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et à présent il n'y en a point du tout 1, si ce n'est trois milliers
et demy de pain que l'on met dans un petit bastiment avec
40 ou 50 hommes y porter nouvelles de ce pays et représenter
a la Chambre generalle que, si on n'envoyé du secours
en bref, que l'Isle est perdue. Il a desja esté mis deux navires
à la coste 2, et s'il ne vient du secours entre cy et deux mois
pour mettre les autres en estât de naviguer, Il sera bien forcé
de les perdre par l'impossibilité de les sauver, à cause que
les cables sont quasy usez, et que les vers perçant les doublages,
on ne pourra les garantir de couler bas, dont il seroit
grand d'hommage. Mais à ce il n'y a point de remède s'il ne
vient de France, où j'espère, Dieu aydant, retourner aveq ce
navire au mois de septembre ou octobre prochain 3 si la
direction generalle nous envoyé des vivres, a moings que je
ne leur sois utille aux Indes, ou j'isray si j'en suis convié,
espérant par là avoir Cent livres de gages par mois et qualité
de marchand. Messieurs les Directeurs généraux quy passèrent
sur cette flotte ont eu la bonté de m'augmenter ceux
1. Cette disette, dont les autres documents confirment la réalité,
tenait à l'impossibilité de tirer du riz du pays de Matitanana,
dont les chefs, irrités contre les colons du Fort-Dauphin, « s'étaient
accordez de ne plus rien traiter avec les François » (Souchu de
Rennefort, ouvr. cité, p. 246). Elle tenait aussi et plus encore au
gaspillage des vivres ; Souchu de Rennefort le dit formellement.
« Les journaux font foy (écrit-il à la p. 230) que pendant dix-neuf
mois que le sieur de Faye est resté au Fort-Dauphin, il y en a
esté déchargé six cens mil livres ou trois cens tonneaux (de riz) ;
mais ménagé avec si peu de conduite, qu'il y a manqué en quatre
temps différens, qu'il y a esté pillé par des gens que la faim désespéroit,
et qu'il ne s'est pas tenu de Conseil tant de fois pour toutes
les autres parties du Gouvernement que pour celle de sa subsistance.
»
2. Nous connaissons par Souchu de Rennefort le nom de l'un
de ces navires ; c'était le Terron, de 350 tonneaux et 24 canons
(ouv. cité, p. 225).
3. Ce n'est pas la Marie qui est partie de Madagascar pour la
France en 1668, mais bien le Saint-Jean, après l'arrivée des
deux navires l'Aigle d'Or et la Force, qu'avait envoyés la Compagnie
des Indes Orientales (Souchu de Rennefort, ouv. cité,
p. 248-249).
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