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sorte de surséance, en partie à cause de la guerre contre
l'Angleterre qui rend le temps malpropre pour l'exécution
du dessein, et en partie par la tendresse de conscience de
quelques-uns qui contribuent de notables sommes pour en
soutenir la dépense, lesquels ont cru que, s'agissant d'une
entreprise qui a pour but la propagation de la foi, il était
nécessaire d'obtenir auparavant la bénédiction et la mission
du Saint-Siège apostolique.
Ayant donc fait pressentir à Rome ce qu'on s'en pouvait
promettre, l'on a trouvé Sa Sainteté disposée à accorder non
seulement cela, mais même la création d'un Évêque français
pour les pays austraux. Sur quoi ne voulant rien avancer que
de l'expresse permission du Roi, l'on a pris la liberté de dresser
le placet ci-joint pour Sa Majesté que vous êtes très humblement
supplié, Monseigneur, d'avoir la bonté de lui vouloir
rapporter et appuyer de vos offices.
Encore que la présente guerre maritime semble éloigner
l'exécution du projet, vous jugerez aisément, Monseigneur,
selon votre grande expérience, que cela ne doit aucunement
retarder ce que Sa Majesté voudra bien faire en ceci que les
longueurs extrêmes et inévitables de tout ce qu'il convient
faire expédier à la cour romaine, de manière qu'on ne peut
commencer trop tôt à donner les consentements et brevets
attendus de la piété du Roi si Sa Majesté daigne agréer l'affaire
afin qu'on la puisse cependant consommer à Rome et la
mettre en état de sa parfaite exécution lorsqu'il plaira au
Roi.
En cela et en tout, Monseigneur, il n'en sera usé que selon
ce que vous trouverez bon de prescrire. Ceux qui méditent
cette entreprise australe, en m'en commettant la sollicitation,
ne m'ayant rien plus fortement recommandé que de suivre
entièrement vos ordres et commandements, eux ne voulant
d'autre patron, ni directeur, ni protecteur auprès du Roi que
vous, Monseigneur, et se confiant que si vous avez agréable
de favoriser leur dessein, il réussira et deviendra par son succès
l'un des plus beaux, glorieux et utiles événements qui
signaleront à la postérité votre ministère outre que Dieu en
sera récompensé.