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Cahiers Ramau 2 en totalité

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Nathalie Mercier Entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre : les c<strong>en</strong>seurs<br />

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hospitaliers, qu’ils soi<strong>en</strong>t ou non administratifs, qui ont un pouvoir reconnu<br />

au sein de l’hôpital et à qui l’hôpital « apparti<strong>en</strong>t » <strong>en</strong> quelque sorte ; et les<br />

autres (maîtres d’œuvre, programmistes mais aussi tutelles), pour qui<br />

l’hôpital n’est pas un <strong>en</strong>jeu de pouvoir aussi flagrant.<br />

Deux projets sur les quatre ont finalem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>u l’att<strong>en</strong>tion des c<strong>en</strong>seurs :<br />

un projet « monum<strong>en</strong>tal » et un projet « non monum<strong>en</strong>tal ». Le premier a eu<br />

les faveurs des élus et le second celles des hospitaliers. Les troisièmes, <strong>en</strong><br />

revanche, fur<strong>en</strong>t plus partagés. Le choix des politiques s’explique par leur<br />

att<strong>en</strong>te pas toujours avouée d’un ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t du caractère remarquable<br />

du futur hôpital sur leur notoriété actuelle et à v<strong>en</strong>ir. L’image (hospitalière)<br />

est ici synonyme de pouvoir. Les décisions des utilisateurs hospitaliers<br />

sembl<strong>en</strong>t plus guidées par des préoccupations concernant la fonctionnalité.<br />

L’<strong>en</strong>veloppe a pour eux un caractère plus secondaire dans la mesure où elle<br />

ne r<strong>en</strong>force pas leur légitimité. Les prises de position des troisièmes sont<br />

plus aléatoires et sans doute plus libres car elles n’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t pas d’<strong>en</strong>jeux<br />

personnels.<br />

Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de l’admiration que tous ont manifesté pour « le<br />

monum<strong>en</strong>t », c’est l’architecte du projet le plus banal qui fut désigné<br />

lauréat. La raison de ce choix ti<strong>en</strong>t, à notre s<strong>en</strong>s, au fait que le caractère<br />

moins fini, plus esquissé, de sa production architecturale était propre à<br />

laisser une marge d’action plus grande aux futurs usagers mais aussi à tous<br />

ceux qui étai<strong>en</strong>t à même d’être impliqués dans le projet pour des raisons<br />

financières ou urbanistiques par exemple. Ces possibilités d’interv<strong>en</strong>tion<br />

pourrai<strong>en</strong>t contribuer à faciliter les t<strong>en</strong>tatives d’appropriation ultérieure du<br />

bâtim<strong>en</strong>t, permettre des jeux de pouvoir et laisser perdurer le rêve du<br />

projet « idéal ». L’architecture « monum<strong>en</strong>tale » signe, à l’inverse, la<br />

mainmise de l’architecte et interdit toute activité fantasmatique aux futurs<br />

usagers, la maquette étant perçue comme peu modifiable et proche de<br />

l’objet final.<br />

3.4. Des choix affectifs et stratégiques L’analyse du discours des<br />

membres du jury montre, si tant est que cela puisse faire un doute, que les<br />

choix faits par le jury sont avant tout de nature affective et stratégique. Ils<br />

témoign<strong>en</strong>t moins d’une connaissance approfondie du sujet et du<br />

programme, ce qui corrobore les conclusions des chercheurs de l’IPAA<br />

(IPAA, 1998, p. 210) 4 , que d’un désir de faire-valoir leurs domaines de<br />

compét<strong>en</strong>ces – <strong>en</strong> matière de fonctionnalité ou de finance dans la grande<br />

majorité des cas – afin de justifier leur prés<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> tant que juré.

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