LA PAIX Ã PETITS PAS - International Alert
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La Paix à Petits Pas<br />
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À partir de mai 2010, soit un plus d’un an après la mise en place de ces cadres, UPDI a amorcé<br />
un plan de désengagement 95 qui s’est concrétisé en juillet 2010 par l’élaboration de statuts et d’un<br />
plan d’action pour 2010-2012. Préparé par les membres des CPP, ce plan d’action a été présenté<br />
lors d’une réunion qui s’est tenue en juillet à Kaniola 96 . Il se focalise sur l’élaboration de textes de<br />
fonctionnement, les réunions du conseil d’administration et les modalités de fonctionnement d’une<br />
permanence en oubliant largement de définir les actions à mener.<br />
L’expérience d’UPDI, si elle est la mieux documentée, n’est pas unique. Notre observation des<br />
cadres de concertation mis en place par APC et le TRIO 97 affichent les mêmes symptômes :<br />
• la tendance à vouloir formaliser les cadres au détriment des actions.<br />
• la difficile participation des autorités : le président de la commission mise en place par APC a<br />
été muté et depuis les membres déclarent que la tenue des réunions est devenue irrégulière. De<br />
même, le président du CCI de Baraka a quitté son poste pour des raisons de service.<br />
• la difficulté pour les membres à connaître leur rôle et à initier des actions en autonomie.<br />
L’entendement du processus par les militaires ayant participé à l’initiative d’APC de rapprochement<br />
des militaires et des civils semble largement diverger de l’entendement que les organisateurs en<br />
ont. En effet, si pour APC il s’agissait de réduire les exactions commises par les militaires sur les<br />
civils, pour les militaires il s’agit avant tout de renforcer la collaboration entre civils et militaires<br />
pour des intérêts militaires. Lors des entretiens que nous avons eus à Bunyakiri, les militaires<br />
citaient comme exemple de « bonne collaboration » le fait que l’armée FARDC avec l’aide des<br />
autorités recrutait des civils pour servir d’éclaireurs dans les opérations de traque des FDLR 98 .<br />
Au-delà de la première impulsion : l’appropriation et la pérennisation<br />
Accompagner les commissions locales<br />
Les commissions mises en place à l’issue de ces trois initiatives de dialogue stimulent l’innovation,<br />
la prise de décision et la formulation d’actions concertées entre les gouvernants et les gouvernés.<br />
« Un représentant de l’autorité étatique au niveau local peut être un vecteur de changement bien<br />
plus stratégique qu’un dirigeant haut placé, jouissant quelquefois d’une capacité de mobilisation<br />
populaire plus large 99 ». Cette pratique s’inscrit dans une logique de débrouille, « favorisée » par<br />
le désengagement de l’État en matière de santé, d’éducation et même de sécurité qui a contraint les<br />
populations à penser et développer leurs propres solutions. Aujourd’hui, cette expérience acquise par<br />
les populations est une réelle opportunité à capitaliser dans le processus (encore hypothétique) de la<br />
décentralisation.<br />
Les entretiens ont montré que les interventions de la société civile permettent d’envisager des<br />
actions dans des contextes où les autorités sont défaillantes. « La recherche a montré l’implication<br />
de tous dans la perpétuation des violences et en conséquence la nécessité de l’implication de tous<br />
dans la recherche de solutions. Avant l’action d’UPDI, il n’y avait pas d’actions, la population<br />
avait le sentiment d’être prise en otage 100 ». Ce sentiment est d’autant plus fort dans des zones<br />
comme Kaniola et Nindja où les autorités coutumières et les représentants de l’Église, principaux<br />
référents moraux pour la communauté, ont fui la zone pendant la période d’insécurité.<br />
Toutefois, au-delà de cette première impulsion, les acteurs de la société civile rencontrent de<br />
grandes difficultés à créer une dynamique sur le plus long terme et à en favoriser l’appropriation<br />
par les autorités comme par les populations locales.<br />
95 UDPI. Rapport des activités de désengagement d’UPDI. Rapport interne, Bukavu. Mai 2010.<br />
96 Observation. Réunion de présentation du plan d’action des CPP. Kaniola. Juillet 2010.<br />
97 Toutefois, il demeure encore précoce de tirer des conclusions quant au fonctionnement des CCI car ils ne totalisent que trois mois<br />
d’existence.<br />
98 Entretiens avec les membres civils et militaires de la commission mixte. Bunyakiri. Juillet 2010.<br />
99 Bilak (A.). La société civile face à l’État : vers une transformation positive des conflits in Tréfon T. (sous la dir.) Réforme au Congo : attentes et<br />
désillusions. Cahiers Africains, L’Harmattan, Paris, n°76. Septembre 2009. p. 167.<br />
100 Entretien chef de village. Kaniola. Juillet 2010.