

(c A<br />

) n1 + k 1<br />

1/ = (k +1<br />

+ k 1<br />

)c c<br />

1/ = k +1<br />

(c A<br />

+ c B<br />

) + k 1<br />

(c C<br />

+ c D<br />

)<br />

1/ = k +1<br />

(c A<br />

+ c B<br />

) + 4k 1<br />

c C<br />

1/ = k +1<br />

(c A<br />

c B<br />

+ c A<br />

c C<br />

+ c B<br />

c C<br />

) + k 1<br />

35

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