La perception graphique - Melissa
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III. <strong>La</strong> représentation <strong>graphique</strong> comme produit du conflit entre<br />
divers niveaux de <strong>perception</strong><br />
1.) Eléments sémiotiques et éléments sémantiques<br />
Nous avons vu que la <strong>perception</strong> <strong>graphique</strong> dépendait non seulement du type de<br />
<strong>graphique</strong> mais aussi de la nature du jugement requis de la part de l’observateur<br />
(discriminatoire, comparatif, proportionnel). Entre ces deux aspects de la <strong>perception</strong><br />
<strong>graphique</strong> (type de <strong>graphique</strong> et jugement requis) se situe un troisième aspect, qui tient à la<br />
mobilisation par l’observateur de ses capacités cognitives afin d’extraire de l’information du<br />
<strong>graphique</strong>. Il nous faut maintenant rentrer plus en détail dans le processus de lecture du<br />
<strong>graphique</strong>. Bertin (1977) schématise la prise de contact avec le <strong>graphique</strong> de la façon<br />
suivante : identification externe (on s’intéresse au titre, à la légende, qui sont autant de points<br />
de repère) et identification interne (reconnaissance des variables). L’enchaînement de ces<br />
étapes semble assez intuitif. Dès lors, une fois que l’observateur a « identifié » le <strong>graphique</strong> et<br />
a compris comment celui-ci fonctionnait, il reste à définir les éléments qui vont le guider dans<br />
sa quête de l’information. Ces éléments peuvent être organisés suivant la bipartition opérée<br />
par Benveniste (1966) entre le niveau sémiotique et le niveau sémantique :<br />
- le terme « sémiotique » désigne « l’ensemble des modes de signifiance du signe<br />
indépendamment de ses conditions d'énonciation ». Lorsqu’on constate sur un <strong>graphique</strong> que<br />
« la courbe monte », on se situe sur un plan purement sémiotique.<br />
- le terme « sémantique » renvoie aux « modes de signifiance du signe en discours, en<br />
contexte concret d'énonciation ». Lorsqu’on cherche quelle variable est représentée par le<br />
tracé de la courbe, on se situe sur le plan sémantique.<br />
L’interprétation <strong>graphique</strong> la plus élémentaire (« la variable x augmente au cours du temps»)<br />
est une combinaison d’éléments sémantiques et sémiotiques.<br />
2.) Complémentarité et imbrication des niveaux d’analyse du<br />
<strong>graphique</strong><br />
Qu’en est-il du processus intellectuel qui conduit l’observateur à combiner ces<br />
éléments afin de répondre au problème posé Kosslyn (1985) synthétise la compréhension du<br />
<strong>graphique</strong> suivant trois niveaux d’analyse : un niveau syntaxique (interpréter le mode de<br />
représentation de l’information proposé par le <strong>graphique</strong>), un niveau sémantique (que veulent<br />
dire les variables que cherche-t-on à mesurer ) et enfin, un niveau pragmatique. Alors que<br />
les deux premiers niveau correspondent à peu près à l’identification interne et externe du<br />
<strong>graphique</strong>, le troisième niveau met en jeu la combinaison d’aspects sémiotiques, sémantiques<br />
permettant de répondre à une question. Sur un plan logique, ces trois niveaux d’analyse<br />
semblent devoir s’enchaîner : en réalité, ils peuvent rentrent en conflit et interférer entre eux.<br />
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