20.01.2015 Views

La perception graphique - Melissa

La perception graphique - Melissa

La perception graphique - Melissa

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

En particulier, le niveau pragmatique peut influer sur l’identification du <strong>graphique</strong>, ce qui est<br />

source d’erreurs.<br />

Un très bon exemple est donné par Bell et Janvier (1981) : on donne à des élèves un<br />

<strong>graphique</strong> ayant en ordonnée la distance et en abscisse le temps.<br />

On demande à des élèves de décrire le parcours réalisé par l’individu auquel<br />

s’applique les données contenues dans le <strong>graphique</strong>. Les élèves répondent que cet individu a<br />

monté une colline, puis est descendu, et est remonté. Nous avons là un exemple de confusion<br />

où des éléments sémiotiques (la forme de la courbe) ont « pris le pas » sur les éléments<br />

sémantiques (la signification des variables et, par là-même des points de la courbe). Cette<br />

confusion met également en jeu différents niveaux d’analyse, puisque c’est le niveau<br />

pragmatique (comment peut-on utiliser l’information pour répondre à la question ) qui a pesé<br />

sur le niveau sémantique (que désigne la courbe ). En somme, les différents niveaux<br />

d’analyse, s’ils se complètent, peuvent aussi interférer les uns avec les autres.<br />

3.) Le principe de congruence de Kosslyn<br />

Quelle leçon peut-on en tirer du point de vue de l’ « ergonomie » du <strong>graphique</strong> Bien<br />

sûr, un minimum de pratique permet d’éviter des erreurs d’interprétation telles que celle qui a<br />

été présentée ci-dessus… Toutefois, les <strong>graphique</strong>s peuvent nous demander plus ou moins<br />

d’effort de compréhension, selon la distance se trouvant entre les éléments sémiotiques et les<br />

éléments sémantiques. On peut tirer de ceci une règle de « lisibilité » du <strong>graphique</strong>, qui tient<br />

dans le principe de congruence de Kosslyn (1985), que l’on peut présenter comme suit : les<br />

éléments sémiotiques doivent pouvoir se combiner « intuitivement » aux éléments<br />

sémantiques. Visiblement, dans le <strong>graphique</strong> précédent, le principe de congruence n’était pas<br />

respecté : compte tenu du fait que l’on représentait les variables « distance » et « temps » sur<br />

un même <strong>graphique</strong>, l’intuition des élèves les a conduits en premier lieu à se porter sur une<br />

interprétation « topo<strong>graphique</strong> » de la courbe, pour donner ce que Duval (1993) nomme<br />

<strong>perception</strong> « iconique » du <strong>graphique</strong>, génératrice d’erreurs. Un bel exemple de congruence se<br />

trouve dans le <strong>graphique</strong> cité par Tufte (1982) comme celui qui « pourrait bien être le meilleur<br />

<strong>graphique</strong> statistique jamais dessiné » : le <strong>graphique</strong> de Minard (reproduit ci-dessous)<br />

représentant la campagne de Russie menée par Napoléon entre 1812 et 1813 .<br />

9

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!