LA PAIX Ã PETITS PAS - International Alert
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54 <strong>International</strong> <strong>Alert</strong><br />
• Équilibrer la diversité des perceptions et des analyses des conflits. Les divisions et les logiques<br />
d’exclusion qui prévalent en RDC nécessitent que tous les intervenants (et particulièrement les<br />
intervenants extérieurs) soient vigilants à équilibrer, tant dans leurs analyses que dans la mise<br />
en œuvre des programmes, les lectures des différentes communautés ethniques.<br />
b. Les modes négociés de gestion des conflits<br />
Pour offrir une alternative face à la crise de la justice, à l’affaiblissement des structures coutumières<br />
et à l’augmentation des conflits, les acteurs de la société civile ont mis en place des mécanismes<br />
extra-juridictionnels de gestion des conflits.<br />
Les conflits traités au sein de ces structures sont très majoritairement des conflits fonciers et<br />
familiaux qui pour la plupart opposent deux individus ou deux familles.<br />
Les constats et recommandations que nous présentons ici sont tirés de l’analyse croisée d’une<br />
quinzaine d’initiatives incluant des structures de la société civile mais aussi des structures étatiques<br />
et coutumières.<br />
Principaux constats<br />
Ces mécanismes se réfèrent à une logique coutumière qui est en adéquation avec l’imaginaire<br />
juridique des populations pour qui la conciliation prévaut sur la justice.<br />
La complexité et les multiples ramifications des conflits nécessitent, pour les organisations qui<br />
souhaitent intervenir dans la gestion des conflits, une connaissance aigüe de la zone d’intervention.<br />
La pratique des acteurs de la société civile s’apparente à la conciliation (le conciliateur propose une<br />
solution) et non à la médiation (le médiateur facilite l’élaboration par les parties en conflit d’une<br />
solution négociée). La mutation du médiateur en conciliateur répond aux attentes des populations<br />
qui ont besoin d’être guidées mais, en focalisant sur la recherche d’une solution, ne permet pas de<br />
reconstruire les liens de confiance autour de la recherche d’une solution concertée.<br />
Les cadres de gestion des conflits mis en place par la société civile ont permis la participation des<br />
femmes. Toutefois, elles restent marginales dans les débats et sont rarement représentées en tant<br />
que parties.<br />
En l’absence de reconnaissance légale, la pérennité des décisions issues de ces initiatives dépend du<br />
« bon vouloir » des parties et des autres acteurs. Le pluralisme des cadres et des normes juridiques<br />
place les demandeurs de justice en situation d’insécurité et favorise le développement de pratiques<br />
clientélistes.<br />
Dans un contexte marqué par l’utilisation clientéliste de la loi, la prédominance de la référence à<br />
la loi dans les cadres de médiation est préjudiciable à la recherche d’une solution équitable.<br />
Les structures locales sont souvent des satellites d’organisations de la société civile qui évoluent<br />
au niveau provincial. Ce système tutélaire fait que ces structures sont largement perçues par<br />
les populations comme les structures de l’organisation initiatrice et non comme des structures<br />
appartenant aux communautés.<br />
En intervenant de manière préventive, les cadres locaux de gestion peuvent faire obstacle au<br />
risque de récupération politique. Toutefois, dans le cas de conflits existants, ils ont un impact<br />
limité dans la gestion de conflits qui ont des dimensions politiques et/ou identitaires notamment<br />
parce que les acteurs impliqués et les enjeux dépassent le niveau local.