Cahiers Ramau 2 en totalité
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Olivier Chadouin La confiance comme conséqu<strong>en</strong>ce<br />
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sur des acteurs et des objets dits « intermédiaires ». S’agissant par exemple<br />
de réaménager un <strong>en</strong>semble urbain, l’alternative est la suivante : d’un côté,<br />
laisser s’actualiser dans un découpage <strong>en</strong> lots des expressions différ<strong>en</strong>ciées<br />
au risque d’une collision des styles architecturaux et d’une forte rupture de<br />
l’espace ainsi aménagé avec le reste de la ville et son histoire ; de l’autre,<br />
privilégier l’harmonie et l’insertion <strong>en</strong> imposant de fortes contraintes aux<br />
architectes ou <strong>en</strong> confiant l’opération à un seul interv<strong>en</strong>ant, au risque<br />
d’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer une uniformité sans qualité 1 . L’observation des pratiques<br />
architecturales et urbaines à partir de cette grille analytique permet une<br />
compréh<strong>en</strong>sion de celles-ci comme l’élaboration toujours recomm<strong>en</strong>cée<br />
d’une formule de compromis <strong>en</strong>tre ces deux registres d’action. Ainsi, l’on<br />
sait qu’au retrait relatif de l’action publique et à la volonté d’ouvrir à un<br />
part<strong>en</strong>ariat public-privé correspond le passage d’un modèle d’action sur la<br />
ville de type « hiérarchique », qui privilégie l’alignem<strong>en</strong>t des points de vue<br />
selon un principe unique, à un modèle d’action « négocié » où l’on cherche<br />
à aménager les conditions d’une <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre des part<strong>en</strong>aires aux intérêts<br />
et aux rationalités dissemblables (Callon, 1997).<br />
Il s’<strong>en</strong>suit que la gestion de la cohabitation de ces deux directions d’action<br />
<strong>en</strong>gage la mise <strong>en</strong> place d’innovations organisationnelles. Le problème n’est<br />
plus alors seulem<strong>en</strong>t celui du respect de l’universalité de la règle mais<br />
égalem<strong>en</strong>t de la coordination des actions, celui des conditions de<br />
construction d’un compromis (Boltanski et Thév<strong>en</strong>ot, 1991). Autrem<strong>en</strong>t dit,<br />
le travail urbain et architectural apparaît comme un lieu privilégié pour<br />
l’analyse de la mise <strong>en</strong> place d’arrangem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre des principes d’action<br />
hétérogènes. Il se prés<strong>en</strong>te à l’observation comme une illustration relativem<strong>en</strong>t<br />
intéressante de la notion de « dispositif composite » au s<strong>en</strong>s où il<br />
met à un (et pour un) mom<strong>en</strong>t donné, <strong>en</strong> relation des personnes et des<br />
choses relevant de mondes différ<strong>en</strong>ts devant collaborer à la fabrication de<br />
quelque chose de commun (Camus et Lautier, 1994 ; Camus, 1995). 2<br />
C’est une telle grille d’analyse que nous avons mis <strong>en</strong> place pour observer<br />
la « fabrication d’un morceau de ville » à partir de la production de la Zone<br />
d’Aménagem<strong>en</strong>t Concertée (ZAC) de Paris-Bercy. En particulier, la mise <strong>en</strong><br />
place réc<strong>en</strong>te par l’Atelier Parisi<strong>en</strong> Urbanisme (APUR) de la fonction<br />
d’architecte coordonnateur 3 sur un certain nombre de ZAC y apparaît<br />
comme une illustration de la manière dont l’élaboration d’un compromis<br />
s’<strong>en</strong>gage sur la base d’une innovation organisationnelle. Comm<strong>en</strong>t<br />
fonctionne-t-elle Quelles sont ses conditions de réussite et d’acceptabilité<br />
par les acteurs de l’opération Telles sont les questions auxquelles nous